Julien Gracq
Publié le 15/05/2020
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Julien Gracq
« Quand on légifère dans la littérature, il faut avoir du moins la courtoisie et la prudence de dire aux œuvres*.'Après vous"...
»Peu de bruit : en cinquante ans d'écriture, Julien Gracq n'a jamais voulu participer aux débats théoriques qui agitentla littérature de son temps.
Il décline également les étiquettes et les honneurs.
Le grand public le découvre suite àun coup d'éclat : fidèle à ses idées et désirant les mettre en application, Julien Gracq refuse le prix Goncourtattribué à son roman le Rivage des Syrtes (1951).L'écrivain se fait une idée élevée et exigeante de la littérature, presque sacrée à ses yeux.
Un an plus tôt, à traversun pamphlet, la Littérature à l'estomac (1950), il fustige les usages du monde des lettres.
Gare à la littératureindigeste! Il affiche également certaines réserves à l'égard du roman contemporain et, en particulier, du NouveauRoman : « Pendant que la théologie s'installe [...] c'est plutôt la foi qui s'en va.
» (Lettrines I, 1967).
Ce professeurd'histoire-géographie, héritier du surréalisme, est un homme secret, qui élabore patiemment une œuvre poétique surle temps et l'Histoire.Le Rivage des Syrtes, son roman le plus célèbre, se présente comme une rêverie sur « la remise en route del'Histoire ».
Le roman ne raconte pas autre chose que l'attente et le songe de l'événement que constituera la reprisede la guerre dans le paysage imaginaire de la mer des Syrtes.
S'y retrouvent les souve- nirs de la décadenceromaine, la poésie du déclin d'un empire.
Roman initiatique aussi où le héros nourrit en lui la certitude del'événement, révélateur du destin.
Au château d'Argol (1938) se veut le comble du roman noir, dont il reprend tousles artifices, qu'il transgresse par le paroxysme, ouvrant sur un mer-veilleux d'ordre surréaliste, privilégiant l'attente,la quête initiatique de nouveau, la fusion du rêve et de la réalité.
Attentif à l'histoire politique, Gracq ressentl'angoisse de la catastrophe, celle de la montée du fascisme en Allemagne.En choisissant le pseudonyme de Julien Gracq, Louis Poirier a voulu s'effacer devant l'écrivain.
En refusant laconsécration des institutions littéraires, l'écrivain décide à son tour de se faire humble face à son œuvre.
Gracq estle seul à avoir été publié dans la Pléiade, Panthéon des lettres, de son vivant..
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