L'ambiguïté des mots peut-elle être heureuse?
Publié le 10/12/2021
Extrait du document
S'il s'agit d'un discours politique, par exemple, ce qui sera visé est la compréhension de tous et l'accord de tous sur la signification à donner à ce discours. S'il s'agit d'une oeuvre littéraire dans ce cas la multiplicité des interprétations sera au service de sa richesse, l'obscurité, ou l'ambiguïté ne sera pas proscrite. Cependant même à l'écoute d'un discours qui se veut compréhensible par tous, donc ne recherchant pas à être ambigu, il se peut qu'il soit l'objet d'interprétations différentes. De même pour l'oeuvre littéraire l'ambiguïté d'un poème ou le fait qu'il invite à différentes interprétations ne remet pas en cause le fait que le poète en l'écrivant avait une idée précise, suivait une signification précise qui ne se trouve pas forcément en accord avec notre interprétation. Ainsi même en visant la clarté un discours ou une oeuvre artistique ne peuvent exclure totalement l'ambiguïté, le fait que la signification des mots peut être double. Que faut-il en conclure sur la nature de cette double signification ? Est-elle souhaitable ou regrettable ? Première partie : L'ambiguïté des mots est regrettable. 1.1 Les mots échouent à vouloir exprimer nos idées.
Nous parlons d’ambiguïté à propos d’une situation ou de termes dont la signification n’est pas claire mais peut être double, autrement dit peut signifier une chose ou une autre. L’ambiguïté des mots fait donc référence à une incertitude, un doute, portant sur leur sens. Ainsi un discours ambigu sera compris de différentes manières, il rendra possible plusieurs interprétations qui auront pour finalité de tenter de découvrir son sens, un sens qui ne peut être saisi de lui-même mais est laissé à la réflexion des auditeurs. Le fait qu’un discours puisse être compris différemment n’est pas nécessairement voulu par le locuteur. En effet si les auditeurs peuvent être en désaccord à propos de l’objet d’un discours, ils peuvent pour la même raison, à savoir l’ambiguïté des mots, ne pas comprendre ce que le locuteur a voulu faire passer comme message dans son discours. Il apparaît donc que l’obscurité d’un discours, le fait qu’à un même mot pourront être associées des significations différentes, est loin d’être visée, le langage servant bien plutôt à communiquer, à transmettre une information dont le sens est le même pour les locuteurs et l’auditeur. L’ambiguïté des mots relève donc de l’infortune, d’un hasard malheureux qui fait obstacle à cette communication et s’exprime par une mauvaise compréhension de la part de l’auditeur ou du lecteur. Cependant dans un contexte artistique, par exemple la lecture d’un roman, les interprétations pourront différer et c’est ce qui mettra en évidence la richesse de l’écriture, le fait que différents sens peuvent être donnés à un même écrit. Dans ce cas l’ambiguïté des mots loin d’être fuie est bien plutôt recherchée dans la mesure où c’est en elle que réside la diversité des interprétations et la puissance évocatrice d’un livre. L’utilisation des mots ne suit pas nécessairement la même finalité selon les cas. S’il s’agit d’un discours politique, par exemple, ce qui sera visé est la compréhension de tous et l’accord de tous sur la signification à donner à ce discours. S’il s’agit d’une œuvre littéraire dans ce cas la multiplicité des interprétations sera au service de sa richesse, l’obscurité, ou l’ambiguïté ne sera pas proscrite. Cependant même à l’écoute d’un discours qui se veut compréhensible par tous, donc ne recherchant pas à être ambigu, il se peut qu’il soit l’objet d’interprétations différentes. De même pour l’œuvre littéraire l’ambiguïté d’un poème ou le fait qu’il invite à différentes interprétations ne remet pas en cause le fait que le poète en l’écrivant avait une idée précise, suivait une signification précise qui ne se trouve pas forcément en accord avec notre interprétation. Ainsi même en visant la clarté un discours ou une œuvre artistique ne peuvent exclure totalement l’ambiguïté, le fait que la signification des mots peut être double. Que faut-il en conclure sur la nature de cette double signification ? Est-elle souhaitable ou regrettable ?
Liens utiles
- Le critique Laurent Versini écrit dans Le roman épistolaire (1979) : « En face des partisans des lettres, la marquise est chargée par l'auteur d'introduire le doute et de souligner les risques auxquels s'expose toute correspondance amoureuse et, par delà, le romancier lui-même [...]. Risques doubles dans un roman comme Les liaisons : au problème général - l'écriture peut-elle communiquer la pensée et le sentiment, les mots ne trahissent-ils pas toujours les intentions, ou le signifian
- Stendhal parle en ces mots de Julien Sorel dans Le rouge et le noir « L’œil de Julien suivait machinalement l’oiseau de proie. Ses mouvements tranquilles et puissants le frappaient, il enviait cette force, il enviait cet isolement. C’était la destinée de Napoléon, serait-ce un jour la sienne ? »
- phio dissert 1 "Jouer avec les mots, est-ce serieux ?"
- Corneille est un génie créateur, il a sa psychologie propre et ses personnages sont si vrais, si humains, si représentatifs que son nom a été pris pour caractériser certains mots, certains actes, certaines dispositions d'âme. On dit un mot cornélien, un trait cornélien, une âme cornélienne.
- Montrez que la poésie utilise des mots ordinaires, mais qu'elle a la capacité de les métamorphoser, et vous direz comment.