Jules Lemaitre1853-1914 Très lettré, très sensible, affectant de ne pas chercher à convaincre, il créa la critique impressionniste, dont les huit volumes de ses Contemporains et les onze de ses Impressions de théâtre resteront des modèles.
Publié le 23/05/2020
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LEMAITRE Jules François Élie. Écrivain français. Né et mort à Tavers (Loiret) (27 avril 1853-5 août 1914). Fils d’un instituteur, il fit ses premières études au petit séminaire d’Orléans et y reçut une éducation très chrétienne, dont ses jugements littéraires restèrent imprégnés, au point de vue moral, même après qu’il eut perdu la foi. Ayant poursuivi sa formation intellectuelle à l’École Normale Supérieure, il entra dans l’enseignement public et fut professeur de lettres au Lycée du Havre, puis, à partir de 1880, à l’École Supérieure d’Alger. A la suite d’un mariage malheureux, il demanda d’abord sa mutation à Grenoble (1883) et en 1884 obtint son congé définitif de l’Université. Sa femme étant morte la même année, Lemaitre se rendit à Paris et ne tarda pas à s’y faire remarquer par ses articles de La Revue bleue, qui inauguraient sa série célèbre des Contemporains (1885-1889). Protégé par une puissante égérie des lettres, la comtesse de Loynes, il abordait également le théâtre en 1889 avec Révoltée (à l’Odéon), que suivirent des pièces telles que La Bonne Hélène, La Massière et surtout Le Pardon, qui obtinrent d’assez beaux succès. Il s’imposait enfin comme critique dramatique au Journal des Débats — v. ses Impressions de théâtre (1888). Entré à l'Académie Française en 1896, à l’âge de quarante-trois ans seulement, Lemaitre allait se jeter dans les querelles de l’affaire Dreyfus et devenir avec Déroulède un des chefs du mouvement « plébiscitaire », puis président de la Ligue de la Patrie française, avant de donner son adhésion au royalisme maurrassien dans les Lettres à mon ami (1909). Extrêmement cultivé, l’auteur d'En marge des vieux livres (1905) ne croyait pas à l’objectivité de la critique, se refusait aux classifications et se contentait de dire simplement le plaisir ou le déplaisir qu’il avait trouvé auprès d’un livre, d’un auteur, et les raisons de son sentiment. Cette critique d’impression, assez proche de celle d’Anatole France, était une constante protestation contre la dictature "scientifique" qu’un Brunetière, à la même époque, prétendait exercer sur les lettres. Ignorant tout pédantisme, agréable à lire (et resté un des critiques les plus lus), Lemaitre pouvait être un ironiste redoutable : ses « éreintements » de Georges Ohnet et de Richepin sont des chefs-d’œuvre du genre. Conférencier mondain, il donnera un Rousseau, un Chateaubriand, un Fénelon qui sont des critiques assez superficielles du romantisme; mais son Racine est, de l’avis de Thibaudet, « un classique de la critique française ».
♦ « M. Lemaître se dédouble avec une facilité merveilleuse; il voit le pour et le contre, il se place successivement aux points de vue les plus opposés; il a tour à tour les raffinements d’un esprit ingénieux et la bonne volonté d ’un cœur simple. » Anatole France.
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Jules Lemaitre
1853-1914
Très lettré, très sensible, affectant de ne pas chercher à convaincre, il créa la critique
impressionniste, dont les huit volumes de ses Contemporains et les onze de ses Impressions de
théâtre resteront des modèles.
Il savait s'indigner : le mémorable article par lequel il expulsa
Georges Ohnet de la littérature en témoigne.
Ses conférences sur Rousseau (1907), Racine
(1908), Fénelon (1910), Chateaubriand (1912) charment ceux que rebutent les minuties de
l'érudition.
Il avait, jeune, écrit des vers (les Petites Orientales, les Médaillons) .
Il a fait jouer,
sans grand succès, des pièces trop littéraires, mais d'une observation très fine ( le Député
Leveau, l'Aînée, la Massière , etc.).
Ses romans (Sérénus, un martyr sans la foi, les Rois) sont
estimables, et on lira longtemps encore les délicieux pastiches d’ En marge des vieux livres..
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