Jacques Lantier, héros de La bête humaine d'Émile Zola
Publié le 28/02/2022
Extrait du document
«
Jacques Lantier, héros de La bête humaine d'Émile Zola, erre en
pleine nuit dans la campagne déserte.
Il est soudain agressé par
l'arrivée brutale d'un train qui lui livre, en un éclair, la vision d'un
crime commis au moment même dans un compartiment.
L'irruption du convoi provoque, du fait de la débauche de
sensations lumineuses et auditives qui l'accompagnent un effet de
viol sur la conscience du promeneur.
Cette conscience prise au
dépourvu projette alors sur le spectacle du meurtre sort propre
affolement; elle se retourne enfin sur elle-même, une fois
l'obscurité et le silence revenus, pour recouvrer une vision
objective.
La lumière, la vitesse et le bruit ont un effet sur le
témoin.
Le fait divers auquel ce dernier assiste se transforme en
vision.
Enfin Lantier s’interroge.
La lumière, dont le lexique est extrêmement abondant, joue un
rôle primordial dans la description, parce que le train, non
seulement sort d'un tunnel, mais aussi passe en pleine nuit.
L'effet de surprise et de contraste, ne laissant pas à l’esprit du
témoin le temps d'accommoder ni d'ébaucher un jugement,
provoque en lui un réflexe de terreur animale ou enfantine : c'est
ainsi qu'on voit d'abord "la gueule noire " du tunnel " s’éclairer ",
comme pour annoncer une imminente déflagration, tandis que
l'atmosphère de cauchemar est renforcée par deux métaphores
qui font perdre à la machine son statut d'objet technique pour en
faire un monstre, muni " d'un gros oeil rond ", et dont la "gueule "
est prête à vomir on ne sait quel rejet infernal.
L'agression lumineuse est aussi traduite par tout un jeu
d'hyperboles: ainsi "l’incendie" de la lanterne d’avant "troue " la
campagne ; les rails sont allumés " d'une double ligne de
flamme " ; les glaces du coupé sont " flambantes ".
Aux sensations lumineuses s'ajoutent la vitesse et le bruit : ayant
placé son témoin à la sortie même d'un tunnel, l’auteur exploite
en effet un contraste supplémentaire: le train " jaillit " sur un fond
de silence, sans que le cheminot ait pu s’y préparer ; et c'est tout
de suite " le fracas" et l'apparition " en coup de foudre " propres à
clouer sur place le témoin tandis que la vitesse du train lui interdit
tout ajustement.
La machine est en effet littéralement propulsée
par un savant usage des tours présentatifs : " ce fut la machine",
" c’était une apparition ".
Rendues plus vives par les passés
simples, les phrases, sont, en outre, activées par des mots-relais
comme "mais " ("mais c'était une apparition en coup de foudre ",
"tout de suite" (" tout de suite les wagons se succédèrent ") ou
" déjà " (" déjà le train fuyait ").
Et à peine a-t-on pu respirer que.
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