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Jérôme Ferrari - Sermon sur la chute de Rome (Analyse philosophique)

Publié le 12/02/2021

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« Le sermon sur la chute de Rome Analyse philosophique Jérôme Ferrari est un écrivain français d'origine corse.

Né en 1968, il vit en Corse la plupart des ses jeunes années, avant d'étudier la philosophie à la Sorbonne.

Il possède en plus de son agrégation de philosophie un diplôme d'ethnologie.

Il enseigne la philosophie à Alger, à Ajaccio et à Abu Dhabi jusqu'en 2015, et exerce maintenant à Bastia.

Il obtient en 2012 le prix Goncourt, ultime distinction littéraire française, pour son roman Le sermon sur la chute de Rome .

Certains autres romans de sa plume ont eux aussi reçu des prix. Le sermon sur la chute de Rome est un roman contemporain qui se passe au XXI e siècle et qui suit deux protagonistes principaux, Matthieu et Libero, ainsi que Marcel, grand-père de Matthieu.

L'histoire de Matthieu et Libero commence à leur enfance, où Matthieu passe ses vacances dans le village de Libero.

Ils décident tous les deux de reprendre le bar du village et arrêtent leurs études de philosophie à Paris. Cependant leur entreprise qui semblait si bien marcher se dégrade peu à peu, faisant place aux tensions, à la débauche et à l'égarement, notamment Matthieu, qui n'assiste même pas à l'enterrement de son père après une mort douloureuse.

Libero, après une dispute, va, lui, abattre froidement un habitué du bar suite à une rixe de comptoir, qui détruit totalement les rêves de ces deux gérants de bar. L'histoire en parallèle de Marcel, le grand-père, montre quant à elle la lente dissolution de l'Empire colonial français au XX e siècle, et l'enracinement du vieil homme dans un monde qui se meurt déjà. Une inspiration personnelle Jérôme Ferrari s'est beaucoup inspiré de sa vie pour créer les personnages du roman.

Ceux-ci sont jeunes et insouciants et se lancent dans des études de philosophie qu'ils abandonnent, en écho au parcours que Ferrari parviendra, lui, à finir.

Le personnage de Marcel peut être aussi tiré en partie de son expérience à Alger, où il a vu les stigmates encore saignantes de l'occupation française qui a duré près de 130 ans, et aussi inspiré de son grand-oncle Antoine, à qui est dédicacé le roman.

Matthieu peut refléter les parisiens que Ferrari a rencontré lors de son apprentissage à Paris et bien sûr Libero le représente lui (auquel il a sûrement ajouté des caractères d'autres connaissances corses).

Ferrari s'adonne donc ici à une sorte d'autobiographie revisitée et modifiée, appelée en littérature une autobiographie romancée. Un rapport étroit à Saint Augustin • Le titre : le titre du roman fait référence à un sermon d'Augustin d'Hippone, dit Saint Augustin, qui a vécu de 354 à 430.

Son sermon donne plusieurs enseignements sur la construction et le développement de notre monde, ou encore des préceptes chrétiens (rappelons que Augustin d'Hippone a été canonisé en 1298, c'est à dire qu'il est considéré par l'Église comme une grande figure du catholicisme) et Ferrari a repris beaucoup de citations dans son roman pour mettre en rapport l'histoire contemporaine avec la nouvelle de la chute de Rome qui a affecté Saint Augustin, au point d'en faire un sermon.

Il a d'ailleurs placé en exergue le sermon original et traduit ainsi que sa traduction et interprétation personnelle. • Les parties du livre : chacune des sept parties du livre possède un titre tiré du sermon de Saint Augustin dans La Cité de Dieu . → La première, qui présente pour la première fois Marcel est nommée « Peut-être Rome n'a-t-elle pas péri si les Romains ne périssent pas ».

Cette partie montre en effet le personnage de Marcel, déjà anéanti par l'injustice du sort entre lui et son grand frère Jean-Baptiste, qui a réussi à entrer dans l'armée contrairement à Marcel, et le titre prévoit sans doute la future perdition de Marcel dans les colonies françaises, où il perd sa femme et devient fou de maladie.

Cependant historiquement la chute de Rome est due aux invasions barbares et vandales et non à la dérive du peuple romain.

Le roman porte en effet beaucoup sur la dérive mentale des personnages, qui se laissent aller à leurs rêves, leurs désirs, leurs envies.

Certains sont même animalisés par ces appétits, comme Marcel avec l'épisode de la prostituée, trace honteuse de son passé raté, ou Libero à la fin du roman qui se laisse submerger par la violence en exécutant froidement et publiquement le voleur de leur bar. → La deuxième est nommée « N'éprouvez donc pas de réticences, frères, pour les châtiments de Dieu ». Celle-ci nous montre la jeunesse de Matthieu, alors vacancier métropolitain, et de Libero, local du petit village, et la descente aux enfers de Hayet, gérante, qui peine à faire vivre son bar, fréquenté par les chasseurs des alentours, ivres dès la première heure à coups d' « infecte soupe jaunâtre » (la boisson Ricard).

Lors du départ d'Hayet à cause des mauvais bénéfices de son établissement, « une série de calamité [s'abbatit] sur le bar du village comme la malédiction divine », qui s'appelle Bernard Gratas, nouveau gérant détesté des habitants qui plonge encore plus le bar dans les dettes non-remboursables.

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