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Kun, Béla

Publié le 06/12/2021

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1   PRÉSENTATION

Kun, Béla (1886-v. 1939), dirigeant communiste hongrois qui a présidé aux destinées de la République soviétique hongroise en 1919.

2   L’ASCENSION D’UN JEUNE COMMUNISTE

Né à Szilágycseh (Transylvanie), Béla Kun adhère au marxisme très jeune, et rejoint les rangs du Parti social-démocrate en Transylvanie. Journaliste au début de la Première Guerre mondiale, il est incorporé dans l’armée austro-hongroise. Il est capturé par les troupes russes en 1915, puis envoyé dans un camp de prisonniers en Sibérie. Libéré par la révolution russe de 1917, il se rend à Moscou, où il fait la connaissance de Lénine. Un an plus tard, il revient en Hongrie pour fonder les bases du Parti communiste et susciter un mouvement d’agitation révolutionnaire.

3   L’ÉCHEC POLITIQUE

En février 1919, Béla Kun est arrêté par le gouvernement de coalition (socialistes et démocrates), qui dirige la toute jeune République (mars 1918). Il est emprisonné, mais, le mois suivant, le chef du gouvernement, Mihály Károlyi, confronté aux risques d’effondrement du régime, abandonne le pouvoir à Kun, qui proclame immédiatement l’établissement de la République des Soviets hongroise. Béla Kun lance alors une offensive militaire contre les armées roumaines massées à la frontière hongroise et, après avoir remporté une série de victoires, installe une république soviétique (ou République des Conseils) en Slovaquie (21 mars 1919).

Mais sa victoire est de courte durée. La contre-offensive roumaine prouve qu’il ne domine réellement que le centre du pays, et le contraint rapidement à adopter un profil bas, d’autant que le régime communiste de la République des Conseils résiste mal à la montée des sociaux-démocrates, qui n’ont pas abandonné leur désir de mettre en place une réforme sociale démocratique.

Dirigeant le commissariat aux Affaires étrangères, Béla Kun apparaît comme le principal dirigeant du Conseil gouvernemental. Il résiste à l’opposition, mais ne parvient pas à tirer avantage de sa position. Cette situation d’instabilité est due en grande partie à la dissolution du Parti communiste hongrois dans le Parti socialiste unifié — ce qui fait obstacle à l’éviction des sociaux-démocrates par le mouvement des Conseils, principale préoccupation du leader communiste.

D’autre part, ayant institué les prémisses d’une dictature du prolétariat, Béla Kun doit faire face aux résistances de la paysannerie et de la petite bourgeoisie, hostiles à la collectivisation intégrale et immédiate du commerce de détail et des grands domaines.

Le régime de terreur qu’il a instauré pour protéger son système politique est rejeté, ce qui contribue à précipiter la chute de la République soviétique hongroise. Mais cette chute est, en pratique, liée à l’invasion roumaine : le 6 août, celle-ci prend Budapest, mettant fin au court règne de Béla Kun (133 jours exactement), auquel succède l’amiral Horthy qui, à son tour, établit un régime autoritaire, mais cette fois teinté de nationalisme.

4   L’EXILÉ

Béla Kun s’enfuit à Vienne, puis se réfugie en Union soviétique en 1920. Bien accueilli par les dirigeants soviétiques, il se voit confier d’importantes responsabilités au sein de la IIIe Internationale communiste, mais il perd progressivement tout contact avec le PC hongrois et son crédit en URSS s’étiole. Sa véritable disgrâce commence en 1929, avec la publication d’une histoire de la République hongroise des Conseils dont la teneur le fait accuser de trotskisme. Probablement arrêté en juin 1937 au nom de la lutte contre le déviationnisme, il retrouve la prison.

Béla Kun aurait été exécuté le 30 novembre 1939, dans la prison moscovite de la Loubianka, après avoir été torturé. Il a été officiellement réhabilité en 1956, au moment du XXe Congrès du PCUS.

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