Joseph Beuys

« Joseph Beuys1921-1986 Avec son chapeau vissé sur le crâne, son légendaire blouson sans manches et à multiples poches, la silhouette deBeuys hante la scène artistique et politique de l'Allemagne des années soixante.

Admiré par ses étudiants del'Académie des beaux-arts de Düsseldorf, portraituré par Warhol, proche des écologistes, ce personnage hors ducommun se définit d'abord comme un sculpteur même s'il reste un artiste hors norme.

Ses parents étaientcommerçants à Clèves et c'est là qu'habitent aussi les frères Van der Grinten qui seront ses premierscollectionneurs.

Sans doute est-ce la raison pour laquelle il prétendra être né dans cette petite ville.

À l'âge de dix-sept ans, il est embrigadé dans les jeunesses hitlériennes, puis mobilisé deux ans plus tard.

Pilote de bombardierdans la Luftwaffe, il est affecté sur le front russe où il combat jusqu'à ce qu'en 1943 son avion, touché par un obus,s'écrase en Crimée.

Une tribu de Tatars le recueille et le sauve notamment par l'emploi de feutre et de graisse.Traumatisé par cette expérience des limites, il aura, par la suite, fréquemment recours à ces matériaux pour sesréalisations artistiques.

Légendaire ou authentique, l'origine de cette vocation comporte une charge symbolique siforte qu'elle est citée dans toutes les biographies.

Après la guerre, Beuys suit à Düsseldorf les cours de sculpture deJoseph Enseling, puis ceux d'Ewald Mataré, professeur qui exerce sur ses débuts une influence féconde.

De cesannées 50 datent des Oeuvres de facture assez fruste qui insistent surtout sur une esthétique abrupte accentuéepar l'utilisation de pièces de bois mal équarri ou de métaux calcinés.

De nombreux dessins, gravures et aquarelles, engénéral d'un format modeste, accompagnent cette production et déjà s'esquisse le bestiaire particulier de Beuys,composé de figures hâtivement croquées : cerfs, rennes, ours ainsi que quelques animaux difficiles à identifier.

Entrois ans, de 1958 à 1961, se met en place l'essentiel de son vocabulaire dont les principaux termes s'appellentcuivre, bois, feutre, graisse, os, miel… Quant à la syntaxe, elle s'articule dans une dialectique du rigide et dumalléable, du précis et du flou, du spontané et du didactique.

À la suite d'une courte dépression, il entame l'une deses périodes de plus intense activité.

Nommé professeur de sculpture à l'Académie des beaux-arts de Düsseldorf en1961, il stimule un parti d'étudiants de gauche, milite pour la démocratie directe et côtoie les Verts non sanssusciter, de part et d'autre, un enthousiasme teinté de suspicion.

Son engagement culmine en 1974 quand ils'associe à Heinrich Böll pour fonder l'Université internationale libre.

Cette trajectoire trouve en 1982 sa traductionsous la forme d'une quinzaine de panneaux intitulés Is it about a bicycle ? Les heurts et déboires (il est renvoyé del'Académie en 1972) du propagandiste marchent de pair avec une recherche plastique qui se cristallise alors sur leconcept de sculpture sociale.

Attiré par le mouvement Fluxus, il multiplie les performances, les plus importantesexécutées pendant une dizaine d'années, entre 1963 et 1974.

Le silence de Marcel Duchamp est surestimé inaugurela série des plus spectaculaires d'entre elles.

Viennent ensuite le Chef et Comment expliquer des tableaux à un lièvremort qui, tous deux, mettent en scène l'artiste avec un ou deux cadavres de lièvre.

L'animal réapparaît l'annéesuivante dans Eurasia.

Citons encore Iphigénie/Titus Andronicus en 1969 et Celtic en 1970-1971.

L'acmé de cespratiques rituelles est atteint à New York en mai 1974 lorsque Beuys, à l'occasion de l'inauguration de la galerie RenéBlock, s'enferme une semaine durant avec un coyote : I Like America and America Likes Me.

Présent aux principalesmanifestations internationales (Biennales de Venise en 1976 et de São Paulo en 1979), il participe plusieurs fois à laDocumenta de Cassel où il commence en 1982 à planter sept mille chênes.

Beuys meurt d'une crise cardiaque àDüsseldorf dans la soirée du jeudi 23 janvier 1986.

Nombre de ses Oeuvres sont rassemblées au musée deDarmstadt.. »