L'excès et la bombance, le gaspillage et la destruction entrent de droit dans l'essence de la fête, affirme Roger Caillois. Qu'en pensez-vous ?
Publié le 09/12/2021
Extrait du document
- Elle est plus conservatrice que révolutionnaire. 3. De la récréation à la création - La fête libère des activités courantes mais elle ne se limite pas forcément à l'exagération de ce que nous accomplissons quotidiennement (boire et manger par exemple). Elle peut donner lieu à une préparation, à un travail de création. Ex. : préparation des déguisements du carnaval. - Elle peut déboucher sur une multitude d'activités dont la valeur est expressive plus que destructrice. La fête peut embellir le décor du quotidien. Ex. : illuminations et décorations de Noël.
«
Introduction
— La diversité des manifestations de la fête est si grande qu'il est difficile de définir une « essence de la fête »,— Pour Roger Caillois, « l'excès et la bombance, le gaspillage et la destruction entrent de droit dans l'essence de la fête ».
Reprise dequelques éléments du texte et particulièrement de ceux qui concluent à une libération de l'être par la fête.— La fête manifeste en effet une discontinuité, un désordre dans l'existence quotidienne.— Mais on remarque qu'elle s'inscrit dans un rituel.— C'est ce qui permet de l'officialiser et parfois de la contrôler.
Questions :
1.
Quelles aspirations traduisent l'excès et la destruction dans la fête?2.
L'excès et la violence n'y sont-ils pas finalement contrôlés ?3.
Ne peut-on concevoir des fêtes où la création soit valorisée plutôt que la destruction ?
I.
L'excès dans la fête
1.
La fête comme désordre— La fête renverse les interdits de la vie sociale, ses tabous.
Ex.
: elle oppose le bruit au silence, l'oisiveté, le désir, l'ivresse, la dépenseà l'activité, à l'abstinence, à la sobriété, à l'économie.— Elle transgresse les barrières sociales.
Ex.
: la foule de la fête mêle les classes sociales.— Elle est une sorte de joyeux chaos qui peut donner l'impression d'un univers inorganisé où les identités sont bouleversées.Ex.
: comme au sein du carnaval.
2.
La fête et la destruction— La fête passe par la destruction des symboles de l'ordre qu'elle transgresse.Ex.
: l'utilisation du feu destructeur dans certaines fêtes.— Elle détruit parce qu'elle porte à la consommation sans frein, parce qu'elle réhabilite les désirs du corps (manger, boire, etc.).
Elleconjure peut-être l'angoisse ancestrale de la faim.
Ex.
: les repas de fête.
Cf.
l'Assommoir de Zola.
3.
La fête comme libération— Elle traduit une aspiration à plus de liberté.
Ex.
: si l'on a choisi le 14 juillet comme fête nationale, c'est qu'en 1789 est tombée laBastille, symbole d'oppression.— Elle traduit une aspiration à plus de solidarité.
Ex.
: le 14 juillet 1790 : réunion des provinces françaises dans la fête de la Fédération.— Elle traduit une aspiration à plus de gaieté conviviale.
Ex.
: cf.
l'expression « faire la fête ».
II.
L'excès contrôlé
1.
La fête ritualisée— Les débordements auxquels la fête donne lieu s'inscrivent dans un rituel, c'est-à-dire une cérémonie dont le déroulement, les gestessont fixés à l'avance.— L'excès même des signes appartient à un code, une tradition.
Ex.
: les masques du carnaval.
Les Géants des fêtes flamandes.— S'il y a excès, il est permis, voire ordonné.
Dans bien des cas, le rite prend la place de l'excès.Ex.
: fête religieuse, fête patronale : cérémonies.
2.
La fête officialisée— La fête devient un office à remplir.
Elle est à date fixe et à durée limitée.
Ex.
: les fêtes du calendrier.
La fête du cinéma, de lamusique.— Elle est ordonnée, encadrée, « gouvernée ».
Ex.
: les défilés.
Le défilé militaire du 14 juillet.— Elle est un spectacle qui n'exige pas forcément la participation de la foule.
Ex.
: les festivals.
3.
La fête individualisée— La fête actuelle : version atténuée de la fête primitive ?— Une évolution indéniable : la fête est aujourd'hui souvent inscrite dans le cadre du loisir, du temps libre.— De la fête collective, on est passé à la fête de l'intimité du groupe.Ex.
: fêtes familiales.
Célébration de Noël, des anniversaires.
III.
La fête comme activité créatrice
1.
De la destruction au don— On fête toujours quelque chose ou quelqu'un, d'où l'importance des objets et des symboles dans la fête.— Mais ces symboles ne sont pas forcément dilapidés.
Ils peuvent faire l'objet d'un don.
Ex.
: offrandes des cérémonies religieuses.Cadeaux des fêtes familiales.
« Faire fête » = offrir son affection.
2.
Du gaspillage à la préservation— La fête s'emploie à faire revivre des traditions.
Ex.
: fêtes locales en l'honneur d'un saint patron ou d'un personnage célèbre.— Elle ressuscite des moments importants pour une communauté.Ex.
: anniversaires.
Fêtes religieuses.— Elle est plus conservatrice que révolutionnaire.
3.
De la récréation à la création— La fête libère des activités courantes mais elle ne se limite pas forcément à l'exagération de ce que nous accomplissonsquotidiennement (boire et manger par exemple).
Elle peut donner lieu à une préparation, à un travail de création.Ex.
: préparation des déguisements du carnaval.— Elle peut déboucher sur une multitude d'activités dont la valeur est expressive plus que destructrice.
La fête peut embellir le décor duquotidien.
Ex.
: illuminations et décorations de Noël.
Feux d'artifice.
Conclusion
— La définition de la fête selon R.
Caillois permet d'en préciser certains aspects importants : la libération marquée par la fête passesouvent par l'excès parce que la fête reste exceptionnelle dans l'ordre des jours.— Mais la fête est plus souvent préservatrice d'un ordre, d'une tradition, d'un rite que véritable destruction.
Le gaspillage et l'excès sonten général circonscrits étroitement par des institutions.— En réalité, la fête offre une pluralité de manifestations : elle utilise une symbolique mais pas forcément dans le sens de la démesure..
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