JULES BERRY.

« JULES BERRY.

On lui a fait jouer des canailles, des aigrefins, des tristes sires et il a composé le Diable dans un style flamboyant.

Sa popula - rité n'en a jamais été altérée.

Aujourd'hui encore, quand il envahit l'écran, le geste assuré, le sourire avantageux, des onde s de sympathie se propagent à travers la salle.

Victoire de son élégance, de la fameuse désinvolture avec laquelle il arbore le huit -reflets, joue de sa canne, se cambre dans son frac.

Triomphe de ses mains qui, à elles seules, pourraient mimer la comédie et qu'il transforme en oiseaux, parfait illu - sionniste prêt à tout escamoter, hormis son talent.

C'est le comédien -type des années folles au goût de cham pagne, et qui filent, laissant un sillage de paillettes et de serpentins.

Mais dans le cas Berry, il y a plus et mieux.

L'artiste considère avec une sourde pitié ses personnages les plus tarés, les plus marqués.

L'abominable Valentin du JOUR SE LÈVE conserve ainsi, au fond de l'oeil, une lueur triste, témoignage de la jeunesse gâchée et des espérances déçu es.

Le Malin des VISITEURS DU SOIR s'écrie, tout à coup déchirant, "Personne ne m'aime".

On ne peut dans ces conditions rejeter carrément ces monstres, même si l'on pré- fère Jules lorsqu'il se livre à des improvisations de virtuose.

Lorsque, cabotin sublim e, il dialogue avec Michel Simon dans LE MORT EN FUITE, lorsque, pianiste fastueux, il installe la folie devant le clavier de L'HABIT VERT, lorsque, grand écrivain malveillant et malfaisant de MARIE - MARTINE, il hume de son grand nez l'air du temps, traque la victime de son prochain roman et culbute dans la mort, la bouche sarcastique et la plume à la main.

RAYMOND CHIRAT. »