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Jean Giono: Le travail de Barbe au métier à tisser. Commentaire

Publié le 19/12/2021

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« [Introduction] Jean Giono est un auteur contemporain ; mais le travail qu'il dépeint est un travail archaïque et rare.

En effet, dans une alternance entre narration et description, le texte évoque une scène magique, où une vieille femme retrouve les gestes anciens du tissage, avec une dextérité fascinante.

Dans un premier temps, nous verrons à quel point le travail du tissage semble facile ; puis nous analyserons la valeur et la signification toute particulière que le texte accorde aux sons ; enfin, nous finirons par dégager les composantes de l'atmosphère magique du texte. [Un travail extraordinairement facile] Le travail de Barbe au métier à tisser paraît extraordinairement facile.

D'emblée, au premier paragraphe, le narrateur compare son outil à un oiseau voletant : « La navette volait d'elle-même.

[...] Elle se posait, [...] s'envolait [...], comme un oiseau qui part et qui repart.

» Il souligne ainsi le caractère insaisissable et léger de la navette, et fait de ce travail un travail « sans efforts », et comme libéré de la main humaine : « la main ne se refermait pas et la navette s'envolait toute seule vers la paume gauche ».

Le travail se fait tout seul. L'augmentation du travail, qui monte « comme une eau qui s'entasse dans un bassin », est rapide.

La comparaison souligne, grâce à l'image de fluidité qu'elle évoque, la facilité du travail.

Mais elle montre aussi sa rapidité grâce à l'emploi, étonnant pour parler de l'eau, du verbe « s'entasse(r) ».

C'est, dans cette même phrase, le troisième verbe qui relève de ce champ lexical : « construire » et « augmenter » étaient les deux premiers. Si la navette vole, si l'ouvrage augmente vite et facilement, on constate que ce ne sont pas les seules qualités de ce travail très aisé.

Précision, régularité, continuité le caractérisent également.

La précision du geste apparaît à plusieurs reprises ; le mouvement de la navette va invariablement « d'un côté dans la paume droite [...] vers la paume gauche ».

À la ligne 19, le narrateur évoque ses « mouvements précis ».

En plus d'être précis, le geste est régulier; le mot n'est précisé qu'à la ligne 20 sous forme adverbiale, mais l'idée a été évoquée bien avant, car on peut la lier à la continuité du travail.

Celui-ci paraît d'autant plus facile qu'il ne s'arrête jamais et va toujours au même rythme.

En effet, toutes les actions inhérentes au métier et à la vieille femme sont exprimées à l'imparfait, pour indiquer l'idée de répétition et de durée.

Enfin, certains mots et expressions recouvrent la même connotation ; on peut relever : « de moment en moment », « toujours pareil », « sans arrêt », ou le verbe « continuer ». Le travail du métier à tisser incarne donc une perfection sans effort, et attire toute notre attention. [Les sons émis par l'homme et par la machine instaurent entre eux un rapport inhabituel] Si la machine est au centre du texte, c'est aussi parce qu'elle influence les êtres qui l'entourent, et les sons jouent le rôle principal dans le nouveau dialogue qui s'instaure entre eux. Le dialogue traditionnel est en effet rendu impossible par le bruit du métier à tisser : « On n'entendait pas toutes les paroles.

On entendait : "Aime joie, aime joie", puis le bruit claquetant des baguettes de la navette, de la barre, le tremblement sourd des montants. » De la même façon que les bruits du métier couvrent les paroles de la chanson, ils rendent également la communication orale impossible ; au cri de Marthe : « Qu'est-ce que vous chantez ? » Barbe répond par une autre question : « Quoi ? » et, comme elle réitère sa demande sous une forme elliptique (« la chanson », I.

14), Barbe fait une dernière réponse absurde : « Oui », en criant, elle aussi.

Le bruit de la machine empêche donc une compréhension mutuelle. Pourtant, le travail n'exclut pas tout son d'origine humaine, et ses bruits semblent inséparables du chant de Barbe.

Le lien logique « et » semble être l'un des moyens d'expression choisis par le narrateur pour les attacher l'un à l'autre ; après une première. »

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