Jules II
Publié le 16/05/2020
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Jules II1443-1513
Né en 1443 à Albissola (province de Savone) d'une modeste famille d'artisans et de bateliers, Giuliano della Roveredevint une des plus puissantes personnalités de la Renaissance, et pendant son pontificat fut la figure de proue etsouvent l'axe de la politique européenne.
La force morale irrésistible, propre aux gens de mer, dont il était doté,explosait souvent en des accès de colère incoercible mais, dans les moments difficiles, savait se montrer souple ettemporiser, car elle tendait toujours à la réalisation.
En outre, il était d'une trempe extraordinairement robuste,résistant à toutes les fatigues, aux intempéries et aux maladies.
Ce n'est que dans l'enceinte exiguë des États del'Église qu'il trouva des limites à ses desseins grandioses, titaniques, d'homme politique, si même son patriotisme “d'Italien ” le fit penser en termes presque nationaux, et si la charge de pontife romain donna une telle envergure àses plans de restauration qu'il en arriva à concevoir une croisade pour délivrer Constantinople et Jérusalem.
On ne sait pas grand-chose de sa première jeunesse.
Il étudia à Pérouse sous la protection de son oncle Francescodella Rovere, général des Franciscains, puis cardinal, et sans doute fût-ce davantage le droit que les lettres et lathéologie, bien que sa bibliothèque particulière semble indiquer un véritable intérêt pour la théologie et l'humanisme.Ce ne fut certainement ni un intellectuel ni un grand théologien comme son oncle, ni même un “ docte ” au senshumaniste du mot, comme Pie II et plus d'un cardinal.
Il sort de l'ombre quand son oncle, devenu Sixte IV, le créecardinal au titre de Saint-Pierre-aux-Liens (1471) et que celui-ci commence à le doter de copieux revenus, quiallèrent en s'accumulant jusqu'à compter vers 1502 onze archevêchés et évêchés, puis de riches abbayes et diversmonastères, sans parler de bénéfices mineurs.
A Rome, sa personnalité s'impose de façon décisive après la mort deson cousin, le cardinal Pietro Riario (1474).
Sous le pontificat de son oncle et sous le pontificat suivant, il commenceà faire preuve de ses talents d'homme de guerre énergique, de politicien et d'administrateur sagace, de restaurateuret de constructeur de monuments.
Envoyé comme légat en Ombrie (été 1474), il soumet au pouvoir papal les villesde Todi et de Spolète, puis avec l'aide du duc d'Urbin, Città di Castello, et célèbre son premier triomphe militaire àRome.
Deux ans plus tard, légat à Avignon et en France, il rétablit le pouvoir pontifical sur le Comtat Venaissin, dansun moment de tension entre Louis XI et le Saint-Siège, mais il se montre si adroit qu'il passe pour “ très cher etgrand amy ” du roi de France.
Au contraire, il n'eut aucun succès comme intermédiaire de paix entre Louis XI etMaximilien d'Autriche qui se disputaient l'héritage de Charles le Téméraire.
En effet, avec son caractère rude et sesboutades à l'emporte-pièce, ce ne sera jamais un diplomate.
Mais il se montrera manœuvrier désinvolte et capabledans les conclaves avant de l'être en politique internationale, chef habile et opiniâtre dans des moments d'urgenceou dans de graves difficultés.
C'est ainsi qu'à la mort de Sixte IV, il vint à bout très habilement de la réaction desColonna, hostiles aux Génois et en particulier à son cousin Gerolamo Riario, et que par ses propres machinations ilfera élire son ami génois Giovanni Battista Cibo (Innocent VIII, 1484), lequel lui devait déjà sa carrière à la Curie.Quant à lui-même, il deviendra “ papa et plus quam papa ” pendant tout ce pontificat.
C'est au moment des différends avec les Napolitains que Giuliano della Rovere, se rendant compte de la faiblessepolitique de la Papauté et de son danger d'isolement, mesura les intrigues et les revirements dangereux de lapolitique ecclésiastique des différents pays, par conséquent les conséquences dramatiques que pouvaient subir lesrelations entre la Papauté et les princes de la Chrétienté.
Parallèlement, et en cela Jules II est un princeecclésiastique typique de la Renaissance et de la même ligne politique que Sixte IV et ses autres neveux, Giulianodella Rovere resta toujours un mécène fastueux.
Il restaura toutes les églises, tous les couvents dont il avaitl'administration ou la commande et il en construisit d'autres.
On y décèle sa tendance au grandiose, dans lesédifices de Grottaferrata et dans le château d'Ostie, par exemple, la forteresse la plus imposante du XVe siècle auxenvirons de Rome, située stratégiquement à l'embouchure du Tibre, symbole de la puissance de son seigneur.Cependant, ses talents de manœuvrier furent battus en brèche au conclave de 1490, quand les menées simoniaquesde Rodrigo Borgia, avec l'aide d'Ascanio Sforza, prirent le pas sur l'appui du roi de Naples et du meilleur descardinaux, Marco Barbo, dont Giuliano della Rovere bénéficiait.
D'ailleurs, le cardinal della Rovere était en butte àune grande animosité, du fait du pouvoir exorbitant qu'il avait exercé sous le règne d'Innocent VIII et du fait qu'onle taxait, plus à tort peut-être qu'à raison, de francophilie.
Incapable de jouer un rôle de second plan, et se méfiantd'Alexandre VI, en dépit de quelques brèves réconciliations, il préféra s'éloigner de Rome, s'installer dans saforteresse d'Ostie, puis à Avignon et auprès de Charles VIII, comme conseiller de la politique de celui-ci contreAlexandre VI, puis plus tard, à Savone, puis en France de nouveau, et ailleurs.
Toujours redoutable mais loin deRome et des États pontificaux, où dominait le génie sinistre de César Borgia.
Il rentra à Rome à la mort d'AlexandreVI, bien décidé à conquérir la tiare ou, du moins, à empêcher l'élection d'un cardinal étranger.
Il atteignit ce dernierbut, puisqu'il fit échouer l'élection du cardinal d'Amboise.
Mais Ascanio Sforza, probablement, bloqua l'élection ducardinal della Rovere ou plus exactement parvint à la renvoyer de quarante jours.
En effet, à la mort de Pie III, aubout d'un pontificat de vingt-six jours, il obtint la quasi-unanimité des voix dès le premier jour de conclave (31-X-1503) et cela moyennant d'amples promesses, qui n'étaient pas toutes certaines et sincères, et des manèges peuscrupuleux.
Le nom qu'il prit, Jules, évoquait beaucoup moins la figure de Jules Ier (IVe siècle) que l'œuvre et leprogramme politico-militaire de Jules César, ou du moins indiquait cet “ esprit césarien ” dont les Génois legratifiaient dans leurs félicitations.
Effectivement, le programme réalisé avec une énergie infatigable par Jules II peutplutôt apparaître comme celui d'un condottiere et d'un chef d'État que comme celui d'un vicaire du Christ.
Mais il nefaut pas oublier le but suprême de celui-ci, à savoir “ le bien de la religion chrétienne ”, comme il le déclarait àl'ambassadeur vénitien le 5 novembre 1503 : la liberté d'action, le prestige, l'autorité morale et spirituelle de laPapauté qui synthétisaient au sommet l'Église, s'identifiant en quelque sorte avec elle.
En ces temps-là, le supportde la liberté, la condition nécessaire du ministère pontifical résidaient dans des États de l'Église puissants etintégraux, puis dans l'élimination, dans la mesure du possible, de l'alternance des prépondérances étrangères en.
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