JEC
Publié le 15/05/2020
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1 / 2 12 avril1967 Série C-24 Fiche N° 1712
JEC
1.
La Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) apparaît comme l'un des mouvements
d'action catholique les plus turbulents des années d'après-guerre.
Ses militants,
élèves de l'enseignement secondaire et étudiants des facultés, se sont trouvés en état
de conflit latent avec la hiérarchie épiscopale.
En dix ans (1956-1966) trois crises ont éclaté au grand jour.
Deux conceptions fondamentalement opposées de l'Action catholique s'affrontent.
Pour les évêques, attachés à la distinction traditionnelle du
spirituel et du temporel, la JEC doit limiter son action à l'apostolat et à la christiani sation.
Les dirigeants JEC revendiquent au contraire le droit de participer, aux côtés
d'organisations de jeunesse de toute appartenance, à l'ensemble des activités du
monde scolaire et universitaire.
2.
Créée en 1929, la JEC fait alors partie de l'Action catholique de la jeunesse fran çaise (ACJF) tout comme la JOC (Jeunesse ouvrière) et la JAC (Jeunes agriculteurs).
Elle s'implante lentement et difficilement.
L'esprit laïc prédomine.
Recrutant essentiel lement en milieu bourgeois, la JEC est dans l'ensemble très conservatrice.
De plus,
jusqu'à la guerre, ses militants demeurent isolés et sans grande influence.
Porter l'enseignement du Christ en milieu étudiant reste leur objectif fondamental.
3.
A la Libération, la situation change totalement.
La JEC résistante entend participer
à la rénovation de l'Université.
La hiérarchie catholique, parfois compromise avec
Vichy, n'est pas en mesure d'enrayer le mouvement.
Les mains libres, la JEC devient
rapidement une des premières forces en milieu étudiant.
L'UNEF corporatiste ne lui
résiste pas longtemps.
La JEC lui donne ses premiers cadres de valeur et contribue
à en faire un véritable syndicat.
Plusieurs générations d'étudiants ont subi directement
ou indirectement son influence.
On les retrouve aujourd'hui au PSU.
4.
L'Eglise reprend progressivement la situation en main.
Au sein de I'ACJF, la JEC
se heurte à la JOC, foncièrement apolitique.
Cette tension fournit à l'épiscopat l'occa sion d'intervenir.
En 1956, première crise: étudiants et jeunes agriculteurs entrent en conflit avec la JOC, appuyée par les évêques.
L'ACJF éclate.
Un an plus tard, la JEC prend officiellement position contre la guerre d'Algérie.
Toute l'équipe dirigeante est
contrainte de démissionner.
De nouveaux cadres sont nommés; ils se cantonnent
d'abord dans un strict apolitisme.
Mais en 1965, nouvelle crise.
La JEC n'a pas à prendre position sur la réforme de l'Université, déclare Mgr Veuillot, les réformes
de structure ne sont pas de sa compétence.
Le mouvement est, une nouvelle fois,
décapité.
5.
L'épiscopat ne se contente pas cette fois d'une nouvelle direction.
Quelques mois
plus tard, en septembre 1966, la JEC doit se séparer de sa branche étudiante, la plus
dynamique, comme la plus progressiste et la plus frondeuse.
Depuis lors, le mouve ment ne comprend plus que les élèves du secondaire, du technique supérieur et des
années préparatoires aux grandes écoles.
L'ex-JEC universitaire est dirigée vers une
nouvelle organisation,
I'ACU (Action catholique universitaire), mouvement de spiri tualité qui regroupe tous les étudiants catholiques quelles que soient leurs tendances
politiques.
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