Kénya (2000-2001): Une population livrée à elle-même
Publié le 18/09/2020
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Kénya (2000-2001): Une population livrée à elle-même
Les élections générales prévues pour décembre 2002 étaient déjà au c œur de la
vie politique et sociale kényane en 2000-2001.
En théorie, le président sortant
Daniel Arap Moi ne pouvait pas se représenter, mais l'élite gouvernementale a
commencé à préparer l'opinion publique à une révision constitutionnelle
contournant cet obstacle.
Une équipe présentée comme indépendante et dirigée par
le professeur Yash Pal Ghai a été mise en place pour proposer au Parlement des
modifications constitutionnelles.
Après de longues négociations, le groupe
Ufungamano, réunissant l'opposition et des représentants de la société civile
(essentiellement religieuse) pour exiger un changement de Constitution, a
accepté de s'associer à l'entreprise de Y.
P.
Ghai en mars 2001.
Toujours dans la perspective des prochaines échéances électorales, le parti
majoritaire, la KANU (Union nationale du Kénya, au pouvoir), a exclu ceux de ses
leaders susceptibles de faire de l'ombre au président (Simeon Nyachae et ses
proches).
Parallèlement, l'élite au pouvoir tentait de consolider le
rapprochement avec le NDP (Parti démocratique national) qui détient l'essentiel
du vote luo (ethnie importante de l'ouest du pays).
Pendant ce temps,
l'opposition cherchait à faire connaître ses positions, mais ses meetings
étaient systématiquement interdits, la police n'hésitant pas à procéder à des
interventions musclées.
Plus que jamais, l'administration est apparue mise au pas.
Le "patron" de la
fonction publique, le Dr Richard Leakey, et son équipe (couramment appelée la
"Dream Team") ont été contraints à la démission, deux mois avant la fin de leur
contrat.
Alors qu'ils avaient été nommés en 1999 sous la pression du FMI et de
la Banque mondiale, leur politique de réduction des effectifs des agents de
l'État n'a pas suffi à faire revenir l'aide internationale.
En effet, le
Parlement a remis en cause la libéralisation de l'économie en imposant un
contrôle des taux d'intérêt (Donde Bill) et le pouvoir judiciaire a dissous
l'organisme de lutte contre la corruption qui menaçait de poursuites plusieurs
ministres.
Quant aux investisseurs privés, ils boudaient le Kénya au profit de
la Tanzanie et de l'Ouganda.
De plus, la sécheresse de 1999-2000 a affaibli le secteur agricole (- 0,4 % de
croissance par rapport à 1999).
Elle a provoqué de graves pénuries d'eau et
d'importantes coupures d'électricité dans les villes.
La production industrielle
a enregistré une baisse de 0,3 %.
Seuls les services ont connu une légère
croissance positive (2,4 %), essentiellement due au retour des touristes
occidentaux en Afrique de l'Est.
Le marasme économique a contribué à aggraver le
chômage et la pauvreté, classant le Kénya au 123e rang mondial sur 162 selon
l'Indicateur du développement humain (IDH) du PNUD, en même temps qu'il
conservait la réputation d'être l'un des plus corrompus d'Afrique.
L'insécurité est devenue l'une des préoccupations majeures des Kényans, des
investisseurs et de l'ONU.
Le Nord semi-désertique du pays restait miné par la
contrebande de bétail à l'origine de massacres réguliers.
Dans les villes, même
l'élite n'est plus apparue à l'abri des agressions.
Les braquages de banques se
sont multipliés.
À Nairobi, la spéculation foncière à provoqué les incendies de
nombreux marchés et commerces.
En somme, la démission de l'État a rendu la vie.
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