L'esprit philosophique du 18e siècle.
Publié le 09/12/2021
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Pour moi, je crois qu'il s'est souvenu du précepte d'Horace et qu'il veut que le philosophe, lui aussi, mêle « utile dulci » - l'utile a l'agréable, mais celle-ci n'est pas une utilité si pénible que l'on soit obligé d'avoir recours à une pilule pour la faire passer plus agréablement ; c'est l'utilité du temps, la sublime « bienfaisance » inventée, paraît-il, par l'abbé de Saint-Pierre ; c'est ce qui peut être d'un précieux secours aux hommes, en quelque domaine que ce soit - observations tendant à supprimer quelques abus pesant sur les hommes -r suggestion encore d'une amélioration du sort de l'humanité - vastes théories ayant trait à son bonheur. Tel doit être à peu près cet « honnête homme » cultivant l'esprit philosophique, observateur accompli, plein de justesse et de pénétration, brillant dans les salons et consacrant sa vie entière au service de l'humanité et au triomphe de ses idées. Or, cette définition de Diderot semblerait froide et sèche s'il ne l'avait lui-même animée du souffle bouillant de sa propre vie, qui s'offre comme l'illustration la plus vivante et la plus exacte : Diderot a été ce philosophe, cet honnête homme imbu d' «esprit philosophique». Observateur, Diderot, l'a été toute sa vie en toutes occasions ; il a voyagé, il a lu, il a visité quantité de lieux, dans un Paris inconnu de ses contemporains ; théoricien, il a rapporté toutes ses observations à ses préceptes ; mais surtout il s'est rendu utile comme pas un philosophe ne l'a fait, comme peut-être aucun homme n'a pu le faire. Nature chaude, vive, emportée, Diderot n'agissait pas après de vives réflexions : ses gestes étaient spontanés, comme ses pensées ; ainsi, qu'il s'agisse de rendre service à l'humanité ou de régaler un ami d'un plaisir de choix, il le faisait avec la même ardeur, la même promptitude : qu'on en juge par ces quelques lignes : « Un plaisir qui n'est que pour moi me touche faiblement et dure peu. C'est pour moi et pour mes amis que je lis, que je réfléchis, que j'écris, que je médite, que j'entends, que je regarde, que je sens ; je songe sans cesse à leur bonheur... Je leur ai consacré l'usage de tous mes sens et de toutes mes facultés... » Il en est de même, dans cette âme généreuse, des observassions qu'il fait pour le bonheur de tous les hommes Il en est de même, dans ce coeur sans rancune, pour ses pires ennemis. Un jour, raconte sa fille, un jeune homme dépose sur ion bureau un manuscrit : c'est une compilation de toutes les calomnies publiées sur son compte ; le méchant auteur revient, el réclame le prix de son silence qu'il fixe à un prix dérisoire. Diderot sourit alors et lui dit simplement : « Allez donc chez le frère de Monsieur le Duc d'Orléans.
Pour moi, je crois qu'il s'est souvenu du précepte d'Horace et qu'il veut que le philosophe, lui aussi, mêle « utile dulci » - l'utile a l'agréable, mais celle-ci n'est pas une utilité si pénible que l'on soit obligé d'avoir recours à une pilule pour la faire passer plus agréablement ; c'est l'utilité du temps, la sublime « bienfaisance » inventée, paraît-il, par l'abbé de Saint-Pierre ; c'est ce qui peut être d'un précieux secours aux hommes, en quelque domaine que ce soit - observations tendant à supprimer quelques abus pesant sur les hommes -r suggestion encore d'une amélioration du sort de l'humanité - vastes théories ayant trait à son bonheur. Tel doit être à peu près cet « honnête homme » cultivant l'esprit philosophique, observateur accompli, plein de justesse et de pénétration, brillant dans les salons et consacrant sa vie entière au service de l'humanité et au triomphe de ses idées. Or, cette définition de Diderot semblerait froide et sèche s'il ne l'avait lui-même animée du souffle bouillant de sa propre vie, qui s'offre comme l'illustration la plus vivante et la plus exacte : Diderot a été ce philosophe, cet honnête homme imbu d' «esprit philosophique». Observateur, Diderot, l'a été toute sa vie en toutes occasions ; il a voyagé, il a lu, il a visité quantité de lieux, dans un Paris inconnu de ses contemporains ; théoricien, il a rapporté toutes ses observations à ses préceptes ; mais surtout il s'est rendu utile comme pas un philosophe ne l'a fait, comme peut-être aucun homme n'a pu le faire. Nature chaude, vive, emportée, Diderot n'agissait pas après de vives réflexions : ses gestes étaient spontanés, comme ses pensées ; ainsi, qu'il s'agisse de rendre service à l'humanité ou de régaler un ami d'un plaisir de choix, il le faisait avec la même ardeur, la même promptitude : qu'on en juge par ces quelques lignes : « Un plaisir qui n'est que pour moi me touche faiblement et dure peu. C'est pour moi et pour mes amis que je lis, que je réfléchis, que j'écris, que je médite, que j'entends, que je regarde, que je sens ; je songe sans cesse à leur bonheur... Je leur ai consacré l'usage de tous mes sens et de toutes mes facultés... » Il en est de même, dans cette âme généreuse, des observassions qu'il fait pour le bonheur de tous les hommes Il en est de même, dans ce coeur sans rancune, pour ses pires ennemis. Un jour, raconte sa fille, un jeune homme dépose sur ion bureau un manuscrit : c'est une compilation de toutes les calomnies publiées sur son compte ; le méchant auteur revient, el réclame le prix de son silence qu'il fixe à un prix dérisoire. Diderot sourit alors et lui dit simplement : « Allez donc chez le frère de Monsieur le Duc d'Orléans.
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