L'originalité de Marivaux
Publié le 09/12/2021
Extrait du document
Marivaux s'est flatté de n'imiter personne : « J'aimerais mieux être assis humblement sur le dernier banc dans la petite troupe des auteurs originaux qu'orgueilleusement placé à la première ligne dans le nombreux bétail des singes littéraires. » S'il se répète parfois d'une pièce à l'autre, du moins est-il, dans sa manière, pleinement personnel.
«
Marivaux s'est flatté de n'imiter personne : « J'aimerais mieux être assis humblement sur ledernier banc dans la petite troupe des auteurs originaux qu'orgueilleusement placé à la premièreligne dans le nombreux bétail des singes littéraires.
» S'il se répète parfois d'une pièce à l'autre,du moins est-il, dans sa manière, pleinement personnel.
MARIVAUX ET MOLIÈRE
Marivaux s'est généralement affranchi de la tradition de Molière.
Il ne cultive guère les procédés de la farce : il pare de grâce et de fraîcheur le burlesque Arlequin de la ComédieItalienne (Arlequin poli par l'amour); ét les personnages tout uniment comiques de son théâtre sont en général des personnages secondaires, comme celui du pédant Hortensius, dans La Seconde Surprise de l'Amour, ou du fermier Blaise, dans L'Épreuve.
Il ne peint guère non plus les moeurs contemporaines : ses comédies se déroulent souvent dans un cadre fantaisistecomme les féeries de Shakespeare ou les fêtes costumées de Watteau; et elles s'accommodentdes types traditionnels du théâtre italien : un ou deux couples d'amoureux, un ou deux couplesde valets, parfois un père débonnaire ou une mère tyrannique; ainsi, sur les théâtres demarionnettes, jouait-on toutes les pièces avec les mêmes poupées.
Pas davantage, on netrouve dans son théâtre un échantillonnage de caractères en action : il n'étudie pas l'hommeen général, mais l'amour avec ses nuances; il ne met pas en lumière l'obsession d'un êtredominé par un vice ou une passion maîtresse, mais il décrit l'aspect mouvant d'une âme quitraverse une crise; il s'intéresse, non à une manière d'être, mais à un état.
A ce titre, sa technique s'apparenterait plutôt à celle de Racine.
MARIVAUX ET RACINE
A la différence de Racine, cependant, qui peint les effets de la passion en présence d'unobstacle réel et insurmontable, Marivaux, génie essentiellement comique, imagine seulementdes obstacles fictifs, des difficultés passagères, qui éprouvent les héros sans mettre leurbonheur en danger.
Il s'agit parfois d'une clause matérielle (Le Legs); plus souvent d'une disposition d'âme qui ne résiste pas à l'assaut de l'amour, préjugé social (Le Jeu de l'Amour et du Hasard), préjugé mora (La Surprise de l'Amour), méfiance fondée sur une déception antérieure (La Seconde Surprise de l'Amour), besoin maladif de certitude (L'Épreuve), ou encore timidité naturelle, irrésolution et, presque toujours, amour-propre.
Il arrive enfin que lespersonnages créent eux-mêmes l'obstacle en recourant à un artifice, comme le déguisement,afin de mieux contrôler les sentiments de leur partenaire (Le Jeu de l'Amour et du Hasard). Jamais nous ne sommes véritablement inquiets : nous sommes sûrs d'avance que la méprisesera reconnue, le malentendu dissipé; aussi ne cessons-nous de sourire, même lorsque nousvoyons des larmes couler.
Le dénouement est toujours heureux, et toujours attendu.
Tout l'artde l'écrivain consiste à meubler l'attente du spectateur par l'attrait de l'analyse et de la forme..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Étude linéaire n°2 – Les Fausses Confidences, Marivaux, 1737 – Acte II, scène 13 : le stratagème d’Araminte
- fiche analyse linéaire les fausses confidences Marivaux - scène 2 de l'acte I
- Etude linéaire Marivaux, Les fausses confidences - – Acte I, scène 2
- Analyse linéaire La colonie de Marivaux scène 13
- LES FAUSSES CONFIDENCES - Marivaux Etude des Ruses et stratagèmes