Joseph de Maistre1753-1821Traditionaliste et théoricien de la théocratie, ce magistrat savoyard a semé de fortes pagesdans ses Considérations sur la France (1797) et ses livres.
Publié le 23/05/2020
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Joseph de Maistre
1753-1821
Traditionaliste et théoricien de la théocratie, ce magistrat savoyard a semé de fortes pages
dans ses Considérations sur la France (1797) et ses livres. Du pape (1819) et De l'Église gallicane
(1820).
Son livre le plus célèbre, les Soirées de Saint-Pétersbourg , où sa justification du bourreau
et de la guerre soulève de si vives indignations, ne parut qu'au lendemain de sa mort.
Témoin et victime de la tourmente révolutionnaire, profondément impressionné par les excès
auxquels elle donna lieu, Maistre a subi l’influence de la Révolution française dans le même
sens que Bonald : sa doctrine s’est formée par opposition à la philosophie sociale et politique
du XVIIIe siècle, dont elle combat avec violence l’apriorisme rationaliste, la prétention à
construire ou à refaire la société et l’adhésion à la souveraineté populaire.
Entre la pensée de
Bonald et celle de Maistre, deux différences : alors qu’il y a une teinte de gallicanisme chez
Bonald, le traditionalisme de Maistre, farouchement ultramontain, suppose, outre la
restauration de la religion et de la monarchie, celle de la papauté dont la souveraineté est à
ces yeux infaillible et absolue.
D’autre part, plus sensible que Bonald à l’influence de
Montesquieu et des considérations de L’Esprit des lois sur l’adaptation des institutions à
“ l’esprit général ” de chaque nation, Maistre manifeste une conscience plus grande de la
relativité des structures politiques et de la diversité des milieux.
A ces différences près, sa
doctrine de l’ordre s’appuie sur la même méthode et a les mêmes prolongements politiques
que celle de Bonald.
Méthode historique, expérimentale, qui doit constituer, à l’exclusion de
toute autre méthode, une science et un art politique valables : en dénonçant la faiblesse de la
raison théorique dans la philosophie politique du XVIIIe siècle, Maistre entend montrer que
les réalités historiques sont seules sources de vérité : “ L’histoire est la politique
expérimentale, c’est-à-dire la seule bonne.
” Et c’est au nom de la seule efficience de la
méthode historique en politique que Maistre s’élève contre la théorie de l’état de nature et du
contrat social.
La société n’est pas une association, produit de la volonté humaine, mais une
“ agrégation autour d’un centre commun ”, ce centre commun étant le souverain, produit de
l’évolution naturelle.
A la théorie de l’homme naturellement bon de Rousseau, Maistre
oppose la conception chrétienne de l’homme perverti par le péché originel ; c’est parce que
“ l’homme naît mauvais dans une partie de son essence ” que des rivalités naissent et que
s’impose la nécessité du gouvernement.
Comme Hobbes, Maistre pense qu’il existe un état de
guerre entre les hommes.
Mais si la souveraineté est la conséquence inéluctable de la nature
humaine, l’état de guerre est l’effet d’une grande loi du monde spirituel.
Aussi bien la guerre
a-t-elle un caractère divin dans ses causes et dans ses conséquences morales : Maistre oppose
à la paix perpétuelle, annoncée au XVIIIe siècle, le sentiment très vif d’une nécessité naturelle
liée au mal radical de l’humanité coupable.
Doctrine du “ gouvernement temporel de la
Providence ”, la théorie mystique de Maistre admet cependant des limites humaines au
pouvoir : si la souveraineté est fondée sur un consentement des hommes, ce n’est qu’autant
que le peuple consent à obéir comme instrument à la volonté surnaturelle.
Dès lors est
légitime n’importe quelle forme de gouvernement à condition que le pouvoir, défenseur des
réalités nationales issues, comme la société, de l’évolution naturelle, soit fort et stable : la
société est l’intermédiaire qui donne aux hommes la parole, mais c’est l’État qui parle en toute
souveraineté au nom des hommes..
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