Jules Favre: Un curieux républicain.
Publié le 17/05/2020
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«
1 / 2 Jules Favre
Un curieux républicain
Etrange carrière que celle de Jules
Favre: il passe pour républicain sous
l'Empire et fait exécuter des républicains
sous la République.
Très tôt, ses talents d'orateur valent
à cet avocat une grande renommée: il plaide successivement pour le journal Le Précurseur, pour des républicains
sous la royauté et pour des socialistes
sous l'Empire;
il défend aussi Orsini,
auteur de l'attentat manqué contre
Napoléon III (1858).
Il prend part à de
multiples réunions et collabore à plu
sieurs journaux, dont Le Précurseur, Le Droit, Le National, Le Monde.
Il est secrétaire général à l'Intérieur
après la révolution de 1848; en juin, il soutient Cavaignac dans sa répression
sanglante de l'insurrection ouvrière.
Il proteste contre le coup d'Etat du 2 dé
cembre 18 5 1, refusant de prêter serment
comme conseiller général.
Mais en
1858, devenu l'un des cinq élus républi
cains de la Seine,
il accepte de bonne
grâce cette formalité.
L'hostilité pruden
te qu'il montre
à l'égard du régime impé
rial ne l'empêche pas d'en profiter pour
s'enrichir.
A la même époque, il s'impo se rapidement comme chef de l'opposi
tion parlementaire.
Député du Rhône en
1863,
il s'élève contre l'expédition du
Mexique.
Cela ne l'empêche pas d'être
élu à l'Académie française en 1867 et
d'être présenté, à cette occasion, à Na po léon le Petit.
Son attitude manifes
tement conciliante envers l'empereur
faillit lui coûter son siège en 1869.
L'année suivante,
il se prononce contre
la guerre.
Il prend une part décisive aux
événements du 4-Septembre et demande
1809-1880
la déchéance de Napoléon III.
Il est
nommé ministre des Affaires étrangères
dans le gouvernement de Défense na
tionale.
Malgré son échec dans la
recherche d'un front commun avec les neutres, il refuse de céder à Bismarck
lors de l'entrevue de Ferrières (19-20 septembre).
Pourtant, il consent à la
capitulation de Paris et à l'armistice (28 janvier 1871); c'est même lui qui négo cie le traité de Francfort, Thiers lui ayant laissé pour quelque temps son
portefeuille.
Millière publie alors les preuves d'une escroquerie qu'il a com
mise et, comme par hasard, le pauvre
Milliére est fusillé sur les marches du Panthéon durant la semaine sanglante.
Jules Favre meurt en 1880, non sans
avoir eu le temps d'appeler à la répres
sion contre la Commune, de se faire réé lire député, puis sénateur, de se remarier
avec une Anglaise et de soutenir quel ques causes célèbres, dont celle des héri
tiers Naundorff contre le comte de Chambord.
Favre est l'un de ces républicains de cir
constance qui «ne s'opposent à un régi me fort que parce qu'ils sont sûrs de ne pas pouvoir le renverser».
Pour lui, comme pour ses collègues de la «Répu blique des Jules» (H.
Guillemin), l'essen
tiel a toujours été de préserver la sacro
sainte propriété.
lllustration: Caricature de Jules Favre, par
Moloch
Musée Carnavalet, Paris/Photo Giraudon, Paris © 1980, Edita-Service S.A., Genève
Imprimé en Italie A 16 305 37-05
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