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Karl von Stein

Publié le 16/05/2020

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« Karl von Stein Karl von Stein naquit à Nassau le 26 octobre 1757 dans une très ancienne famille noble de Hesse.

Il eut trois frères, tous militaires,chacun au service d'un État différent, chez le roi de Prusse, l'empereur et en France.

Il fit ses études de droit à Göttingen, déjà l'une desplus célèbres universités allemandes ; il devint ensuite assesseur au tribunal d'Empire de Wetzlar où il fut initié à la maçonnerie, avantd'entrer en 1780 au service de la Prusse comme référendaire à la direction générale des Mines.

Après quelques mois d'études, Stein estenvoyé en Westphalie et va pendant un quart de siècle attacher son nom au développement économique de la petite Prusse rhénane,comme conseiller, puis directeur des mines, président de la Chambre domaniale, président général de Westphalie ; il participe à lacanalisation de la Ruhr, trace plus de cent cinquante kilomètres de routes, met en chantier l'exploitation des mines en utilisant desméthodes modernes qu'il apprend en suivant des études d'ingénieur, en particulier en Angleterre.

Entre-temps, Stein a été chargé parFrédéric II de préparer à Mayence l'adhésion de l'archevêque électeur à la Ligue des princes. Il suit de près le déroulement de la Révolution française, mais il est convaincu que "l'anarchie et l'immoralité françaises n'entameront pasla pondération et l'austérité du caractère allemand...

L'exemple des excès commis par notre voisin… servira à détruire chez nous maintspréjugés et favorisera l'éclosion de sentiments meilleurs...

En définitive, les événements auront sur nous une influence salutaire,donneront un nouvel essor à notre activité et accroîtront notre antipathie envers l'horrible nation des Français" (lettre de Stein du 5 mars1793).

Ces quelques phrases contiennent tout le programme du rénovateur de la Prusse.

Après le recez de 1803, il fut chargé del'administration et de la prussianisation des domaines nouvellement acquis par son roi au détriment des évêques de Munster ; il y fitpreuve de grandes qualités d'administrateur.

Ses droits féodaux ayant été confisqués par le duc de Nassau, il protesta solennellement etappela les petites principautés à se réunir aux "deux grandes monarchies à l'existence desquelles est liée la pérennité du nom allemand"(janvier 1806).

Quelques mois plus tard, le baron de Stein était nommé ministre du roi de Prusse, chargé plus particulièrement desFinances. Il s'attache alors à toute une série de réorganisations ; en particulier, il abolit les douanes intérieures, restructure l'administration desdouanes et des contributions, réaménage la Banque de Prusse.

Surtout, il s'affirme comme le chef du parti réformateur et patriote enPrusse, poussant le gouvernement à abandonner sa neutralité et à rétablir l'équilibre européen en s'opposant à l'expansionnapoléonienne. Il est ainsi l'un des responsables de "l'orientation russe" de la politique prussienne et de la guerre contre la France, qui se terminera aprèsles défaites d'Iéna et d'Auerstaedt. Il est vrai que Stein n'avait pas envisagé l'entrée en guerre sans une vaste préparation diplomatique et sans une série de réformesadministratives dont on retrouve trace dans un mémoire du 27 avril 1806, dont les allégations violentes et passionnées interdirent au roide donner suite aux propositions de son ministre. La catastrophe n'empêche pas Stein de conserver son sang-froid et, après avoir évacué à temps le trésor royal, il rejoint son souverain àKönigsberg.

On propose à Stein la direction du gouvernement qu'il refuse avec hauteur, car il veut détruire le "système".

Au début dejanvier 1807, Stein démissionne.

Il ne revient au pouvoir qu'après Tilsit sur le conseil même de Napoléon et tous les patriotes allemandsvoient en ce retour le "pilier solide" sur lequel sera reconstruite la nouvelle Prusse (4 octobre 1807). A peine quelques jours après, il soumet à la signature du roi l'édit d'émancipation des paysans qui libère les hommes tout en maintenantles structures traditionnelles qui conservent à la Prusse son armature de grandes propriétés nobles.

Stein complète en quelques moiscette réforme par toute une série de textes remodelant l'administration.

Il supprime le Cabinet particulier du roi, qui avait longtemps faitécran, il supprime les ministres provinciaux et réduit à cinq, selon le modèle français, le nombre des ministères : Affaires étrangères,Guerre, Justice, Intérieur et Finances.

Stein cumule d'ailleurs ces deux derniers portefeuilles.

Il rénove l'administration provinciale,séparant les pouvoirs administratifs et judiciaires, créant dans chaque district un "président de gouvernement" assisté de tout unmécanisme bureaucratique : chaque domaine a son responsable, y compris les affaires économiques.

En outre, il dote la Prusse d'uneorganisation municipale élective très fortement inspirée du modèle français.

Le cens était relativement faible et il semble que Stein aitpensé à des organes électifs dans les provinces pour aboutir à un Reichstag national composé de deux Chambres, la Chambre basseétant une représentation de diverses organisations corporatives et locales.

Enfin, il prépare la voie à une profonde réforme militaire etimpose au roi deux généraux aux conceptions hardies pour réorganiser l'armée : Scharnhorst et Gneisenau.

Avec eux, Stein envisage unservice obligatoire généralisé mais de courte durée, une armée régulière aux effectifs réduits et une armée de réserve immense,Landwehr et Landsturm.

On abolit les privilèges réservant les grades d'officier aux seuls nobles, et on met en place un système deformation rapide des hommes, le système des Krümpers. Pendant un temps, Stein cherche par ailleurs une politique de rapprochement avec la France et va négocier avec le commandementfrançais en Prusse au printemps de 1808 ; mais c'est un échec et devant la nouvelle de la guerre d'Espagne il préconise l'alliance de laPrusse avec l'Autriche : "C'est ainsi que l'Allemagne pourra retrouver son indépendance." Il pousse à une nouvelle guerre, mais un courrierintercepté par la gendarmerie impériale dévoile ses desseins ténébreux.

Dès lors, la presse et l'administration s'en prennent violemmentà Stein, qui pousse alors au double jeu : officiellement, la Prusse sera l'alliée de la France ; secrètement, elle se rapproche de l'Autriche. Stein a offert sa démission ; s'il est le chef du parti patriotique (groupé autour de l'association secrète "Tugendbund"), il n'en irrite pasmoins la classe dirigeante prussienne et de plus en plus son roi, qui n'apprécie guère ses manières arrogantes.

Le talent, l'énergie, lavolonté de Stein accroissent son isolement.

Il doit démissionner le 24 novembre 1808.

Aussitôt, il est mis au ban de l'Empire français, dela Confédération du Rhin et poussé à l'exil. Stein se réfugie dans l'Empire d'Autriche, où l'empereur l'assigne à résidence à Brunn puis à Prague ; puis, appelé par le tsar AlexandreIer, il se rend à Vilna en juin 1812 et à Saint-Pétersbourg.

Il y fonde un "Comité allemand" et conseille le tsar.

En particulier, il appelle leroi de Prusse à prendre la tête du soulèvement contre Napoléon.

En attendant, en janvier 1813, à Königsberg, il pousse à la convocationd'États provinciaux, non sans difficulté car il agit en Prusse avec les pleins pouvoirs du tsar.

Il est le père de l'alliance russo-prussienneconclue en mars 1813.

Il sera chargé de l'administration des territoires reconquis.

Mais, emporté par le flot des événements, Steindésormais les subira ; il ne les créera plus.

Il forme des gouvernements en France, anime le Congrès de Châtillon, conduit le tsar àrepousser toute velléité de compromis.

Il est l'un des inspirateurs de la restauration des Bourbons ; il réclame aussi en vain pourl'Allemagne l'Alsace, comme il sera celui qui forcera la France à abandonner la Sarre et Landau en 1815.

Mais il échoue dans son granddessein : la reconstitution d'un Empire germanique, admettant au besoin le partage de l'Allemagne entre l'Autriche et la Prusse.

Toutesses propositions n'ont guère d'appui ; en particulier, les milieux dirigeants y sont hostiles.

Il participe au Congrès de Vienne, mais commemandataire de l'empereur de Russie et son rôle sera en définitive limité.

Après le second traité de Paris, Stein se retire définitivement surses terres, rejetant les propositions qui lui sont faites par la Prusse et l'Autriche de présider l'Assemblée de la Confédération germanique.Il se consacre à ses domaines et à l'histoire, fondant la collection des Monumenta Germaniae Historica.

Il meurt dans son domaine deKappenberg en Westphalie en 1831.. »

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