Jean Rouaud écrit : Nous n'avons jamais vraiment écouté ces vieillards de 20 ans dont le témoignage nous aiderait à remonter les chemins de l'horreur. Entre ce témoignage vécu et la fiction, quel est selon vous,l e meilleur moyen de dénoncer la guerre ? Vous développez votre opinion en prenant appuis sur l'ensemble du corpus et sur d'autres oeuvres (littéraires, cinématographiques, picturales) que vous avez abordées en classe ou personnellement.
Publié le 09/12/2021
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Ce sujet met l'accent sur le conflit entre fiction et réalité historique lors de l'évocation d'un sujet polémique : ici, la guerre. C'est dans Les champs d'honneur que Jean Rouaud écrit : « Nous n'avons jamais vraiment écouté ces vieillards de vingt ans dont le témoignage nous aiderait à remonter le chemin de l'horreur ». Il met dès lors en relief le manque d'attention accordé aux témoignages des soldats, « ces vieillards de vingt ans », l'oxymore révélant ici la marque profonde et ineffaçable de la guerre tant dans le corps que dans l'âme. Rouaud révèle ici l'importance du témoignage pour comprendre la guerre, pour « remonter les chemins de l'horreur », c'est-à-dire retrouver les causes de l'atrocité de la guerre, les analyser afin peut-être de ne pas demeurer dans l'immédiateté de l'horreur. à les témoignages sont finalement présentés comme un premier pas dans une tentative de saisie rationnelle et d'explication de la guerre. Le sujet élargit la réflexion de Rouaud en invitant à une comparaison entre témoignage issu d'un vécu de la guerre et fiction (sous toutes ses formes : littéraires, artistique, cinématographique...). Le sujet est par ailleurs centré autour de la dénonciation de la guerre : il ne s'agit pas de la comprendre et de l'analyser mais d'en dénoncer les fondements, les travers et les dérives.
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Analyse du sujet et problématisation : Ce sujet met l'accent sur le conflit entre fiction et réalité historique lors de l'évocation d'un sujet polémique : ici, la guerre. C'est dans Les champs d'honneur que Jean Rouaud écrit : « Nous n'avons jamais vraiment écouté ces vieillards de vingt ans dont le témoignage nous aiderait à remonter le chemin de l'horreur ».
Il met dès lors en reliefle manque d'attention accordé aux témoignages des soldats, « ces vieillards de vingt ans », l'oxymore révélant ici lamarque profonde et ineffaçable de la guerre tant dans le corps que dans l'âme.
Rouaud révèle ici l'importance dutémoignage pour comprendre la guerre, pour « remonter les chemins de l'horreur », c'est-à-dire retrouver les causesde l'atrocité de la guerre, les analyser afin peut-être de ne pas demeurer dans l'immédiateté de l'horreur.
à les témoignages sont finalement présentés comme un premier pas dans une tentative de saisie rationnelle etd'explication de la guerre. Le sujet élargit la réflexion de Rouaud en invitant à une comparaison entre témoignage issu d'un vécu de la guerre et fiction (sous toutes ses formes : littéraires, artistique, cinématographique…).
Le sujet est par ailleurscentré autour de la dénonciation de la guerre : il ne s'agit pas de la comprendre et de l'analyser mais d'en dénoncerles fondements, les travers et les dérives. Problématique : Quel est le support le plus efficace pour remettre en cause les fondements mêmes de la guerre : le témoignage issu du vécu ou la fiction ? Finalement, ce sujet met en jeu le conflit traditionnel non résolu entre littérature et histoire, entre écrivains et historiens.
I) Le témoignage : la garantie de la réalité 1) Une prétention à l'objectivité : le témoignage comme document Le témoignage vécu apparaît comme un bon moyen de dénoncer la guerre car il vaut comme document historique ; il possède l'argument de l'authenticité et, de ce fait, de l'objectivité.
Il se présente donc comme unepreuve irréfutable des atrocités de la guerre, puisque une preuve réelle, palpable. NB : à ce titre le témoignage filmé possède d'ailleurs plus de crédibilité que le témoignage écrit.Ex : Témoignages des soldats de la première ou deuxième guerre mondiale servent de documents explicatifs des conditions de vie au front dans les livres d'histoire et apparaissent comme des émanations de la vérité de laguerre.
Cf.
les lettres de poilus ou les entretiens après guerre à entretien effectué en novembre 1987 par L.
BAROU auprès d'un Poilu de 1914-1918, Marius GUINAND, né le 24 octobre1890 à Sorbiers, près de Saint-Etienne : Ils étaient debout dans les tranchées...
Ils tiraient...
Alors, nous - le capitaine avait été tué la veille, le lieutenant avait pris le commandement, oh ! il était bien gentil et puis il marchait comme nous - on avançait -c'étaient des fourrés - il y en avait qui se cachaient derrière les arbres...
On s'est aplati...
comme ça ...
et c'estcomme ça ...
Je regardais si le lieutenant disait d'avancer ou de reculer ... 2) La garantie d'un « effet-choc » : le poids des mots et de l'image authentiques Le témoignage est un bon moyen pour dénoncer la guerre car il garantit, en outre, un effet choc sur ceux qui l'écoutent, le lisent ou le voient (selon le support choisi).
En effet, la dimension authentique d'un témoignage accroîtl'émotion du destinataire qui ressent un sentiment de compassion mêlé d'horreur.
Son authenticité amène aussi ledestinataire à d'interroger que l'essence de l'espèce humaine, invitation à une interrogation existentielleprofondément angoissante. Ex : Certains documentaires fondés sur des témoignages d'anciens détenus des camps de concentration mettent à l'épreuve ceux qui les voient : Nuits et Brouillard ou Shoah.
à cette volonté de pousser le destinataire dans ses limites émotionnelles vise à dénoncer avec plus d'efficacité les horreurs produites par laguerre. 3) Les limites du témoignage : quand la description de la réalité de la guerre devient ineffable Mais le témoignage n'est pas toujours possible : la guerre est souvent ineffable, ceux qui l'ont vécu en reviennent marqués psychologiquement et ne peuvent souvent faire partager leur expérience, soit parce qu'il nesont pas crus, soit parce que ce qu'ils ont vécu est si horrible qu'il sont frappés de mutisme, ne sachant pascomment raconter. Ex : ces mots d'un poilu inconnu évoquant la difficulté du témoignage : « A quoi bon leur raconter la vie du front ? Ils ne peuvent pas comprendre »
II) La fiction : le relais du témoignage ? Le témoignage étant parfois impossible pour dénoncer la guerre, la fiction prend alors le relais.
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