KREISLERIANA
Publié le 16/05/2020
Extrait du document
«
KREISLERIANA.
Fantaisie pour piano,
op.
16, de Robert Schumann (1810-1856), com-
posée en 1836.
Ce sont huit pièces pour piano,
offrant entre elles une certaine parenté en raison
de leurs affinités thématiques.
Elles sont disposées
dans un équilibre étudié de contrastes, des
morceaux agités et impétueux alternant avec
des morceaux plus calmes et sereins.
Le point
de départ, qui rappelle Hoffmann, dénote une
ferveur romantique plus passionnée et plus
tumultueuse que le tendre humour sentimental
du
Carnaval (n').
Nous sommes ici, en effet, aux
li
mites extrêmes d'une passion ardente et déme-
surée.
Composée à l'époque où l'amour de
Schumann pour Clara Wieck se heurtait à de
rudes obstacles,
Kreisleriana
marque l'apogée
du chant de leur amour qui épuise toute la
gamme des états d'âme les plus changeants
et les plus opposés, allant de l'extrême tumulte
et de la passion à la poursuite ardente de l'impos-
sible, à l'aspiration vers l'infini, à la recherche
de valeurs religieuses et éternelles dans les sen-
timents amoureux pourtant éphémères.
Une
invention spécifiquement musicale se trouve
toujours à.
la base de chacune de ces pièces.
La spontanéité des sentiments risque de mettre
en péril l'architecture de l'oeuvre.
La seconde
pièce, augmentée de deux intermèdes, et la
troisième ont cependant de plus grandes ambitions
constructives que les brèves notations du
Carnaval
ou des
Davidsbilndler (p).
Il semble que les
conflits de l'âme romantique se reflètent doulou-
reusement sur la forme esthétique, l'empêchant
d'atteindre à, la perfection et lui conférant au
contraire un charme émouvant de document,
d'aventure intérieure intensément vécue.
Dans
ces luttes pour la conquête d'une liberté for-
melle qui ne soit pas, dans une notation senti-
mentale éphémère et immédiate, la négation de
la forme, on assiste à la naissance de la musique
moderne qui trouvera ses maîtres avec Wagner
et Brahms.
Mais là, même où l'unité n'est pas
complètement réalisée, comme dans la seconde
pièce, on peut admirer l'effet produit par le
thème initial, dont la richesse harmonieuse et
suggestive — comme l'écho de cloches familières
— contient une mystérieuse force de pénétration
qui parle intimement au coeur.
Enfin, il suffit
de rappeler la parfaite réussite de la dernière
pièce où un rythme constant, symbolisant le
charme légendaire d'une ballade romantique,
suit d'admirables courbes mélodiques et exprime
l'allégresse à.
l'état pur..
»
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