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Jean GIRAUDOUX, La Guerre de Troie n'aura pas lieu, II, 5: Hector, Démokos et Priam

Publié le 09/12/2021

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Jean GIRAUDOUX, La Guerre de Troie n'aura pas lieu, II, 5: Hector, Démokos et Priam. Ce document contient 0 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Littérature
RÉSUMÉ Au moment de prononcer le discours aux morts, Hector exprime sa mauvaise conscience de survivant, alors que les soldats à qui il s'adresse sont morts pour la victoire. Il est interrompu par Démokos, choqué par ses paroles apparemment cyniques. Puis il refuse d'égaliser d'une manière fallacieuse tous les morts dans une même admiration. Honteux de leur anéantissement, il s'excuse auprès d'eux de jouir. encore de la douceur de vivre. ANALYSE Ce texte est constitué par un discours. Mais l'interruption d'un autre personnage, Démokos, détermine deux mouvements différents. a) Première partie du discours : vainqueurs morts et vivants Après une phrase adressée directement aux morts, et dont la dérision est marquée par l'opposition des termes, le discours se déroule à partir du mot « vainqueur ». Ce mot ne s'oppose pas comme on s'y attendrait à « vaincu », mais le parallèle s'établit entre « vainqueurs vivants » et « morts ». Le discours d'Hector évolue par associations d'idées, pour développer le thème suivant : vous êtes morts pour la victoire alors que la vraie chance, c'est d'être vivant ; vainqueurs ou vaincus, les survivants prendront votre place. b) Interruption de Démokos . Démokos intervient par respect pour les morts. Mais Hector insinue que ses propos s'adressent aux vivants. c) Deuxième partie du discours : refus et honte des effets de la guerre Si Hector exprime encore la dérision que représente l'hommage des vivants aux morts, il ne procède plus ensuite par association d'idées. Il avoue son horreur de la guerre, parce qu'elle détruit l'homme en niant son existence d'individu distinct ; c'est pourquoi il refuse de leur porter à tous le même hommage. N'acceptant ni l'idée de châtiment, ni celle de sacrifice glorieux et enviable, il se sent coupable envers eux de vivre encore. Deux grands thèmes se dégagent de ce texte : la mort confond tous les hommes vainqueurs ou vaincus, et même braves et peureux si l'on n'y prend pas garde ; la mauvaise conscience des survivants face aux morts. Le premier est d'une plus large portée que le second. C'est celui-là donc que nous avons choisi de commenter.

« RÉSUMÉAu moment de prononcer le discours aux morts, Hector exprime sa mauvaise conscience de survivant, alors que les soldats à qui il s'adresse sont mortspour la victoire.

Il est interrompu par Démokos, choqué par ses paroles apparemment cyniques.

Puis il refuse d'égaliser d'une manière fallacieuse tous lesmorts dans une même admiration.

Honteux de leur anéantissement, il s'excuse auprès d'eux de jouir.

encore de la douceur de vivre. ANALYSECe texte est constitué par un discours.

M ais l'interruption d'un autre personnage, Démokos, détermine deux mouvements différents.a) Première partie du discours : vainqueurs morts et vivantsAprès une phrase adressée directement aux morts, et dont la dérision est marquée par l'opposition des termes, le discours se déroule à partir du mot «vainqueur ».

Ce mot ne s'oppose pas comme on s'y attendrait à « vaincu », mais le parallèle s'établit entre « vainqueurs vivants » et « morts ».

Le discoursd'Hector évolue par associations d'idées, pour développer le thème suivant : vous êtes morts pour la victoire alors que la vraie chance, c'est d'être vivant ;vainqueurs ou vaincus, les survivants prendront votre place.b) Interruption de Démokos .Démokos intervient par respect pour les morts.

Mais Hector insinue que ses propos s'adressent aux vivants.c) Deuxième partie du discours : refus et honte des effets dela guerreSi Hector exprime encore la dérision que représente l'hommage des vivants aux morts, il ne procède plus ensuite par association d'idées.

Il avoue sonhorreur de la guerre, parce qu'elle détruit l'homme en niant son existence d'individu distinct ; c'est pourquoi il refuse de leur porter à tous le mêmehommage.

N'acceptant ni l'idée de châtiment, ni celle de sacrifice glorieux et enviable, il se sent coupable envers eux de vivre encore.Deux grands thèmes se dégagent de ce texte : la mort confond tous les hommes vainqueurs ou vaincus, et même braves et peureux si l'on n'y prend pasgarde ; la mauvaise conscience des survivants face aux morts.

Le premier est d'une plus large portée que le second.

C 'est celui-là donc que nous avonschoisi de commenter. INTRODUCTIONDans la seconde partie de son discours, Hector refuse de confondre tous les soldats morts dans une même admiration, il explique ainsi son dégoût de laguerre : « ...la guerre me semble la recette la plus sordide et la plus hypocrite pour égaliser les humains...

» S'il est étonnant d'entendre s'exprimer ainsi ungénéral d'armée, il faut se demander ce qui lui répugne, et pourquoi il montre cette véhémence.

Pour cela il est important de se rappeler que cette pièce LaGuerre de Troie n'aura pas lieu fut écrite par Giraudoux à un moment où chacun sentait confusément qu'une guerre était inévitable ; nous ne devons doncpas nous cantonner à ce que représentait la guerre dans la Grèce antique, mais au contraire donner à Hector une sensibilité moderne, et à ses paroles unerésonance familière. I.

- A QUOI S'OPPOSE HECTORLe discours d'Hector prend tout son intérêt par rapport à ce que nous savons des discours habituels, prononcés lors des hommages rendus aux soldatsmorts.

Les thèmes traditionnels en cette occasion sont : la reconnaissance éternelle de la patrie, le rappel des actions héroïques des soldats, etl'affirmation de l'utilité de leur mort.

Ici, Giraudoux se livre à un anti-discours : la reconnaissance des survivants n'est guère éternelle puisqu'ils s'efforcentde les effacer : « Nous couchons avec nos femmes...

A vec les vôtres aussi...

» Si Hector reconnaît que certains soldats furent très courageux, il ne passepas sous silence que d'autres ont eu peur et ont reculé.

Et l'on se demande en l'écoutant s'ils ne sont pas morts pour rien, puisqu'il ne fait déjà plus ladifférence entre vainqueurs et vaincus, que les seuls vainqueurs sont les survivants. III.

- LA GUERRE COMME ÉGALISATION DES HUMAINSLe mérite du discours d'Hector est donc de mépriser ces arguments fallacieux.

Il dévoile aussi une préoccupation importante : ce qu'Hector refuse le plusdans la guerre, c'est l'égalisation des hommes.Certains ont été frappés par le problème contraire : ils regrettent que les hommes soient au départ inégaux, que quelques-uns soient bêtes, d'autreshandicapés physiquement ou forts comme Goliath.

Hector, lui, tient à une diversité qui garantit à l'homme son existence comme individu distinct, avant tout; son refus de confondre, lorsqu'ils sont morts, les braves et les lâches, est très significatif.

Si personne ne se préoccupe de l'attitude qu'eut un homme deson vivant, sa vie se trouve privée de toute signification.Or la guerre nivelle les hommes à double titre : d'abord comme soldats.

Gromaire, dans son tableau intitulé La Guerre, en a donné une expressionsaisissante.

Il représente fort bien ce que veut dire Denis de Rougemont dans son ouvrage L'amour et l'occident : « Il ne s'agissait plus de violence dusang, mais de brutalité quantitative, de masses lancées les unes contre les autres non plus par des mouvements de délire passionnel, mais bien par desintelligences calculatrices d'ingénieurs.

» Cela, c'est la guerre moderne, non pas la guerre de Troie chantée par Homère, où les héros s'affrontentpersonnellement.

Nous voyons donc que la pièce de Giraudoux n'a que des rapports lointains avec la période historique où elle est censée se situer.

C ettephrase d'Hector serait incompréhensible en dehors d'un contexte contemporain.

En revanche, nombreux sont les écrivains de notre époque qui furentfrappés par cet aspect de la guerre moderne.

Dans son roman Le Feu, Barbusse écrit à propos de la guerre 1914-1918 : « ...On est ébloui par cepoudroiement d'hommes aussi petits que les étoiles du ciel.

Pauvres semblables, pauvres inconnus, c'est à votre tour de donner ! Une autre fois ce sera lenôtre.

A nous demain, peut-être, de sentir.

les cieux éclater sur nos têtes ou la terre s'ouvrir sous nos pieds...

»Ainsi, faute d'avoir su rendre les hommes égaux, et cependant gênés par leur existence d'individus libres, on a trouvé ce moyen de les égaliser.

Il est en faitle plus hypocrite aussi, car, sous couvert de patriotisme, les Grands règlent leurs comptes en lançant les peuples les uns contre les autres.A cette phrase qui nous montre qu'Hector ne s'en prend pas aux combattants eux-mêmes, mais à la guerre qui les entraîne, s'opposent les paroles decertains hommes qui ont réfléchi à ce problème.

Joseph de M aistre par exemple déclare dans Les soirées de Saint-Pétersbourg : « La guerre est divine enelle-même, puisque c'est une loi du monde ».

« Recette » pour l'un, « loi » pour l'autre, ce phénomène est interprété très diversement.

Pourtant, lesdernières expériences malheureuses en ce domaine ont appris aux hommes que la guerre est bien plutôt le résultat d'une situation économique, sociale etpolitique, n'est donc pas fatale.

Mais si on reconnaît volontiers que la guerre peut être enrayée dans la mesure où les hommes eux-mêmes en sontresponsables, beaucoup ne s'accordent pas sur ses effets. II.

- DISCUSSION DE PRINCIPELes partisans de la guerre ont toujours eu de raisons humanitaires à avancer.

Mussolini écrit ainsi dans son ouvrage intitulé Fascisme : «La guerre seuleporte toutes les énergies humaines à leur tension maximum et imprime le sceau de noblesse sur ceux qui ont le courage de lui faire face.

» Son argument serapproche, en le déformant, de celui de Freud, selon lequel certaines énergies psychologiques habituellement refoulées trouvent le moyen de s'exprimerdans la guerre.

Ainsi, Mme E.

Harding, disciple de Jung, écrivit en 1933 ce passage malheureusement prophétique : « A ujourd'hui les signes ne manquentpas, qui annoncent que les marées montent dans l'inconscient des individus, comme dans celui des peuples.

Si elles se précipitent sur le monde, une fois deplus le déluge anéantira les réalisations de la civilisation.

» M ais Mussolini, lui, raisonnait de façon moins scientifique et n'envisageait que la « tensionmaximum » des énergies humaines, sans se préoccuper de leur éclatement inévitable.

Nous avons appris à nos dépens que l'homme ne peut assumer troplongtemps, sans se détruire, une mobilisation continue de tout son être.

En fait, la « noblesse » semble avoir appartenu plutôt à ceux qui, pris dans unengrenage au mouvement irréversible, ont tenté de maintenir présents autour d'eux des rapports humains amicaux en opposition avec les lois de la guerre.Mais à côté de ceux-là, combien d'hommes ont dénoncé leurs meilleurs amis, ont abandonné leurs proches ! Avec la guerre l'homme retrouve la loi animalede la «jungle », celle du plus fort, anéantissant ainsi en lui-même la civilisation, produit de son humanité.Enfin, la guerre égalise les hommes définitivement par le massacre, la mort de milliers de soldats qui, d'individus distincts, rejoignent la masse de pourritureet de poussière, innommable. CONCLUSIONCe discours aux morts est donc animé par la haine de la guerre, alors que les États européens commencent à l'envisager.

Mais il est dommage queGiraudoux ait diminué la portée de ses paroles en situant ses héros dans un temps où des dieux auxquels on ne croit plus dirigeaient lès hommes.

C ettephrase exprimant son dégoût de la guerre, n'apparaît plus alors que comme un jugement impuissant devant la réalité.. »

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