l enterrement de manon
Publié le 15/05/2024
Extrait du document
«
L'enterrement ( Manon Lescaut)
Analyse linéaire
L’abbé Prévost(1697-1763) a eu une vie aussi riche que mouvementée.
Il hésita constamment entre la vie
religieuse, la vie militaire, la vie libertine, la vie littéraire.
L'histoire du chevalier des Grieux et de Manon
lescaut plus connu sous le nom de Manon lescaut est le tome 7 d'une œuvre magistrale « les mémoires d'un
homme de qualité qui s'est retiré du monde » parue en 1731, en pleine période des lumières.
Le livre sera
censuré 1733.
Prévost fera une seconde écriture et c’est sur cette seconde édition, publiée en 1753 que nous
allons donc étudier l'extrait où Des Grieux et Manon sont dans le désert américain suite au meurtre de
Synnelet et Manon vient d'expirer.
Des Grieux évoque alors l'enterrement de Manon.
Comment le récit sur la mort de Manon fige t—il le destin de Des Grieux , un homme de raison perdu par la
passion ?
On développera le texte en 3 mouvements.
Nous verrons tout d'abord Comment est exprimé la douleur de
Des Grieux (ligne 1 à 9) Puis Nous détaillerons les différentes phases de l'enterrement de Manon ( ligne 9 à
19).
Ensuite Nous nous pencherons sur la résiliation de Des Grieux (ligne 19 à 21)
Voyons tout d'abord le 1er mouvement : la douleur de Des Grieux
Le texte débute par une évocation assez morbide : la longueur temporelle « Vingt- quatre heures », l’emploi
du terme « attaché », le détail du « visage et des mains » suggèrent un érotisme plutôt macabre.
Des Grieux
désigne la jeune femme par l’expression « ma chère Manon », c’est-à-dire par son prénom, l’adjectif
possessif et l’adjectif qualificatif implique l’amour qu’il lui portait.
La décision du jeune homme semble alors irrévocable : « mon dessein était d’y mourir » : la phrase est brève
et le terme de « dessein » implique un projet déterminé.
Le mot de liaison « Mais » corrige aussitôt cette première décision et l’emploi de la première personne
comme sujet « je fis réflexion », « « je formai la résolution » manifeste de la part de Des Grieux une reprise
en main et une volonté d’action, dont le but est avant tout de protéger Manon, d’éviter qu’elle ne devienne
« la pâture des bêtes sauvages ».
On retrouve ici l’idée de la « sauvagerie », auquel tout l’épisode américain
est associé , qu’il s’agisse des habitants de la région ou des animaux qui la peuplent.
Il se présente lui-même
dans un rôle protecteur vis-à-vis de Manon, même au-delà de sa mort.
Cependant le chevalier n’envisage pas de survivre, et l’accumulation des termes « mourir », « trépas », «
mort », « ma fin » le montre bien.
Des Grieux souligne également la faiblesse physique qui est la sienne, en
la reliant à la fois à une cause physique, « le jeûne » et à une cause morale « la douleur ».
Cela inscrit le
passage dans une dimension pathétique qu’appuie la proposition « que j’eus besoin de quantité d’efforts
pour me tenir debout ».
La mention des « liqueurs fortes » renforce cette dimension pathétique : elle rappelle le départ des jeunes
amants, avant la mort de Manon , et Des Grieux utilise une forme passive : « Je fus obligé d’y recourir », ces
« liqueurs » apparaissant comme seules capables de lui « rendre la force qu’il fallait » et suggérant une sorte
d’état second pour le jeune homme.
Quant à l’euphémisme qui évoque l’enterrement de Manon, « le triste
office que j’allais exécuter », il annonce avec solennité ce moment, car le terme « office » comporte une
connotation religieuse.
Dans ce premier mouvement, le lecteur assiste à une scène macabre où Des Grieux, héros tragique est à la
fois résigné et réfléchi mais subit un épuisement moral et physique.
1
Voyons à présent comment se passe l’enterrement de Manon
Le lieu apparaît comme symbolique : le choix d’un désert, d’une « campagne couverte de sable ».
Ceci fait un rappel au retour des moines dans des lieux isolés pour se rapprocher de dieu et retrouver la foi .
La rupture de l’épée va dans le même sens : l’épée, en effet, représente traditionnellement l’appartenance à la
noblesse.
Il s’agit bien du renoncement à son rang, tout autant qu’un renoncement à la violence (c’est avec
cette épée que Des Grieux s’est battu contre Synnelet).
Le recours aux « mains » pour creuser appuie ce
renoncement.
La vénération dont fait preuve cette attitude est également sensible avec la périphrase utilisée par Des Grieux
« l’idole de mon cœur ».
Le terme « d’idole » renvoie à l’adoration religieuse, tandis que « le cœur » s’inscrit
dans le domaine amoureux.L’enterrement de Manon est évoqué par des phrases courtes qui détaillent au
passé simple les actions de Des Grieux : six phrases se succèdent, toutes initiées par le pronom personnel
« Je ».
Les différentes étapes de l’enterrement se succèdent dans une sorte de rituel.
: « J’ouvris », « J’y
plaçai », « je ne la mis dans cet état », « Je m’assis », « Je la considérai ».
On assiste à un enterrement romanesque
De nombreux éléments expliquent la manière extrêmement précautionneuse avec laquelle le jeune homme
traite Manon : d’abord l’adjectif « large » qualifie la fosse où doit reposer le....
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