Jarry, Alfred.

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Jarry, Alfred.
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PRÉSENTATION

Jarry, Alfred (1873-1907), écrivain et auteur dramatique, inventeur du Père Ubu et précurseur du théâtre d'avant-garde du XXe siècle.

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UN LAVALLOIS À PARIS

Né à Laval, Alfred Jarry est l'enfant d'une petite bourgeoisie bretonne sans prospérité particulière. Élève doué et désinvolte, écrivain précoce, il suit les cours des lycées de Laval, Saint-Brieuc puis Rennes avant de rejoindre le lycée Henry-IV à Paris
pour préparer le concours d'entrée à l'École normale supérieure (ENS). Recalé trois ans de suite, il s'inscrit en licence de lettres mais échoue à nouveau (1894). À cette date, il s'est déjà fait un nom et une réputation dans le milieu littéraire parisien,
mais aucune de ses oeuvres ne connaît un succès suffisant pour le mettre à l'abri du besoin. Il collabore à diverses revues, dont le Mercure de France et la Revue blanche, mais s'enfonce peu à peu dans les soucis d'argent et l'alcoolisme avant de
mourir à trente-quatre ans d'une méningite tuberculeuse.

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L'ÉTRANGE NAISSANCE DU PÈRE UBU

C'est dans les murs du lycée de Rennes, avant même qu'Alfred Jarry ne le fréquente, qu'il faut chercher l'origine du Père Ubu. Félix Hébert, professeur de physique triste et notoirement chahuté, y stimulait bien involontairement l'inventivité potache,
sous les noms variés de P. H., père Heb, Eb, Ébé, Ébon, Ébance, Ébouille. Arrivant en 1888, Jarry reprend et fait jouer par des marionnettes un des récits farcesques dont P. H. est le héros ridicule et odieux : ce sont les Polonais, qui deviendront
ensuite Ubu roi, joué en 1896 au théâtre de l'OEuvre, à Paris. Le scandale suscité est à la mesure des provocations d'Alfred Jarry : intrigue minimale, personnages réduits à des pantins, langue énigmatique truffée de néologismes, sous-entendus
scatologiques, sadiques ou masochistes. Le personnage d'Ubu ne cessera pas par la suite de hanter l'oeuvre d'Alfred Jarry, réapparaissant notamment dans Ubu enchaîné (1900), Ubu sur la butte (1901), Ubu cocu (publié en 1944).

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LE LEGS D'ALFRED JARRY

Ce personnage provocant et absurde -- qui a donné à la langue commune l'adjectif « ubuesque « -- n'est cependant pas la seule contribution d'Alfred Jarry à la littérature du XXe siècle. Il publie d'abord quantité d'oeuvres en vers ou en prose, comme
les Minutes de sable mémorial (1894), Messaline, roman de la Rome impériale (1901) ou le Surmâle (1902). Il formule ensuite, dans De l'inutilité du théâtre au théâtre, les principes de son esthétique dramaturgique, fondée sur le refus du naturalisme
comme du symbolisme, et préconisant, contre l'illusion théâtrale soignée et peaufinée, le retour au geste élémentaire, dans un décor visiblement artificiel, éventuellement abstrait. Antonin Artaud, Eugène Ionesco, Boris Vian ou Roland Dubillard ne
manqueront pas de s'inspirer de ces propositions. Enfin, dans Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien, roman néoscientifique (1911), il donne corps à la pataphysique ou science potachique des « solutions imaginaires « aux problèmes
soulevés par la réalité. Les surréalistes, et notamment André Breton, rendront hommage à cette invention, et le Collège de pataphysique, créé en 1946, entré en grande pompe, à l'occasion de l'an 2000, en phase de « désoccultation « de ses travaux,
s'efforce d'en assurer la pérennité souriante.
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