L'art d'apprendre se réduit-il à imiter longtemps et à copier longtemps (Alain) ?
Publié le 09/12/2021
Extrait du document
La citation présente tout d'abord une répétition qui alerte le candidat « longtemps ». Alain insiste, par ce procédé, sur la durée de l'apprentissage. En ce sens, nous avons une opposition avec le second paragraphe et la prétendue spontanéité de l'enfant. Ce temps important pour acquérir un certain nombre de connaissances, ou un savoir-faire, s'accompagne de la notion d'effort, de patience, d'humilité même face à la tâche à accomplir. Par ailleurs, le verbe « se réduit » suggère que l'auteur a trouvé une formule simple, rapide, qui exprime bien ce qu'est le savoir. Indirectement, il y a là un « coup de pattes » aux « sots pédagogues » qui compliquent les choses. La citation se veut donc brève mais efficace, suffisante. Mais la difficulté principale réside dans l'emploi de deux termes voisins « imiter » et « copier ». Doit-on les réunir ? On dit souvent que les synonymes n'existent pas. Une copie qui tenterait d'exprimer les nuances, les différences de signification entre ces mots si proches serait certainement valorisée. Le premier verbe suppose de reproduire un modèle, de s'en inspirer ; le second comporte parfois une tonalité plus péjorative ; il s'agit alors de suivre très scrupuleusement, presque servilement le modèle. Il est évident qu'Alain ne déprécie pas ce terme, il lui assigne simplement une tâche plus humble, plus mécanique, qu'à l'imitation.
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La citation présente tout d'abord une répétition qui alerte le candidat « longtemps ».
Alain insiste, par ce procédé,sur la durée de l'apprentissage.
En ce sens, nous avons une opposition avec le second paragraphe et la prétenduespontanéité de l'enfant.
Ce temps important pour acquérir un certain nombre de connaissances, ou un savoir-faire,s'accompagne de la notion d'effort, de patience, d'humilité même face à la tâche à accomplir.Par ailleurs, le verbe « se réduit » suggère que l'auteur a trouvé une formule simple, rapide, qui exprime bien cequ'est le savoir.
Indirectement, il y a là un « coup de pattes » aux « sots pédagogues » qui compliquent les choses.La citation se veut donc brève mais efficace, suffisante.
Mais la difficulté principale réside dans l'emploi de deuxtermes voisins « imiter » et « copier ».
Doit-on les réunir ? On dit souvent que les synonymes n'existent pas.
Unecopie qui tenterait d'exprimer les nuances, les différences de signification entre ces mots si proches seraitcertainement valorisée.
Le premier verbe suppose de reproduire un modèle, de s'en inspirer ; le second comporteparfois une tonalité plus péjorative ; il s'agit alors de suivre très scrupuleusement, presque servilement le modèle.
Ilest évident qu'Alain ne déprécie pas ce terme, il lui assigne simplement une tâche plus humble, plus mécanique, qu'àl'imitation.
introduction
Il faut situer la citation dans une problématique.
Alain défend une éducation traditionnelle, qui a fait ses preuves,par exemple, dans les grandes écoles de peinture, chez les artisans avec les Compagnons.
Il s'oppose à uneévolution qui trouve ses sources dans une pédagogie de la spontanéité, de l'éveil, où l'enfant est roi.
Les deuxécoles semblent irréductibles.
Il faudrait cependant bien préciser que le philosophe ne prétend pas, ici, donner le finmot de l'éducation mais détermine seulement un art « d'apprendre ».
plan du développement
• Première partie : l'affirmation d'Alain
a) La première sous-partie peut être descriptive.
Comme nous l'avons dit dans l'orientation du sujet, les écoles depeinture fournissent un bon exemple de ce que propose le philosophe.
Toutefois, il faut prendre garde à la façon deprésenter cet argument.
On serait tenté de se référer aux différents ateliers où le maître composait, peignait leséléments les plus importants mais laissait à ses disciples le soin de terminer l'œuyre.
Parfois même, l'attribution dutableau, de la fresque, fait problème.
Ainsi, dans les fresques de Ghirlandaio (église Sainte-Marie-Nouvelle deFlorence), on admire deux personnages qui seraient de Michel-Ange, son élève à l'époque.
Les exemples sontmultiples et plus parlants encore si l'on songe aux fameuses cellules du musée San Marco (Florence) où lespremières sont dues à la main de Fra Angelico tandis que les suivantes sont exécutées par ses disciples à partir deses indications, de ses cartons.
Parfois les scènes sont conçues plus librement encore mais toujours dans le style dumaître.
On peut parler ici d'imitation.
Le seul problème est de savoir si celle-ci a pour but « d'apprendre » pouréventuellement innover, ou si elle constitue une fin en soi.
Dans le cas de Michel-Ange, la réponse ne fait aucundoute ; pour les assistants de Fra Angelico, la reproduction, d'une certaine façon de faire, représente bien l'objectiffinal.— De façon plus stricte, et appartenant cette fois clairement au domaine pédagogique (à moins qu'il ne s'agisse d'unfaussaire !), la « copie » d'une oeuvre assure la maîtrise de gestes techniques, permet de surmonter les obstaclesde l'exécution.Pendant des années, l'apprentissage de la langue a fonctionné sur ce principe.
Les anciens manuels proposaientd'écrire des textes à l'imitation des grands auteurs : des discours cicéroniens, des lettres à la manière de Mme deSévigné ou des portraits dans le style de La Bruyère.(Nous avons proposé un texte un peu long pour cette première sous-partie.
Il est évident que l'élève peut le réduireet l'adapter à ce qu'il connaît.)
b) Cette pédagogie est-elle périmée ?Les exemples cités plus haut appartiennent au passé.
De plus, l'époque contemporaine privilégie la vitesse, danstous les domaines.
L'individu — pris dans une société de masse — affirme ses exigences ou du moins ses droits enmatière d'éducation.
Or, la copie et l'imitation, comme nous le verrons dans la seconde partie, sont souvent perçuescomme une atteinte à la libre expression de soi.
Cependant, les acquisitions réalisées au plus jeune âge empruntentla méthode préconisée par Alain.
Apprendre à parler, à écrire, savoir se servir des objets offerts par le modernisme,se comporter en société selon des règles préétablies doivent beaucoup à l'imitation des adultes.
Ne dit-on pas quela répartition des tâches ou les principes de conduite qui différencient l'homme et la femme trouvent leurs sourcesdans le « modèle » des parents ?Quels sont les avantages d'une telle méthode ?Voici le moment principal de cette partie.
Par l'appel à la durée, l'auteur suggère qu'il faut du temps pour assimilerune technique, une connaissance.
Un lent mûrissement ancre solidement le savoir.
L'esprit se familiarise avec lanouveauté, la mémoire joue pleinement son rôle.
La répétition, fastidieuse parfois, impose durablement ses leçons.De plus, l'imitation ou la copie d'un modèle suppose que l'élève cherche à atteindre un niveau supérieur, se calquesur ce qu'il y a de mieux.
De façon plus modeste, un professeur dans sa classe, ou le présent livre, offrent unexemple concret de ce qui est réalisable et de ce qui est demandé.Nous abordons alors la troisième conséquence de cette méthode : les conseils ne restent pas généraux et par làquelque peu vagues, ils prennent une forme précise.
L'élève, l'apprenti qui se contentent de lire ou d'étudier ce qu'ilfaut faire en reste nécessairement au seuil théorique.
En revanche, s'il essaye d'« imiter » la correction, il passe du.
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