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Jean Atlan

Publié le 16/05/2020

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« Jean Atlan 1913-1960 Un peintre est unique quand son œuvre, forme et contenu, nous apporte une vision picturale inhabituelle, en rupture avec tout ce qui,dans le domaine des arts, se relie, à des degrés divers, à un style, à une école, à une tradition.

Un peintre unique se sépare soudain dumonde existant pour en instaurer un autre, insolite et vierge, autour duquel se développera et s'épanouira une morale plastique nouvelle.Il inventera, créera des formes, lesquelles, de prime abord, apporteront le trouble au cœur et à l'esprit du spectateur, comme une énigme. Ainsi Jean Atlan. On ne peut, si l'on s'en inspire, qu'imiter l'œuvre d'un artiste unique tellement son pouvoir de fascination est grand.

Pour ne citer que cesdeux-là et en demeurant dans notre époque je songe à Picasso (unique même quand il semble se rattacher, même quand il paraît imiter)et à Léger.

Jean Atlan se range donc parmi les inimitables, on ne peut le cataloguer, le classer, alors même que le climat physique etspirituel de sa peinture le rapprocherait, avec des moyens dissemblables, parfois d'un Soutine, surtout d'un Picasso (celui de l'époque dite"des monstres") d'un Van Gogh...

Parenté de sang dans la fraternité douloureuse, l'éloquence agressive, le cri revendicatif poussé jusqu'àsa cime, parenté du sang dans la véhémence et l'adjuration.

Même émotivité, même retentissement du tragique au cœur du mondedéchiré d'aujourd'hui et, parfois, même paroxysme dans l'humour, comme un rire noir. J'ai (dit André Verdet) connu Jean Atlan en 1946, alors que la vie ne lui avait pas encore accordé ses bienfaits matériels.

Denise, safemme, et lui menaient une existence dure, cernée par les misères.

L'artiste ne peignait que depuis 1942 mais aux murs de son ateliers'imposait déjà la royauté sombre et sauvage de son art. Je pense que Jean Atlan a eu, dès ses débuts picturaux, la prémonition de sa courte vie.

Et presque d'un coup il fut dans le rythme de sonœuvre.

A la lumière de l'exposition que lui a consacrée le Musée d'Art Moderne à Paris, de janvier à mars 1963, la première salle, celledes premières peintures, prenait une importance capitale : la trajectoire de l'œuvre à venir s'y inscrit en signes de foudre.

Les promessessemblent déjà englober l'aboutissement.

Son innocence, sa fraîcheur font merveille dans l'audace : un univers souterrain se gonfle, selove, se projette avec violence jusqu'à l'astral, dans une atmosphère de sourd crépuscule, torpide ou brûlé où l'espace est aux aguets. Les traits, les lignes fulgurent en noires arabesques agressives, les arabesques se muent en silhouettes, les silhouettes se libèrent dansun rythme de danse sacrée.

Ce pourrait être aussi bien les ombres immenses d'un plein midi des Tropiques dans la forêt vierge que lesspectres allongés du soleil au cœur de la nuit saharienne, quand la lune erre.

Le gong, le tam-tam, la monotone mélopée d'un chantafricain montent aux lointains... La rage de peindre chez Atlan est synonyme de pureté.

L'obsession perpétuelle devient magie permanente.

Dans chaque toile, ai-je écrit,le peintre se sacrifie pour hypertrophier quelque chose d'essentiel : ce rythme barbare qui est en lui et qui plonge au plus épais de sesprofondes convictions spirituelles, où la philosophie positive se mêle aux croyances et aux superstitions. Atlan, peintre mystique ? Oui, mais un mystique charnel, chez qui la frénésie, la passion tentent de conjurer puis de retentir sur laconnaissance des mondes secrets qui nous habitent et nous hantent. L'œuvre, rude, est à l'opposé de la séduction.

Le noir total du graphisme rayonne d'une manière souveraine, conditionnant la toile, jusqu'àl'envoûtement.

Les signes se gravent dans une matière batailleuse, qui ne fait qu'ajouter à l'intensité, à l'âpreté des formes.

Les huiles,les pastels, les craies, leurs mélanges luttent avec des fonds de toile grossière dont la texture entre résolument dans le jeu de lacomposition, en est un des éléments majeurs.

Les ocres, les bleus, les rouges, les jaunes sont comme des couleurs cuites à même labraise et qui flamboient dans les ténèbres. Pour nous accorder avec cette peinture qui parfois a l'air de se désunir en sarabande, il faut se dire qu'avant toute autre préoccupation, legeste créateur de Jean Atlan est projection de vie prodigieuse.

L'élan brise souvent les frontières de la toile, les recule bien au-delà.

Lesentiment plastique habituel est dépassé.

L'image évoluera dans l'espace du mural.

Le grandiose est son emblème avec ses réussitesaudacieuses et avec ses outrances, où les gaucheries et les lourdeurs deviennent par la force naturelle des choses les marques mêmed'un génie en proie.

Que nous ayons devant nos yeux les craies, les pastels, les détrempes sur papier ou bien les vastes panneaux àl'huile, toutes les œuvres sont à la même échelle de grandeur humaine et monumentale.

Sa peinture ne serait certainement pas à l'aise àcôté des Renaissants italiens mais elle retrouverait sa pleine respiration si l'on pouvait l'accrocher dans une salle où voisineraient lesNègres, les Précolombiens, les Assyriens, les Égyptiens, les Romans : peinture amodée parce que de tous les temps, peinture hautementsolitaire, fragment durable de passion ardente. Cet artiste, né à Constantine, juif à la manière africaine, mort à Paris en 1960, poète visionnaire aussi bien dans sa peinture que dansses écrits : Initiation des mortes, Autres Soleils et autres Signes (1941), nous aurait offert d'autres épanouissements dans son œuvreplastique.

Les années 1955-1959 virent sa maturité et son succès...

Il semblait se diriger vers plus de chatoiement dans les couleurs, versune matière plus "civilisée" où la métamorphose des signes continuait à s'opérer dans une constante unité, variante infinie d'une mêmemodulation farouche. Ce révolutionnaire total, ce flagellant des formes, n'a jamais procédé que par lentes métamorphoses.

Il ne connaît pas les brusquesruptures spectaculaires ni les changements subits et à l'opposé.

Il traque son œuvre en rampant dans l'obscur, il bondit, il terrasse,s'assure de sa prise et il repart en rampant, parfois fait retour, poursuivant la même quête dans le même empire ténébreux de dieux etde démons mêlés, qu'il fouille inlassablement au plus profond. Jean Atlan participe en entier.

Il se moule étroitement aux divers mondes du végétal et de l'animal et du minéral.

Ambiguïté, polyvalencedes hiéroglyphes, où les éléments mâles s'opposent ou se fondent aux éléments femelles, où l'incisif, le percutant contrastent avecl'arrondi et l'enveloppant.

Et c'est dans la transe qu'Atlan se délivre, qu'il libère son travail en même temps que son angoisse ; dans latranse que le maître chorégraphe a réglé les figures de son ballet aux grandes ailes illuminées. La peinture est une aventure qui met l'homme aux prises avec les forces redoutables qui sont en lui et hors de lui ; le destin, la nature...,a-t-il écrit.

Son âpre combat s'est affiché avec un beau mépris du risque. Après tant d'années difficiles, tendues, Jean Atlan croyait avoir trouvé le calme et le repos dans sa maison de campagne à Villiers-sur-Tholon (Yonne), auprès de Denise.

Or les forces occultes qu'il avait osé affronter le tenaillaient toujours.

Le 18 janvier 1960, Atlan tombaitfoudroyé, tué par son trop-plein de vie. Mais Jean Atlan n'a pas fini de nous troubler, de nous hanter, de nous forcer à descendre en nous-mêmes pour y retrouver un peu decette incantation, merveilleuse terreur, qui baigne nos propres origines.. »

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