KALEVALA
Publié le 16/05/2020
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«
KALEVALA.
Ce long poème est en quelque
sorte l'épopée nationale de la Finlande.
Ce titre
fut choisi par l'un des premiers auteurs qui
s'occupa de recueillir les chants populaires.
11 signifie terre ou patrie de Kaleva (nom d'un
héros ou d'un chef d'une ancienne tribu nor-
dique).
Le mérite de cette compilation revient
au docteur Elias Lônnrot (1802-1884), fils d'un
pauvre tailleur du village de Paikkari sur le
lac de Valkjarvi.
Lônnrot, féru de poésie popu-
laire, avait déjà publié en 1827 son premier
ouvrage :
De Vdinâmdine priscorum Fennorum
numine.
Plus tard, il avait parcouru à pied
de vastes régions désertiques, se faisant dicter
par de vieux « laulajat » (chanteurs ou rapsodes)
les chants connus par la tradition orale.
C'était,
pour la plupart, des cantilènes ou des chansons
d'amour, et souvent des légendes en vers.
Il
eut alors l'idée de grouper ces chants en petits
cycles se rapportant à un même personnage ou
à un même sujet ; ces cycles s'élargirent par
la suite au point de former un seul recueil
qu'il intitula
Kalevala.
La première édition parut
le
28 février 1835
(ce jour est fêté depuis par
la
nation comme « Kalevalapanà », jour de
Kalevala).
Le poème, divisé en 32 chants, compte
12.000 vers (octosyllabes trochaïques avec alli-
térations et, en regard, le vers national des
Finnois).
Linnrot, aidé d'autres chercheurs,
continua son travail jusqu'en 1849, date à laquelle
fut publié un second
Kalevala.
Ce « nouveau
Kalevala » E« nusi
Kalevala
ainsi qu'il fut
appelé, était divisé en 50 chants « runi » et
comprenait 22.795 vers.
Grâce à l'idée géniale
de Lônnrot, la Finlande eut ainsi tout son trésor
de poésie traditionnelle réuni sous une forme
unique au monde : celle d'un poème « entiè-
renient composé de chants populaires ».
Quelques
savants surnommèrent Lônnrot l'Homère finnois.
D'autres estimèrent par contre que ce surnom
ne convenait guère.
Un poème épique n'est
pas une oeuvre collective formé d'éléments
assemblés par le peuple.
L'unité peut seule lui
être donnée par un unique poète de génie,
et l'unité manque essentiellement au
Kalevala.
L'oeuvre est un assemblage ingénieux de chants,
arrangés et réunis par l'excellent connaisseur et
compilateur qu'était Lônnrot.
Il a pu donner
une unité poétique, mais chaque poème n'est
pas nécessaire à l'ensemble.
Les chants se groupent autour de quelques
personnages de la mythologie finnoise : Vkina-
niôinen, le mage-chanteur : Ilmarinen, le for-
geron ; Lemrninkàinen, l'aventurier amoureux,
le don Juan des Finlandais ; Kullervo qui est
marqué par un destin tragique ; mais il n'y a
aucun lien entre ces personnages mythiques.
Le
récit rapporte les relations tantôt amicales, tantôt
hostiles entre Kalevala, sa patrie, et Pohjola,
le pays de l'extrême Nord.
Les trois premiers
héros sont les prétendants d'une très belle jeune
fille de Pohjola.
Elle est destinée à celui qui
sera capable de forger le .« Sampo », objet magique
et fabuleux.
Ilmarinen
y parviendra, il person-
nifie le héros de l'action et s'oppose à VtinÉi-
môinen, l'homme du chant et de la pensée.
Plus
tard, après la mort de la femme d'Ilmarinen, les
héros du
Kalevala
s'attachent à reconquérir le
« Sampo », mais ils ne réussissent qu'à en con-
quérir quelques morceaux.
Un des épisodes
célèbres est dôminé par la figure de KullErvo,
malheureux depuis ,sa naissance qui, sans le
savoir, a séduit sa propre soeur et qui, jusqu'à
sa mort, a vécu sous le signe de la haine et de
la vengeance.
On trouve çà et là quelques
éléments chrétiens : la jeune Marjatta de la
poésie finale fait penser à la Vierge Marie.
Dans
son ensemble, le
Kalevala
apparaît comme une
oeuvre pleine de fraîcheur et de poésie originale.
Les parties qui la composent renferment un trésor
d'images, de nobles sentiments et de passion
inspiré par le plus pur amour maternel, filial et
fraternel.
Toute l'émotion émane de la musique ;
elle trouve son expression la plus suave dans le
fameux « chant de la harpe » (kantele).
— T.F.
La
Renaissance du Livre, 1927:.
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