Kant : Idée d'une histoire universelle (analyse)
Publié le 17/03/2021
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«
KANT, Idée d'une histoire universelle, Pr.
1
Partie 1
Il ne va certes pas de soi que l'histoire est porteuse d'un sens rationnel, et de fait, de quoi
parle-t-on exactement en l'espèce?
Ce n'est certes pas de la connaissance historique du passé humain ou de l'épistémologie de
l'histoire dont il est question ici: Kant ne s'interroge pas – du moins dans la 1ère Proposition de l'
I.H.U - sur le travail de l'historien qui entend donner du passé humain une connaissance aussi juste
et précise que possible afin que la postérité puisse se souvenir et juger des faits de nos ancêtres afin
d'en tirer quelque leçon.
C'est d'histoire philosophique ou de philosophie de l'histoire dont il est
question ici, ce qui signifie et implique que la raison est conviée à une tâche herméneutique:
interpréter le devenir humain dans sa totalité historique de passé, de présent et de futur afin d'en
cerner ne serait-ce que la signification d'ensemble et voir si ce devenir suit une direction précise et
laquelle le cas échéant, ce qui suppose déjà que toute histoire soit une histoire de l'homme, ce qui
est problématique.
Qu'est-ce que l'homme en tant qu'être historique en effet? Une créature essentiellement
ambivalente et que Pascal avait décrite en des termes fort aisément mémorables: « ni ange, ni
bête »: cette conception de la nature humaine est tout à fait celle de Kant également à y regarder de
plus près.
Certes l'existence humaine n'est en rien conditionnée exclusivement par l'instinct et les
conditions physico-chimiques dans lesquelles l'être vivant est exposé à subsister comme tel et
évoluer.
Pourtant, l'homme s'inscrit dans le règne du vivant et son animalité consiste essentiellement
en ce que livré à lui-même, il est essentiellement égoïste et enclin à suivre la loi du désir qui
l'éloigne de ses semblables et de leurs intérêts.
Tout aussi bien, existe-t-il chez l'homme une
tendance naturelle à la sociabilité et à instituer une société fondée en droit où chacun de nous
puisse réaliser ses aspirations dans la mesure où c'est un être doué de raison et que celle-ci nous fixe
des fins.
Ce n'est pas pour autant que si l'homme est rationnel il se comporte en citoyen raisonnable
du monde selon un plan déterminé en ses grandes lignes (l.
3).
Se fixer des fins rationnel est une
chose, tout autre chose est agir conformément aux fins que notre raison nous fixe et c'est ce qui fait
peut-être paradoxalement toutes les conditions d'une histoire sensée.
Si l'homme se comportait en tous ses faits et gestes comme le font les animaux, son
histoire n'aurait aucun sens et il n'y aurait pas même lieu de parler d'histoire pour lui.
En toute
rigueur, les animaux n'ont pas d'histoire parce qu'ils ne pensent pas ni ne peuvent évoluer:
l' »histoire » des abeilles et des castors (l.
4) est en quelque sorte réglée et écrite d'avance en ce
qu'elle se réduit à une répétition inlassable des mêmes faits et gestes.
Inversement, si l'homme était
une créature tout à fait raisonnable, son histoire n'aurait pas grand sens non plus parce qu'elle serait
vide de tout contenu ou peut-être serait-elle comparable à un âge d'or dont le poète se pourrait
montrer friand.
Une histoire ni tout à fait ordonnée ni tout à fait désordonnée constitue pour
l'homme un espace propice à son évolution, voilà ce qu'est un devenir historique porteur de sens
étant entendu qu'on peut y supposer une aptitude de l'homme à réaliser de grandes choses, ou pour
le dire en d'autres termes, un lieu où la raison saura l'emporter sur les passions qui nous asservissent
et nous nuisent.
Est-ce à dire que le cours des choses humaines aille dans le sens de ce genre
d'intuitions théorique? C'est ce qu'il nous faut examiner à présent..
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