Jean Giono 1895-1970 ou la Solitude rustique
Publié le 14/10/2020
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«
Jean
Giono 1895-1970
ou la Solitude rustique
Jean Giono est avant tout un homme de Haute-Provence.
Là est sa vérité.
Là est aussi son drame : la campagne ne
l'a pas préparé aux réalités contemporaines.
Lorsque vient
la guerre, il refuse de prendre les armes.
Cet antimilita
risme lui vaut la prison à deux reprises : « L'époque
moderne, je m'en fiche.
»
Il s'en évade alors dans des
romans d'inspiration historique.
Dans sa première manière, Giono apparaît comme un
romancier pastoral.
La terre qu'il décrit et les mœurs
paysannes qu'il dépeint, sont authentiques : elles ne se
soumettent pas aux exigences du pittoresque provençal.
Colline, Un de Baumugnes (1920) et Regain (1930) sont
des contes naïfs où l'odeur de la lavande et de l'olivier
parfume les passions des hommes.
De Colline (1929) à
Que ma joie demeure (1935), la communion intense avec
le pays de son enfance rend cependant Giono encore plus
sensible au pathétique, voire au tragique, des conditions
rurales.
Lorsqu'il emprunte ses sujets à l'histoire du
XIX• siècle, il choisit un modèle qui l'exalte.
C'est Stendhal.
Mais on n'écrit pas deux fois la Chartreuse de Parme.
Alors Giono invente son Fabrice del Dongo : ce sera
Angelo Pardi, autre être d'exception.
Il le veut jeune, beau, généreux.
Au fil de plusieurs
romans (1951, le Hussard sur le toit; 1958, Angelo), il le
lance dans une quête éperdue du bonheur.
Mais, malgré
tous ces ingrédients stendhaliens, Giono reste lui-même.
Angelo Pardi passe par Manosque en 1838 et ce qu'il voit
est immuable : « Sur les talus brûlés jusqu'à l'os quelques
chardons blancs cliquetaient au passage comme si la terre
métallique frémissait à la ronde sous les sabots du cheval.
Il n'y avait que ce petit bruit de vert�0J7 très craquant
malgré le bruit du pas assourdi par la poussière et un
silence si total que la présence des grands arbres muets
devenait presque irréelle.».
»
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