L'oeuvre de MONTHERLANT
Publié le 09/12/2021
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Henry de Montherlant ne s'est imposé à la scène qu'en 1942, avec La Reine morte. Sa réputation dramatique fut consacrée par Le Maître de Santiago (1948) : cette oeuvre représente la « veine chrétienne » de son auteur. Malatesta (195o), dont le héros est un condottiere italien, appartient à sa « veine païenne ». Montherlant fit jouer aussi Fils de personne et Demain il fera jour (1943-49), deux pièces complémentaires où s'affrontent un père et un fils, ainsi qu'un drame d'amour, Celles qu'on prend dans ses bras (1951). La Comédie-Française créa ensuite Port-Royal (1954), dont le sujet est l'expulsion des religieuses de l'abbaye après leur refus de signer le formulaire condamnant le jansénisme; Brocéliande (1955); Don Juan (1958); et aussi Le Cardinal d'Espagne (196o) et La Guerre civile (1964) : les personnages principaux de ces deux dernières pièces (un prélat saisi au sommet de sa puissance par la tentation du renoncement; le général romain Pompée gagné pendant sa lutte avec César par le sentiment de la vanité de son entreprise ambitieuse) témoignent d'une désillusion amère et méprisante, qui est celle de l'écrivain lui-même. En 1967, enfin, il livre à la scène La Ville dont le prince est un enfant, où sont pathétiquement évoqués des drames de conscience au sein d'un collège religieux.
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Henry de Montherlant ne s'est imposé à la scène qu'en 1942, avec La Reine morte.
Sa réputation dramatique fut consacrée par Le Maître de Santiago (1948) : cette oeuvre représente la « veine chrétienne » de son auteur. Malatesta (195o), dont le héros est un condottiere italien, appartient à sa « veine païenne ».
Montherlant fit jouer aussi Fils de personne et Demain il fera jour (1943-49), deux pièces complémentaires où s'affrontent un père et un fils, ainsi qu'un drame d'amour, Celles qu'on prend dans ses bras (1951).
La Comédie-Française créa ensuite Port- Royal (1954), dont le sujet est l'expulsion des religieuses de l'abbaye après leur refus de signer le formulaire condamnant le jansénisme; Brocéliande (1955); Don Juan (1958); et aussi Le Cardinal d'Espagne (196o) et La Guerre civile (1964) : les personnages principaux de ces deux dernières pièces (un prélat saisi au sommet de sa puissance par la tentation du renoncement; le général romain Pompée gagné pendant sa lutte avec César par lesentiment de la vanité de son entreprise ambitieuse) témoignent d'une désillusion amère et méprisante, qui est cellede l'écrivain lui-même.
En 1967, enfin, il livre à la scène La Ville dont le prince est un enfant, où sont pathétiquement évoqués des drames de conscience au sein d'un collège religieux.
La Reine morte.
Au Portugal, « autrefois ».
Le vieux roi don Ferrante est las de son trône, de son peuple et surtout de son fils, donPedro, dont il fustige la médiocrité.
Il veut pourtant; avant de mourir, que les affaires de son royaume soient enordre.
Il fait venir d'Espagne la jeune Infante de Navarre, dopa Bianca, pour qu'elle épouse son fils : cette unionfavorisera une alliance entre l'Espagne et le Portugal.
Mais Pedro dédaigne l'Infante, car il aime une bâtarde, dopaInès de Castro, qu'il a épousée en secret.
Furieux, le roi fait garder son fils à vue dans un château; puis il négociepour obtenir l'annulation du mariage; mais le pape refuse.
Enfin Ferrante apprend de dopa Inès qu'elle va avoir unenfant de Pedro : il la fait alors exécuter, pour préserver, dit-il, la pureté de la succession au trône; en fait, parhaine de la vie, peut-être aussi pour prouver qu'il demeure tout-puissant.
Le Maître de Santiago.
Avila, en 1519.
Don Alvaro Dabo, grand maître de l'ordre de Santiago, vit pauvrement dans une gentilhommière avecsa fille Mariana.
Après avoir combattu pour la gloire du Christ, il n'aspire plus qu'à entretenir en lui une intransigeantespiritualité.
Mais les chevaliers de l'ordre le pressent de partir avec eux pour le Nouveau Monde, où on lui confiera unposte important : ce départ lui permettrait de doter sa fille, éprise de don Jacinto.
Il refuse pourtant de s'associer àune entreprise qu'inspire la cupidité.
Pour l'ébranler, on lui fait croire que c'est le roi lui-même qui lui demande departir.
Il va peut-être céder; mais Mariana.
sacrifiant son propre bonheur, lui dévoile « l'affreuse comédie ».
DonAlvaro reconnaît son enfant dans celle qui vient de se sacrifier ainsi : il l'enveloppe du manteau blanc de l'ordre deSantiago et l'entraîne avec lui dans un cloître.
Henry de Montherlant recherche au théâtre la vigueur et le resserrement.
Réduits à une action linéaire, ses drames peignent souvent des personnages d'une rare envergure, qu'animent des sentiments nobles ou intenses.
Quelquesthèmes majeurs les parcourent : thème du mépris pour la médiocrité et la bassesse (« Je vous reproche de ne pasrespirer à la hauteur où je respire », déclare don Ferrante à son fils); thème de l'aspiration à la solitude ou au néant(« Je n'ai soif que d'un immense retirement », dit don Alvaro qui, muré dans son orgueil, s'abîme en Dieu comme dansle néant).
Le dialogue, souvent dépouillé et direct, parfois aussi somptueux et imagé, est plein de formules altièresou cyniques, frappées comme des médailles : « Mon pain est le dégoût.
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