« J'ai toujours dit à mes étudiants [...] de ne pas lire de critiques, de lire directement les auteurs ; peut-être ne comprendront-ils que peu de chose, mais ils auront du moins le plaisir d'entendre la voix de quelqu'un » (Jorge Luis Borges, Conférences, 1979, éditions Folio-Essais, 1986, p. 155).En vous appuyant sur vos lectures personnelles et sur les oeuvres étudiées en classe, vous direz comment vous comprenez ce conseil de Borges, et vous le discuterez au besoin.
Publié le 15/05/2020
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« J'ai toujours dit à mes étudiants [...] de ne pas lire de critiques, de lire directement les auteurs ; peut-être necomprendront-ils que peu de chose, mais ils auront du moins le plaisir d'entendre la voix de quelqu'un » (Jorge LuisBorges, Conférences, 1979, éditions Folio-Essais, 1986, p.
155).En vous appuyant sur vos lectures personnelles et sur les oeuvres étudiées en classe, vous direz comment vouscomprenez ce conseil de Borges, et vous le discuterez au besoin.
• J.
L.
Borges (1899-1986) est un grand écrivain argentin, à la fois poète, conteur et essayiste.
D'une cultureencyclopédique, il est surtout célèbre pour ses nouvelles (Fictions, L'Aleph), où, dans un style froid et concis, ildéveloppe des spéculations intellectuelles dans un climat fantastique où les thèmes du labyrinthe, de la mémoire, dumiroir tiennent une grande place.• Le sujet est classique, mais difficile, car il suppose un minimum de connaissances sur les critiques, et une véritableréflexion sur la lecture.
Vous trouverez un grand profit à le préparer par un long travail de lecture...
des critiques !• Plan : aucune difficulté ; le libellé vous conseille, comme il est de règle pour l'analyse d'une opinion tranchée, del'illustrer dans une première partie puis de la discuter.
Vous pouvez opter pour le plan « thèse-antithèse-synthèse>)(I.
La lecture des auteurs est supérieure à la critique, Il.
La critique peut être utile, III.
La lecture des auteurs etcelle des critiques doivent se compléter).
Le plan en deux parties proposé par le corrigé est également recevable.
PLAN ADOPTÉ DANS LE DEVOIR
I.
La lecture des oeuvres vaut mieux que celle des critiques
Les défauts et les lacunes de la critique
L'intérêt de la lecture des oeuvres
II.
L'utilité de la critique
Faire connaître et aimer les oeuvres - La critique créatrice
DEVOIR RÉDIGÉ
Les professeurs d'université dictent souvent à leurs élèves, en début d'année, une liste de vingt ou trente études àlire pour aborder Madame Bovary de Gustave Flaubert ou les poèmes d'Arthur Rimbaud.
Pourtant le grand auteur Jorge Luis Borges, qui fut aussi un professeur, raconte dans ses Conférences qu'il conseillait à ses étudiants « de ne pas lire de critiques, de lire directement les auteurs ».
A l'arsenal savant de l'exégèse* il préfère donc une lecture plus naïve, une rencontre sans intermédiaire : « Peut-être ne comprendront-ils que peu de chose, ajoute-t-il, mais ils auront du moins le plaisir d'entendre la voix dequelqu'un.
»
En fait, les critiques sont souvent accusés de ne servir à rien, voire de desservir les oeuvres.
Pourtant ilsconservent une utilité réelle, à certaines conditions, et peuvent même se révéler de vrais créateurs.
***
Au XXe siècle la critique littéraire a connu un développement important.
De longues introductions explicatives,accompagnées de bibliographies, de notes, de commentaires, finissent par occuper plus de pages que le roman oules poèmes.
Dans les librairies, les rayons d'ouvrages critiques rivalisent en nombre avec ceux des grands genresclassiques, et les journaux, qui publiaient autrefois les oeuvres de Balzac en feuilleton, s'ornent maintenant derubriques littéraires rendant compte des dernières parutions.
Lire un auteur sans connaître ses commentateursdevient rare dans le milieu universitaire, où certains critiques sont aussi célèbres que les artistes qu'ils étudient.Ainsi le nom de Roland Barthes est-il associé à celui de Racine.
Cette médiation envahissante est cependant critiquée : bien des lecteurs ou des auteurs y voient un appendiceinutile, sinon nuisible.
En premier lieu, le critique porte souvent un jugement sur ce qu'il faut ou ne faut pas lire, particulièrement dans les journaux.
Or, les critiques se sont souvent trompés sur la valeur des oeuvres malgré la science dont ils se parent :Sainte-Beuve a méconnu le génie de Stendhal ou de Baudelaire, et encensé des écrivains aujourd'hui considéréscomme secondaires.
Le premier lecteur de Marcel Proust, chargé par son éditeur de juger les manuscrits, n'a vudans la Recherche, comme bien d'autres critiques de l'époque, que les souvenirs trop disparates d'un mondain sans véritable dessein artistique.
Souvent aussi les commentateurs se veulent théoriciens et refusent leurs suffrages aux oeuvres qui n'obéissent pasà leurs règles: dès le xviie siècle, Corneille ou Molière ont subi les critiques de ceux pour qui la tragédie devait obéirà l'unité de temps et de lieu et la comédie rester dans les limites d'une étroite décence.
Pourtant le public, sansavoir lu les critiques de Nicolas Boileau, applaudit Le Cid et L'École des femmes depuis quatre siècles.
Dans La Critique de l'École des femmes, l'un des personnages défend l'auteur contre les attaques du théoricien fictif Lysidas.
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