L'essentiel dans l'éducation, ce n'est pas la doctrine enseignée, c'est l'éveil disait Renan Qu'en pensez-vous ?
Publié le 09/12/2021
Extrait du document
L'école des savoirs rentables 1. Des savoirs sclérosés : préférer des connaissances coupées du monde est anachronique. Ex. : J. Vallès, dans L'Enfant, a beaucoup souffert de cet apprentissage forcé du latin et du grec, et constate : « Quelle odeur de vieux ! » - L'on aboutit à un savoir de pédant, qui n'est qu'un vernis destiné à réussir un examen, mais qui n'apporte rien à la formation de la personnalité : « Savoir par coeur n'est pas savoir », constate Montaigne. Ex. : Rousseau, dans Emile qui pose le problème de l'éducation, préfère ne pas donner de livre à son élève, à l'exception de Robinson Crusoé de D. Defoe : « Je hais les livres. Ils n'apprennent qu'à parler de ce qu'on ne sait pas. » 2.
«
Introduction
- A l'heure des réformes de l'orthographe française, des débats sur le maintien ou non de certains examens, l'onpeut s'interroger plus profondément sur les finalités de l'éducation.- Un auteur du siècle passé, Renan, proposait déjà un pro-gramme d'éducation qui semble très moderne : «L'essentiel dans l'éducation, affirme-t-il, ce n'est pas la doctrine enseignée, c'est l'éveil.
» Il opposait une tâcheprimordiale à l'éducation, essentielle, celle d'éveiller, à l'accessoire qui serait le contenu enseigné.- L'on ne peut apparemment que souscrire à ce noble rôle assigné à l'éducation.
Mais il faut se garder de deuxécueils : le laxisme au profit de l'éveil ou, au contraire, un enseignement purement utilitaire.
Tout est affaired'équilibre et de réflexion sur les modalités de l'éducation.- D'où les axes de réflexion suivants :
I.
L'essentiel c'est l'éveilII.
Les deux écueils de l'éducationIII.
Les conditions d'une éducation idéale
I.
L'essentiel c'est l'éveil
A.
L'éducation comme méthode1.
Retour à l'étymologie : « educare » signifie en latin nourrir un petit animal, le former.
Le verbe est formé sur laracine « ducere » qui veut dire conduire.
L'éducation est donc bien une démarche qui vise à forger un individu.
Lanourriture peut être matérielle ou spirituelle.- Il s'agit d'ouvrir les yeux et les esprits des enfants, de leur faire découvrir le monde qui les entoure et leur mondeintérieur.2.
L'éducation est un dynamisme : ne se contentant pas d'apporter un contenu, une masse de connaissances,l'éducation est une manière d'aborder tous les sujets.
L'étymologie grecque du mot « méthode » signifie « chemin » ;belle image que celle de la promenade !- Le contenu importe alors peu : l'on peut raisonner aussi bien en sciences qu'en arts.
L'éducation, c'est donc avanttout apprendre à apprendre.- L'une des composantes primordiales de l'éducation est la curiosité ; c'est elle qui facilite l'acquisition deconnaissances, parce que l'élève a le goût d'apprendre.
B.
Formation de la personnalité1.
Formation de l'esprit : l'éducation entraîne les facultés intellectuelles, mémoire, analyse des connexions logiques.« Instruire, c'est former le jugement », affirmait Montaigne auxvi ème siècle déjà, dans sa conception très moderne de l'éducation.Ex.
: l'étude des langues permet une vision de modes de pensée différents.2.
Formation du corps : le vieil adage « mens sana in corpore sano » (« un esprit sain dans un corps sain ») ditcombien l'équilibre du corps est nécessaire à celui de l'intellect.Ex.
: Gargantua, dans l'œuvre de F.
Rabelais, enjoint à son fils Pantagruel de pratiquer les exercices des armes ettous les sports possibles.
Il voulait des jeunes gens « galantement s'exerçant le corps, comme ils avaient les âmesauparavant exercées ».3.
Formation morale et civique : Montaigne demandait, dans le chapitre des Essais consacré à l'éducation desenfants, que l'on juge la valeur d'un enseignement sur un élève « non par le témoignage de sa mémoire, mais de savie ».- Par ailleurs, l'on peut penser que l'éducation forme des citoyens plus respectueux du bien et du bonheur d'autrui.
«Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons », affirmait V.
Hugo au siècle dernier.
Inversement, la pratique de lavie en société polit les hommes.Ex.
: Montesquieu a montré dans L'Esprit des lois combien la vie civique était capitale dans la formation complèted'un individu : « C'est lorsque nous entrons dans le monde que l'éducation en quelque façon commence.
Là estl'école de ce que l'on appelle l'honneur.
»
Transition : L'éducation en effet a pour tâche essentielle d'éveiller la personnalité de chacun, de lui apprendre à gérer des connaissances plus que lui inculquer ces connaissances brutes.
Elle doit éviter l'écueil d'un savoir formel etsclérosé.
Mais elle doit aussi veiller à ne pas tomber dans l'excès d'une école vidée de substance.
II.
Les deux écueils de l'éducation
A.
L'école ouverte sur la rue1.
Abolition des savoirs traditionnels : on a eu tendance, au nom de l'épanouissement libre des enfants,-à ouvrir lesmurs de l'école, la vidant de son sens.Ex.
: la multiplication des enquêtes dans les villes, au lieu d'un cours d'instruction civique ; les sorties scolaires quidispensent d'apprendre et sont plus des récréations que l'occasion d'un enrichissement.- Il faut adapter l'école à la réalité du temps, dit-on : on y reproduit donc les schémas de sélection de la vie active,on veut y faire entrer la vie de l'entreprise, le travail à la chaîne (succession des cours, gestion du temps).- L'école n'est plus un lieu privilégié et protégé, mais un avant-goût du futur.2.
Le goût de la facilité : cela tient à une tendance naturelle de l'homme qui rechigne devant l'effort..
»
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