Jean Atlan1913-1960Un peintre est unique quand son oeuvre, forme et contenu, nous apporte une visionpicturale inhabituelle, en rupture avec tout ce qui, dans le domaine des arts, se relie, à desdegrés divers, à un style, à une école, à une tradition.
Publié le 22/05/2020
Extrait du document
«
Jean Atlan
1913-1960
Un peintre est unique quand son œ uvre, forme et contenu, nous apporte une vision
picturale inhabituelle, en rupture avec tout ce qui, dans le domaine des arts, se relie, à des
degrés divers, à un style, à une école, à une tradition.
Un peintre unique se sépare soudain
du monde existant pour en instaurer un autre, insolite et vierge, autour duquel se
développera et s'épanouira une morale plastique nouvelle.
Il inventera, créera des formes,
lesquelles, de prime abord, apporteront le trouble au c œ ur et à l'esprit du spectateur,
comme une énigme.
Ainsi Jean Atlan.
On ne peut, si l'on s'en inspire, qu'imiter l' œ uvre d'un artiste unique tellement son pouvoir
de fascination est grand.
Pour ne citer que ces deux-là et en demeurant dans notre époque
je songe à Picasso (unique même quand il semble se rattacher, même quand il paraît
imiter) et à Léger.
Jean Atlan se range donc parmi les inimitables, on ne peut le cataloguer,
le classer, alors même que le climat physique et spirituel de sa peinture le rapprocherait,
avec des moyens dissemblables, parfois d'un Soutine, surtout d'un Picasso (celui de
l'époque dite “ des monstres ”) d'un Van Gogh...
Parenté de sang dans la fraternité
douloureuse, l'éloquence agressive, le cri revendicatif poussé jusqu'à sa cime, parenté du
sang dans la véhémence et l'adjuration.
Même émotivité, même retentissement du tragique
au c œ ur du monde déchiré d'aujourd'hui et, parfois, même paroxysme dans l'humour,
comme un rire noir.
J'ai (dit André Verdet) connu Jean Atlan en 1946, alors que la vie ne lui avait pas encore
accordé ses bienfaits matériels.
Denise, sa femme, et lui menaient une existence dure,
cernée par les misères.
L'artiste ne peignait que depuis 1942 mais aux murs de son atelier
s'imposait déjà la royauté sombre et sauvage de son art.
Je pense que Jean Atlan a eu, dès ses débuts picturaux, la prémonition de sa courte vie.
Et
presque d'un coup il fut dans le rythme de son œ uvre.
A la lumière de l'exposition que lui
a consacrée le Musée d'Art Moderne à Paris, de janvier à mars 1963, la première salle, celle
des premières peintures, prenait une importance capitale : la trajectoire de l' œ uvre à venir
s'y inscrit en signes de foudre.
Les promesses semblent déjà englober l'aboutissement.
Son
innocence, sa fraîcheur font merveille dans l'audace : un univers souterrain se gonfle, se
love, se projette avec violence jusqu'à l'astral, dans une atmosphère de sourd crépuscule,
torpide ou brûlé où l'espace est aux aguets.
Les traits, les lignes fulgurent en noires arabesques agressives, les arabesques se muent en
silhouettes, les silhouettes se libèrent dans un rythme de danse sacrée.
Ce pourrait être
aussi bien les ombres immenses d'un plein midi des Tropiques dans la forêt vierge que les
spectres allongés du soleil au c œ ur de la nuit saharienne, quand la lune erre.
Le gong, le
tam-tam, la monotone mélopée d'un chant africain montent aux lointains...
La rage de peindre chez Atlan est synonyme de pureté.
L'obsession perpétuelle devient
magie permanente.
Dans chaque toile, ai-je écrit, le peintre se sacrifie pour hypertrophier.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Vous expliquerez cette pensée de Jean Rostand en l'appliquant à l'oeuvre de Ronsard et de Du Bellay : « Dans le domaine spirituel, parmi les oeuvres qui durent, il en est qui demeurent vivantes et pleines de suc, tandis que d'autres ne subsistent que comme de beaux fossiles caractéristiques d'une époque. » ?
- On rapproche souvent le cinéma de la littérature écrite, et les réalisateurs eux-mêmes ont eu bien des fois recours au roman ou au théâtre, leur empruntant soit des œuvres déjà accomplies, soit une forme familière au public. Cependant, un critique, Jean Limousin, écrivait à propos d'un metteur en scène célèbre : « La justesse des notations, leur portée sur le public, tiennent à ce qu'elles sont pensées directement « en cinéma» par un homme intelligent qui découvre aussitôt l'équivalent
- Jean-Baptiste Dumas1800-1884Né à Alès, chimiste, étudia à Genève, fondateur de l'École Centrale des Arts et Manufactures.
- Georges Seurat Parisien de naissance, Georges Seurat suivit l'enseignement classique d'unancien élève d'Ingres, le peintre Henri Lehmann, à l'école des Beaux-Arts.
- Jean Bazainené en 1904Né à Paris, formé à l'École des Beaux Arts ; il publia en 1948 : Notes sur la peintured'aujourd'hui.