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Juste la fin du monde de Jean luc Lagarce prologue

Publié le 19/06/2024

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« Juste la fin du monde de Jean luc Lagarce prologue Introduction Jean-Luc Lagarce est à la fois comédien, metteur en scène, directeur de troupe et dramaturge. En 1988, il apprend qu’il est atteint du sida et se sait condamné.

En 1990, il écrit Juste la fin du monde. Malgré sa mort prématurée en 1995, à l’âge de 38 ans, Jean-Luc Lagarce laisse derrière lui plusieurs dizaines de pièces qui rencontreront un succès posthume. L’intrigue de Juste la fin du monde repose sur l’annonce par Louis à sa famille de sa maladie qui va l’entraîner à une mort certaine. La scène se passe dans la maison de la Mère, un dimanche. La pièce se compose de deux parties et s’ouvre comme les tragédies grecques de Sophocle sur un prologue que nous allons étudier. Le texte est constitué d’une seule phrase mimant la difficulté qu’a le personnage à trouver le mot juste pour exprimer ses sentiments. Problématique Ainsi, nous pourrons nous demander comment ce prologue original synthétise les principaux thèmes de la pièce. Plan Pour mener cette analyse linéaire du prologue de Juste la fin du monde, nous suivrons les mouvements du texte. I L’annonce de la mort prochaine du début à “vous détruirait aussitôt” II la volonté du retour de “l’année d’après” à la fin du prologue. I.

annonce de la mort prochaine • Les premiers mots du texte sont une prolepse, une remise à “plus tard”.

Étonnant début pour le personnage qui semble bien conscient de sa fin, mais cherche peut-être à la repousser. • On comprend, à la deuxième ligne, grâce à une précision entre tirets que ce qui poursuit le personnage de Louis, c’est sa mort : “j’allais mourir à mon tour”. • On note la présence d’un lexique du futur : avec les mots “plus tard” ; “l’année d’après” et le verbe conjugué au conditionnel présent (valeur de futur dans le passé) “j’allais mourir”. • Cette utilisation du futur confère aux premiers mots une charge tragique : le personnage est bien conscient qu’il n’échappera pas à son destin. • Les deux lignes suivantes surprennent car Louis repasse au présent: “j’ai” ; “maintenant” (complément circonstanciel de temps) pour être immédiatement rattrapé par l’idée de sa mort, toujours au futur : “c’est à cet âge que je mourrai.” • On voit donc que le personnage est hanté par l’idée de sa mort, à priori inéluctable.

La pression du destin se • Louis affirme avoir “près de 34 ans”.

Il a donc encore l’âge du Christ (mort à 33 ans) mais risque de mourir à 34 ans, et n’aura pas le droit à la résurrection.

Louis semble donc s’apparenter à une figure de presque martyr. • Il faut bien sûr ajouter que le prologue fait référence au choeur dans les tragédies grecques qui chantait l’annonce du sort des personnages en début de pièce.

Ici, Louis se charge d’annoncer son propre sort, ce qui lui confère une étrange posture par rapport à lui-même. • Louis affirme avoir été paralysé par l’idée de sa propre mort.

On trouve le champ lexical de l’inaction : “j’attendais” (X2) ; “ne rien faire” ; “bouger parfois, à peine” ; “imperceptiblement”.

Louis semble ici être déjà mort. Contrairement aux personnages dans la tragédie, il ne se débat pas contre son destin. traduit par l’anaphore“l’année d’après” qui rappelle sans cesse la date fatidique . • Pourtant cette immobilité ne s’apparente pas à une acceptation, mais plutôt à de la crainte.

Crainte du temps, de la maladie : “commettre un geste trop violent qui réveillerait l’ennemi et vous détruirait aussitôt”. • On comprend ici que c’est la peur qui emprisonne le personnage.

La peur face à un temps personnifié comme un ennemi métaphorique, toujours prêt à frapper. • Louis n’a donc pas complètement renoncé à la vie.

Il compare encore sa mort à un “danger extrême”, ce qui signifie qu’il cherche peut-être à lui échapper, ou tout du moins à gagner du temps.

Mais rien dans cette première partie n’explique ce qu’il souhaite faire avec le temps volé à la mort. II.

la volonté du retour • Pour que les sentiments de Louis s’expriment plus clairement, il faut attendre le second mouvement du texte. Apparaît ici une nouvelle répétition : “malgré tout”, qui apporte une nuance d’espoir. • Cet espoir est immédiatement contrecarré par la négation “sans espoir jamais de survivre.” Donc ce n’est pas à la guérison qu’aspire le personnage de Louis.

Pourtant, il évoque bien un “risque”, c’est à dire un enjeu, une sorte de quête. • Cette idée quête est confirmée par l’emploi du passé simple (temps narratif par excellence) “je décidai”.

On trouve également “la peur” qui semble indiquer que malgré sa mort inévitable, le personnage a encore quelque chose à jouer. • L’annonce du retour par les deux mots commençant par le préfixe “re” (“retourner” ; “revenir”) amène l’idée d’un demi-tour, d’un défi au temps.

La quête sera une quête des racines, celle d’un sens qui n’existe plus dans le futur, mais se trouve dans le passé..... »

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