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Jacques prévert la grasse matinée

Publié le 28/05/2024

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« Jacques Prévert (1900-1977) poète et écrivain français appartenant au surréalisme… En 1946, lorsqu’il publie Paroles, un recueil de 95 poèmes il souhaite s’affranchir de toutes les règles poétiques traditionnelles pour créer des poèmes en vers libre, extrêmement variés dans leur forme et leur longueur et proches de la langue orale.

Le titre de son œuvre n’est pas choisi au hasard puisque Paroles est l’anagramme de : la prose. Pacifiste convaincu, il met sa poésie au service des valeurs humanistes qu’il défend avec d’autant plus de passion qu’il est confronté à la tragédie d’une seconde guerre mondiale particulièrement destructrice.

À une époque, marquée par des restrictions comme les tickets alimentaires, il évoque la souffrance et le désespoir d'un homme affamé et met en place une critique de la misère, des inégalités et notamment la famine encore présente durant cette période d'aprèsguerre. Nous allons alors tenter de comprendre comment, à travers ce poème moderne mettant en scène la souffrance et le désespoir d'un homme affamé, l’auteur dénonce-t-il la société capitaliste du XXème siècle? Pour répondre à la problématique, nous évoquerons tout d’abord la tragédie de la pauvreté, misère des vers 1 à 36 puis la critique de la société vers 15 à 24. -D’entrée de jeu, la construction syntaxique du premier vers plaçant l’attribut du sujet « terrible » en fin de vers met l’adjectif en relief. Si on continue le poème, on se rend compte que cette proposition est reprise plusieurs fois à la manière d'un refrain, comme une obsession.

Il prend alors une forme emphatique pour mieux mettre en valeur, le bruit.

Bruit qui d'ailleurs est associé à l’adjectif épithète antéposé « petit » -Il prend pourtant une énorme importance par le fait qu'il soit la première évocation du poème, au point même qu’il se retrouve personnifié au vers 4 avec le verbe « remue » introduisant le sujet du poème: la faim. -Un homme misérable est mis en scène.

On ne connaît pas son identité: « il » « l’homme ».

Prévert nous fait partager la souffrance de cet homme, on pénètre alors dans ces pensées avec l’utilisation du point de vue interne. -La situation décrite est d'une ironie tragique : le vagabond affamé erre dans la ville à côté d'une nourriture abondante dont il ne peut se saisir. -L’intention de dérision se manifeste dès le titre (extrêmement ironique: antiphrase), où l'expression « faire la grasse matinée », c’est-à-dire se lever tard, est manipulée par Prévert à plusieurs niveaux. D’abord parce qu’il est très tôt le matin (complément circonstanciel: six heures) ; ensuite parce que l’auteur emploie l’adjectif grasse dans son sens figuré de fructueuse, oisive.

La grasse matinée est un terme qui évoque le repos, la nourriture, l’opulence, tout ce qui lui manque. -La métaphore : « quand il remue dans la mémoire de l’homme qui a faim » donne alors l’impression que le son est vivant, qu’il martyrise l’homme, qu’il échappe à sa volonté et résonne dans son esprit. -Toutefois, si la faim se trouve au centre du poème, elle cohabite également avec une obsession qui découle de cette sensation : la nourriture. -À une époque encore marquée par les restrictions alimentaires, le champ lexical de la nourriture souligne qu'il s'agit d'un problème crucial dans la société d'après-guerre : « l’œuf dur » v 2, « pâtés », « bouteilles », « conserves » v 34, -Tout le poème est construit sur cette opposition entre le champ lexical marquant l'abondance de nourriture et celui marquant la famine. -Il se regarde dans la vitrine d’un grand magasin, mais ce qu’il voit c’est la nourriture à perte de vue, la nourriture dont il est privé. -L’obsession est véritablement visible au vers 18 lorsque la tête de veau s’efface grâce à la conjonction de coordination « ou » pour laisser apparaître : « ou une tête de n’importe quoi qui se mange ».

L’homme a tellement faim qu’il ne cherche pas un aliment particulier, juste quelque chose de comestible. -En outre, l’accent est mis sur l’absence de nourriture grâce à la négation du verbe « manger » v 26 : « cela fait trois jours qu’il n’a pas mangé » et grâce au privatif v 32 : « sans manger ». -La gradation présente v 24 et v 25 « un deux trois » met en exergue la durée de cette privation.

Le parallélisme de construction v 30 et 31 : « trois jours / trois nuits » a pour dessein de montrer que la faim perdure encore et encore et l’antithèse « ça ne peut pas durer/ça dure » -> laisse d’ailleurs entendre la voix du narrateur qui s’insurge contre cette misère sociale et dénonce ici la société inégalitaire d’après guerre faisant ici l’objet de notre deuxième mouvement. -A partir du vers 22, apparaît un thème nouveau, celui du « monde », sous la forme d’un chiasme.

Le monde.... »

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