JACQUES BASSAN
Publié le 17/05/2020
Extrait du document
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JACQUES BASSAN
vers 1510 - 1592
LA lignée des Da Ponte, appelés Bassan d'après la petite ville de Vénétie située au pied des
Alpes
dont ils ont adopté le nom, ne ferait certainement plus parler d'elle, si elle ne comptait
parmi les siens le génial Jacques (environ 1510-1592), fils de l'humble François (environ 1475-1541 ),
et père de François le Jeune (1542-1592), son collaborateur assidu, de même que le vif Jérôme
( 1566-1621); de Jean-Baptiste ( 1553-161 3), servile imitateur de la manière familiale, et de Léandre
(1557-1622), le plus heureux de tous, qui sut, en l'allégeant et en l'assouplissant, raccorder cette·
école au xvue siècle.
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Loin de la triade dont le génie illumina la ville des lagunes au xvie siècle, le Titien, Véronèse
et le Tintoret, Jacopo da Ponte, que l'histoire nomme, plus simplement, une fois pour toutes,
Jacques Bassan, occupe une place à l'écart, comme il convient à l'homme des champs qu'il est.
Sa situation, par rapport à ses trois grands contemporains, ressemble, en quelque mesure, à celle
du Provençal Cézanne, par rapport aux impressionnistes parisiens.
Une fois dépassée l'indigente peinture paternelle, son art se développe à côté de l'exu
bérance giorgionesque du Morto da Feltre et de Bonifacio Véronèse, de la fougue sinueuse du
Schiavone et de l'éloquente vigueur du Pordenone.
Le Titien ne l'entraînera pas dans son sillage:
humble et replié sur soi, l'art de Jacques n'a cure de se lancer dans les compétitions vénitiennes
et ne peut que répudier les somptueuses et voluptueuses orchestrations picturales du Titien,
qui enveloppent de plus en plus de leur ruissellement précieux et puissant toutes ses créations,
transcendant la réalité et en faisant un songe.
Lui, c'est
un peintre positif, au regard clair et minutieux, satisfait du monde restreint où
il vit, ami des choses de la campagne, et, après avoir créé au passage les scènes idylliques du
Repos pendant la fuite en Egypte (Ambrosienne) et du Bon Samaritain (deux versions, l'une à la
Pinacothèque du Capitole, l'autre à Hampton Court), éclatantes de couleur et éblouissantes de
forme, comme l'est le tableau du Caravage sur le même sujet du Repos pendant la fuite en Egypte
(Galerie Doria), son art si dramatique parvient, lors de sa maturité, à des fonds bouchés, comme
celui
du même Caravage aux nocturnes traversés de faisceaux de lumière des tableaux peints
pour Saint~Louis-des-Français.
Mais ces fonds ne sont pas envahis par les âcres vapeurs titianesques : sur leurs azurs bril
lants comme sur un vitrail de Chartres, il détache ses couleurs précises, aigu~s, métalliques,
portées
par des figures qui acquièrent ainsi soit la tragique grandeur du Tintoret, comme dans
sa monumentale Crucifixion de San Theonisto, à Trévise ( 1562), et dans sa Pentecôte du musée
de Bassano, soit le mouvement calme et imposant du tableau votif aux Rhéteurs vénitiens (Musée
civique
de Vicence), soit enfin le tragique de l'orage crépusculaire de son fameux Baptême de sainte
Lucille, du musée de Bassano.
q6
JACQUES BASSAN « Le peintre el sa familk.
» (Gakrie des Office•, Florence.)
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