Jean Dubuffet
Publié le 16/05/2020
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Jean Dubuffet
(1901-1985).
Artiste français à l'origine de l'Art brut, dans les années 1940.
Inspiré par les graffitis et lesdessins d'enfants, il utilisait des matériaux divers, tels que le plâtre, des tampons métalliques et de lapaille, pour peindre et sculpter des surfaces aux textures particulières.
L'Art brut sortit de l'anonymat en 1945 grâce à une exposition des oeuvres de Dubuffet, mais égalementde peintures exécutées par des malades mentaux et des artistes naïfs ou autodidactes.
Ses proprespeintures et sculptures sont marquées par le primitivisme et l'expressivité.
Jean Dubuffet
Né au Havre, Dubuffet montra un talent précoce de caricaturiste.
Il s'inscrivit à l'Académie Julian de Paris, maisestimant que l'art ne pouvait occuper toute une vie, il reprit en 1925 le florissant négoce en vins de son père, avantde s'établir quelques années plus tard comme grossiste à Paris.
Toutefois, en 1942, il abandonna définitivement lenégoce de vins pour se consacrer à l'art.
Les graffiti inspiraient beaucoup Dubuffet, qui y voyait "l'art de MonsieurTout-le-Monde".
Son trait, en peinture comme en dessin, était brut et sans fioritures.
Il préférait l'art spontané desenfants et des fous et collectionnait des tableaux réalisés par des psychotiques.
En les exposant, il inventa le termeart brut.
Dans ses premières oeuvres réunies dans la série Marionnettes de la ville et de la campagne, il utilisa descouleurs vives, dans des compositions sans perspective.
Sa première exposition, après la Libération, scandalisa lesmilieux artistiques parisiens.
Plus tard, il construisit des sculptures monumentales, comme le Groupe de quatre arbrespour le Chase Manhattan Plaza à New York.
Pour ses Pâtes, il utilisait des bandes dessinées, des puzzles, despigments noirs et bleus, du sable et du verre.
A partir de 1962, il n'employa plus que des pigments rouges, blancs,noirs et bleus, dans un souci d'opposition systématique à l'esthétisme.
Dubuffet refusait toute hiérarchie entre lesobjets, beaux ou laids, qu'il utilisait, comme il s'en expliqua dans ses textes, publiés en 1967.
Les gens d'une certaine génération, en Occident, ne pensent jamais que ceux de la suivante les trouveront ridicules,provisoirement, en attendant qu'une autre découvre dans leurs traces des charmes dignes d'un musée non pasimaginaire, mais concret.
Cela, du moins, s'est passé ainsi, depuis disons, environ deux ou trois siècles.
La voiture automobile, à coup sûr, représente l'une des plus grotesques manifestations contemporaines de lasottise.
Il n'y a guère que les humoristes professionnels qui le disent, mal le plus souvent, et ils ne détourneront pasle reste de l'humanité (souffrante) de continuer à vénérer une invention utile certes, mais devenue une manieredoutable.
Dubuffet, lui, n'y va pas par quatre chemins ; il donne de la voiture (la Wature) automobile unereprésentation parfaitement écoeurante et parfaitement juste.
Cet objet se présente à nous sous forme d'une sorted'amibe dont les pseudopodes sont les quatre roues (pseudopodes bien nommés en ce cas), le capot et le coffre,les phares ayant parfois la dignité de tentacules céphaliques.
Au centre de cette amibe, un noyau contient un oudeux êtres grimaçants qui sont ce que la conduite automobile a fait de l'homme : un sombre abruti.
C'est là unerévélation.
Autre révélation : les barbus.
Ils sont plus rares que les automobilistes pourtant, et pourtant Dubuffet, de par undécret de son caprice, en exagère l'importance.
Leur réalité dissipée redevient de nouveau menaçante ; un tic dupeintre impressionne.
Il les chante, de plus, et d'une façon incantatoire.
Il y a un film sur ce sujet.
A ce propos :Dubuffet, comme la plupart de ses contemporains et contrairement à un lieu commun éculé sur la "spécialisation",Dubuffet, dis-je, est polymorphe, comme Cocteau, Sartre, Picasso et bien d'autres grands hommes de notre siècle.Musicien, graveur, sculpteur, écrivain, linguiste, poète de toutes ces activités je ne parlerai point ici, essayant deme contenter de son activité de peintre, sur laquelle d'ailleurs il a écrit avec tant de lucidité et de compétence queje ne vois pas trop ce qu'il reste à en dire.
Sautant par-dessus cet obstacle, je reprendrai la liste commencée ci-dessus de ces révélations, je rappelle :voitures, barbus ; ça continue avec : femmes.
Corps de femmes.
Ils sont gratinés, aux yeux d'un réaliste.
Lesintentions du peintre ne sont pas alors absolument claires ; il n'est pas sûr qu'il s'agisse de satires (pour satyres nondégoûtés).
Par exemple si l'on prend une révélation précédente (dans son oeuvre) celle des vaches, elle est assezparallèle ; on ne peut pourtant pas dire que l'intention de Dubuffet, c'est de dégoûter des vaches.
Tout ça c'est figuratif, bien entendu.
Figuratif, également, le portrait.
Là encore, ce sont des révélations : les têtes de Paulhan, d'Artaud, etc.
"C'est d'unvrai", comme dirait la marquise.
Et il ne s'agit pas de caricatures.
Nous demeurons dans le monde exact de lapeinture, ce sont des portraits, comme ceux de Piero della Francesca (peintre italien bien connu) ou d'Ingres (quin'avait pas qu'un violon, mais aussi plusieurs pinceaux).
Dans ses écrits (je m'étais promis de n'en pas tenir compte, mais voilà, on se fixe des bornes et puis on lesfranchit), Dubuffet a parfois tendance à assumer l'aspect un peu rigolard que son oeuvre sévère peut avoir aux yeuxdes naïfs, un peu comme Fourier disait que les excentricités de son imagination n'étaient faites que pour attirerl'attention des foules.
Je n'en crois rien ; Fourier était évidemment persuadé que les hommes auraient un jour unequeue (par derrière) avec un oeil au bout et Dubuffet voit Artaud et Paulhan comme ça, les vaches comme ça, lescorps de femme comme ça, les voitures comme ça, les automobilistes comme ça..
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