Jan Vermeer
Publié le 16/05/2020
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Vermeer, Jan (Beaux-Arts)
(Delft, 1632-1675)
Jan Vermeer commence à exercer l'activité d'aubergiste et il se consacre occasionnellement au commerce d'oeuvres d'art.
En 1653, ils'inscrit à la corporation des peintres de Delft.
Sa première production révèle des influences des caravagesques d'Utrecht et de Rembrandt(L'Entremetteuse, 1656, Dresde, Gemäldegalerie ; Le Christ chez Marthe et Marie, Edimbourg, National Gallery ; Diane et les nymphes, LaHaye, Mauritshuis ; Jeune Fille assoupie, New York, Metropolitan Museum).
Après ces premiers essais, Vermeer parvient assez rapidementà définir les caractères originaux de son style, qui apparaissent dans certains tableaux célèbres comme la Jeune Femme lisant une lettre(Dresde, Gemäldegalerie), La Leçon de musique (New York, Frick Collection), la Laitière (Amsterdam, Rijksmuseum), la Jeune Femme enbleu lisant une lettre (Amsterdam, Rijksmuseum), La Dentellière (Paris, Louvre).Surnommé "le peintre de la vie silencieuse des choses", Vermeer adopte un langage clair et essentiel grâce auquel il fournit desdescriptions minutieuses et nettes de la réalité, aussi bien des personnes que des objets.
C'est essentiellement un peintre d'intérieurs :ses tableaux représentent presque tous des personnages féminins insérés dans un contexte domestique, et absorbés dans un travail oudans la lecture.
La lumière se répand dans les pièces par un jeu de reflets, d'éclats et de pénombre, créant une atmosphère ouatée etune impression d'attente, de suspension du temps.
La même atmosphère domine dans les vues extérieures : Ruelle (Amsterdam,Rijksmuseum) et Vue de Delft (La Haye, Mauritshuis) : les oeuvres de sa phase tardive sont caractérisées par un agencement pluscomplexe de la composition et par des effets de lumière et de couleur plus contrastés.
Elles contiennent également des allusionsallégoriques : La leçon de peinture (Vienne, Kunsthistorisches Museum), Le Géographe (Francfort, Städelsches Kunstinstitut) etL'Astronome (1668, Paris, Louvre).
L'oeuvre de Vermeer, longtemps ignoré, fut réévalué par les représentants du réalisme français dumilieu du XXe siècle et par des critiques et écrivains comme Théophile Gautier, les frères Goncourt et Marcel Proust.
Jan Vermeer
Si, dans l'histoire de la peinture hollandaise, on a le droit de parler d'écoles locales les villes étant situées très près l'une de l'autre-Vermeer est le chef de celle de Delft.
Celle-ci semble s'être rénovée vers le milieu du siècle, environ au moment où Carel Fabritius, ancienélève de Rembrandt, s'y fixa.
Jusque là, elle avait produit de bons peintres de portraits, de figures, d'architectures et de natures mortes(et moins de paysagistes qu'ailleurs), mais à partir de ce moment les peintres visent à combiner la représentation de l'homme, de saplace dans l'intérieur et des objets qui l'y entourent.
Il est probable que Vermeer a été l'élève de Fabritius, et que leur collaboration ouentente (à laquelle Pieter de Hooch s'est peut-être allié) a abouti à ce résultat.
Aussi Vermeer est-il surtout connu pour ses tableaux degenre, se composant pour la plupart de trois personnes au plus, de deux ou d'une seule personne au travail ou pendant quelqueentretien.
Car elles s'occupent d'études astronomiques, de travaux manuels, d'une lettre ou de leur toilette.
Une lumière d'été faitressortir des couleurs claires et nettement définies, parmi lesquelles peut-être dans cette succession d'importance le bleu, le jaune et lerouge ont la place prépondérante.
Si l'on y ajoute le blanc et le noir, on obtient une base de colorisme qui n'a évidemment pas été choisiesans notions théoriques sur la couleur.
Il y a ou bien un mélange très délicat de couleurs très variées ou bien des juxtapositions de tonsquasi primaires, mais de nombre très restreint.
En cherchant l'effet optimum de lumière, Vermeer est parvenu à trouver une facturepointilliste pour les parties les plus saillantes.
Les éléments de tonalité qui se font remarquer dans plusieurs de ses tableaux ontcomplètement disparu dans ceux de sa dernière époque (par exemple, la Lettre, à deux figures, du Musée d'Amsterdam).
Vermeer doit avoir commencé comme peintre de sujets mythologiques et religieux, dont une Diane et ses compagnes au Mauritshuis (LaHaye) est maintenant assez généralement acceptée comme une œuvre de sa jeunesse.
Son Allégorie sur le Nouveau Testament (New-York) témoigne de la diversité de son talent, mais elle dénote la supériorité de la réalisation visuelle sur le rayonnement de l'esprit qu'ellemanifeste.
Nous manquons de connaissances sur ses portraits, mais la Jeune Fille souriante du Mauritshuis atteste par quel effort desimplification il savait convaincre dans la tête de genre.
En deux vues de Delft, l'une plus représentative, plus solennelle et tout accompliecomme composition d'éléments d'ordre divers (l'eau et le ciel, les édifices et leurs reflets dans l'eau d'une part, la distribution desvolumes et des couleurs-lumière, de l'autre), l'autre plus intime et suggérant des souvenirs très personnels, il créé une fois pour toutes untype de tableaux sans laisser aux autres la chance de le surpasser.
Un sentiment de calme, la lenteur du temps dans la vie d'une ville deprovince, correspondant à son besoin de spéculation, s'y semble refléter et rappelle qu'une disposition analogue doit avoir inspiré la JeuneFille endormie (New-York) et plusieurs de ses "pièces de conversation" (tableaux de genre).
En établissant hypothétiquement un ordre chronologique de ses œuvres, nous gagnons la certitude que le caractère unique de son artdérive de la fusion graduelle exceptionnellement harmonieuse d'un nombre d'éléments fondamentaux.
Ces éléments, au lieu de s'isoler,deviennent des conditions qu'on ne saurait éliminer de l'effet d'ensemble.
Par exemple, les objets inanimés, par la manière dont ils ontété compris, participent à la disposition des personnages, si réservés en leur action.
Non sans être définis par la lumière, ils expliquent lalumière à leur tour.
Plusieurs de ces éléments aident à établir un contact plus direct avec le spectateur que celui que dénotent la plupart des tableaux duXVIIe siècle.
Les moyens sont variés : dans la Jeune Fille qui lit, du Musée de Dresde, un rideau, peint avec un réalisme parfait,fonctionne autant comme séparation, c'est-à-dire comme une invitation discrète à prendre distance, que comme trait d'union au sujet réel.C'est un jeu subtil entre réalités d'ordres divers.
Dans d'autres œuvres, la nature morte séparant du spectateur la scène de genreproprement dite a été portée si près de lui, qu'il pourrait se croire environné de la chambre où se passe l'action.
Pour arriver à sa manière individuelle, Vermeer a puisé à des sources italiennes et hollandaises qui remontent entre autres à Caravage.S'il faut croire que dans son grand tableau : l'Atelier, qui représente un peintre, vu de dos, en train de peindre une jeune fille portant lesattributs de la Renommée, il se soit représenté lui-même, il doit avoir fait usage d'une combinaison de glaces.
Les documents, le petit nombre des œuvres connues et leur facture admirable justifient l'opinion qu'il doit avoir travaillé lentement et avecune sûreté quasi scientifique.
Aussi, grâce à sa maîtrise absolue du métier, l'état de conservation de la plupart de ses tableaux est-ilaussi parfait que possible et ne peut servir que d'avertissement contre toute tentative de nettoyage hardi.
Il faut déplorer d'autant plusles effets de la "maladie de l'outre-mer", altération physico-chimique visible en quelques endroits de ses tableaux où la transparence et lacouleur du lapis lazuli naturel se sont fâcheusement modifiées pour donner une masse grisâtre quelque peu vitreuse.
L'influence de Vermeer aurait été plus grande si ses tableaux avaient été exposés ou connus généralement au XVIIe siècle ; d'autre part,on semble la reconnaître dans la peinture depuis la seconde moitié du siècle dernier, surtout en Angleterre et aux Pays-Bas..
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