Kabir1440-1518Dans l'abondant lyrisme religieux que l'Inde a produit, plus spécialement entre le VIIe et leXVIe siècle, l'Occident s'est plu à mettre à part le cas de Kabir, surtout depuis lestraductions, enjolivées, que Tagore a données en anglais.
Publié le 23/05/2020
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Kabir
1440-1518
Dans l'abondant lyrisme religieux que l'Inde a produit, plus spécialement entre le VII eet le
XVI esiècle, l'Occident s'est plu à mettre à part le cas de Kabir, surtout depuis les
traductions, enjolivées, que Tagore a données en anglais.
Il serait vain de chercher à savoir
s'il est vraiment le plus grand parmi tant d'autres ; il n'est certes pas le poète le plus habile
ou le plus harmonieux ; il n'est sans doute pas le plus pathétique.
Mais on peut le
considérer comme le représentant, non moins que le confluent, des grands courants
mystiques qui se sont croisés alors dans l'Inde, et qui confèrent à cette Inde médiévale un
éclat spirituel unique dans l'histoire humaine et une puissante séduction.
Kabir est né vers 1440 ; il a vécu ses meilleures années à Bénarès, dans un pays conquis
depuis plus de deux siècles par les Musulmans.
La majorité de la population demeurait
hindoue et attachée aux traditions exprimées dans les textes sanskrits.
Les conquérants
musulmans étaient, non des Arabes, mais des Turco-Iraniens convertis à l'islam ; peu
nombreux, installés comme des colonisateurs, ils avaient apporté non seulement leur
administration, mais aussi leur culture arabo-persane : le soufisme, venu de l'Iran, se
rencontrait, sur la terre de l'Inde, avec le théisme hindou.
Une synthèse était possible ; elle
a été tentée plusieurs fois, et notamment par Kabir.
Sa vie nous est assez mal connue.
On discute sur la date de sa naissance, donnée comme
très antérieure à 1440 par une tradition qui ferait vivre Kabir cent vingt ans.
Mais il est
certain que les circonstances l'ont prédisposé à devenir un trait d'union entre l'hindouisme
et l'islam.
On raconte en effet qu'il était un enfant trouvé : c'est dire qu'il échappait aux
cadres rigoureux de la société brahmanique et de son ritualisme.
Hindou, mais de caste
inconnue, il aurait été élevé par un pauvre tisserand musulman et sa femme.
Enfant des
rues de Bénarès, écolier, il eut pour compagnons de jeux des Hindous et des Musulmans :
ces derniers le traitaient de kafir “ païen ”, quand il récitait le nom de Râm.
Il prit le métier
de son père adoptif : tisserand ; il devait, plus d'une fois, inclure dans ses poèmes des
allusions à la technique du tissage.
Il fut donc un manuel ; il se fit autodidacte, et non sans
succès, car son œ uvre atteste une certaine connaissance des textes brahmaniques.
Il subit,
on ne sait trop par quelle voie, l'influence du maître Râmânand.
Mais il se refusait à entrer
dans les querelles scolastiques qui fleurissaient dans ce moyen âge hindou : il montrait,
aux uns et aux autres, l'inanité de ces polémiques.
Marié et père de famille, Kabir, tout en continuant son métier, eut l'occasion de discuter
avec de savants brahmanes, s'attaquant à leur formalisme et à leur pharisaïsme.
Il semble
avoir résidé à Mânikpour, puis Jhousi, près d'Allahabad : là il devint le disciple du maître
musulman Shaikh Taqqi, cardeur de coton et membre d'une secte soufie.
Il accomplit de
grands voyages à travers l'Inde, préconisant, semble-t-il, une conciliation entre
l'hindouisme et l'islam.
Cette propagande finit par inquiéter les autorités musulmanes, et
Kabir dut comparaître, à Jaounpour en 1495 devant le sultan Sikandar Lodi : celui-ci lui
aurait imposé une série d'ordalies, dont Kabir, selon la légende, se serait tiré à son
avantage : il aurait, dit-on, ramené à la vie une vache qu'on venait d'égorger devant lui.
Il
fut envoyé en résidence forcée de Gorakhpour, et c'est là, dans le village de Magahar, qu'il
termina ses jours en 1518.
Des témoignages nous disent qu'il accueillit avec joie l'approche.
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