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Joffre DUMAZEDIER, Vers une civilisation du loisir : «Une des fonctions du cinéma est de visualiser les rêves, mais, ajoute Dumazedier, le spectateur se garde de prendre ces rêves pour des réalités. » Pensez-vous que ce comportement soit toujours celui du spectateur?

Publié le 13/07/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Joffre DUMAZEDIER, Vers une civilisation du loisir : «Une des fonctions du cinéma est de visualiser les rêves, mais, ajoute Dumazedier, le spectateur se garde de prendre ces rêves pour des réalités. » Pensez-vous que ce comportement soit toujours celui du spectateur?. Ce document contient 1265 mots soit 3 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format PDF sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Littérature.

« En quoi consiste l'attitude du spectateur actif ? Tout d'abord, il est sensible aux images, au mouvement, aux paroles, aux sons, à l'ensemble du film. Il cherche à se débarrasser des idées toutes faites, des préjugés moraux ou sociaux qui peuvent atrophier sa sensibilité directe à l'oeuvre. L'attitude active consiste d'abord à créer un état de totale disponibilité pour vivre pleinement la vie imaginaire qui est offerte, pour libérer totalement les mécanismes de projection ou d'identification, hors desquels il n'y a pas de participation effective. C'est le moment du « rêve éveillé ». Les intellectuels ne sont pas les seuls à risquer d'être dépourvus de cette capacité de réceptivité. Il arrive que des habitués des salles populaires, guidés par des normes morales étrangères à l'oeuvre, rient ou sifflent à contresens et réagissent sur un détail sans être touchés par le sens général de la scène. Alors le spectateur a raté le rendez-vous avec l'oeuvre par défaut de sensibilité ou par excès de conditionnement. Comme l'intelligence, la sensibilité peut être passive ou active. Elle aussi est susceptible de perfectionnement, de raffinement. Ensuite, le spectateur actif est compréhensif. Le film a son langage spécifique, son vocabulaire, sa grammaire, sa syntaxe : notre spectateur cherche à déchiffrer pendant ou après le spectacle[...]. A travers la forme, sa compréhension s'étend au fond. Il distingue la vraisemblance et l'invraisemblance. Il ne pleurera pas à tous les mélodrames de Margot (1) tout en étant sensible à toutes les vérités humaines. Après la projection il analyse plus ou moins le sens des actes et des caractères qui lui sont présentés, les conceptions artistiques ou philosophiques sous-jacentes, au moins lorsque le film se veut message. Bref il s'efforce de saisir la signification esthétique, psychologique, sociale ou philosophique d'une oeuvre selon les intentions de l'auteur. Il refait en partant de ses sensations et de ses impressions, le mouvement de la création cinématographique, «de l'image au sentiment, du sentiment à l'idée». Mais la compréhension interne de l'oeuvre n'est pas le terme de l'attitude active. Le spectateur actif s'éloigne de l'oeuvre pour l'apprécier. Il compare cette oeuvre avec d'autres oeuvres. Enfin il la rapproche de la réalité qu'elle exprime. E. Morin (2) souligne justement que même le réalisme « n 'est pas le réel, mais l'image du réel ». Cette image est-elle conforme ou non à la réalité ? Quels éléments a-t-elle retenus ? Quels éléments a-t-elle éliminés ? Quelle est la situation, la valeur, là signification du phénomène, d'une part sur l'écran, d'autre part dans la vie réelle ? Une des fonctions du cinéma est de visualiser les rêves, mais le spectateur se garde de prendre ces rêves pour des réalités, le jeu des vedettes pour l'activité de la femme éternelle », le monde « des esprits et des fantômes » pour le monde de tous les jours. Les phénomènes d'identification à des vedettes et de projection dans des situations filmiques appartiennent aux jeux de fiction provoqués par l'oeil magique. Peu durables ils sont facteurs d'équilibre, par trop prolongés ils risquent d'entraîner des inadaptations sociales. L'influence du cinéma sur la délinquance est très controversée, mais elle semble possible si le jeune n'est pas préparé à opérer le partage entre fantasmes et réalités. De ce point de vue, le développement de la censure nous paraît moins important que celui des facultés d'appréciation critique des spectateurs devenus capables de sortir de l'oeuvre pour la confronter aux situations de la vie réelle. Pour une attitude active, la réalité accomplie ou potentielle reste la mesure dernière de la fiction. Enfin le spectateur actif recherche l'explication. Il ne se borne pas à apprécier les forces ouïes faiblesses de l'oeuvre. Il cherche à connaître quelles en sont les raisons. L'oeuvre est le produit d'une conception artistique: quelle est sa relation avec l'art de l'auteur ? Cette conception est souvent appuyée sur des idées psychologiques, sociales, philosophiques. Quelles sont celles de l'auteur? Enfin ces idées elles-mêmes peuvent s'expliquer par la personnalité, la famille, le milieu social du créateur et l'époque à laquelle il a fait son film. Pour le spectateur actif l'oeuvre peut être le point de départ d'une passionnante recherche sur la culture, la société, l'homme, comme en témoigne l'oeuvre d'un A. Bazin (3) ou d'un E. Morin. ...»

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