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Jacqueline de Romilly, Nous autres professeurs, 1969: Jacqueline de Romilly affirme : « ... de tous les luxes, la culture est celui qui est le moins réservé à l'argent, le plus propre à nier et transcender toute hiérarchie sociale. »

Publié le 29/06/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Jacqueline de Romilly, Nous autres professeurs, 1969: Jacqueline de Romilly affirme : « ... de tous les luxes, la culture est celui qui est le moins réservé à l'argent, le plus propre à nier et transcender toute hiérarchie sociale. ». Ce document contient 2223 mots soit 4 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Littérature.

« Avant d'être un luxe, la culture est une formation. Culture et éducation sont synonymes. On cultive des plantes, des arbres. Cela veut dire qu'on leur fournit ce qui est nécessaire à leur épanouissement : on les nourrit, on détruit les mau-5 vaises herbes qui les gêneraient ou les étoufferaient, on les débarrasse des parasites, on les taille, pour accroître leur force ; bref, on agit de mille manières pour aider leur vitalité naturelle et décupler tout à la fois leur beauté et leur fécondité. On fait de même pour les esprits. On leur fournit 10 leur nourriture — c'est-à-dire que l'on développe, à travers toute discipline, quelle qu'elle soit, leur aptitude au raisonnement, leur connaissance des problèmes, leur expérience des solutions déjà tentées. On leur fait comprendre également, dans les disciplines littéraires, les sentiments, les émotions, 15 qui se sont fait jour avant eux chez des hommes de toute espèce. On les rend aussi capables, par le contact des exemples et l'exercice de la critique, de s'exprimer avec plus de force, de rigueur et d'éclat. Enfin, s'il est vrai que l'apprentissage de l'histoire et la fréquentation de modes de pensée 20 divers rendent leurs propres doctrines plus riches et plus conscientes, il faut préciser encore que cette double épreuve doit les rendre plus tolérants envers les idées d'autrui et plus libres eux-mêmes, vis-à-vis des pressions immédiates. Les cultiver, ce n'est donc pas autre chose que développer leurs qualités 25 d'hommes, qualités qu'ils emploieront ensuite comme ils voudront, à ce qu'ils voudront. Simplement, Platon l'a dit, il ne faut pas être trop pressé. Le grec n'a guère d'utilité pratique. Il ne sert, en pratique, que si on l'enseigne, ce qui représente un cercle clos, en soit 30 injustifiable. Mais, si l'analyse des phrases grecques, avec leur cortège de moyens mis au_service de la rigueur, développe les facultés de raisonnements et la précision du langage, si le contact des philosophes aide à penser les grands problèmes sous leur forme première, si la lecture des tragiques vous 35 fait connaître des émotions qui ne doivent rien aux menues conventions du moment mais qui, venant de très loin, s'imposent pour cela sous leur forme la plus pure, au niveau même ...»

« ÉPREUVE 7 Aix-Marseille, Montpellier, Nice, Corse, Toulouse Juin 1990 TEXTE Avant d'être un luxe, la culture est une formation.

Culture et éducation sont synonymes.

On cultive des plantes, des arbres.

Cela veut dire qu'on leur fournit ce qui est nécessaire à leur épanouissement : on les nourrit, on détruit les mau- 5 vaises herbes qui les gêneraient ou les étoufferaient, on les débarrasse des parasites, on les taille, pour accroître leur force ; bref, on agit de mille manières pour aider leur vita­ lité naturelle et décupler tout à la fois leur beauté et leur fécondité.

On fait de même pour les esprits.

On leur fournit 10 leur nourriture -c'est-à-dire que l'on développe, à travers toute discipline, quelle qu'elle soit, leur aptitude au raison­ nement, leur connaissance des problèmes, leur expérience des solutions déjà tentées.

On leur fait comprendre égale ment, dans les disciplines littéraires, les sentiments, les émotions, 1 5 qui se sont fait jour avant eux chez des hommes de toute espèce.

On les rend aussi capables, par le contact des exem­ ples et l'exercice de la critique, de s'exprimer avec plus de force, de rigueur et d'éclat.

Enfin, s'il est vrai que l'appren­ tissage de l'histoire et la fréquentation de modes de pensée 20 divers rendent leurs propres doctrines plus riches et plus cons­ cientes, il faut préciser encore que cette double épreuve doit les rendre plus tolérants envers les idées d'autrui et plus libres eux-mêmes, vis-à-vis des pressions immédiates.

Les cultiver, ce n'est donc pas autre chose que développer leurs qualités 25 d'hommes, qualités qu'ils emploieront ensuite comme ils vou­ dront, à ce qu'ils voudront.

Simplement, Platon l'a dit, il ne faut pas être trop pressé.

Le grec n'a guère d'utilité pratique.

Il ne sert, en pratique, que si on l'enseigne, ce qui représente un cercle clos, en soit 3 0 injustifiable.

Mais, si l'analyse des phrases grecques, avec leur cortège de moyens mis au_service de la rigueur, développe les facultés de raisonnements et la précision du langage, si le contact des philosophes aide à penser les grands problè­ mes sous leur forme première, si la lecture des tragiques vous 3 5 fait connaître des émotions qui ne doivent rien aux menues conventions du moment mais qui, venant de très loin, s'impo­ sent pour cela sous leur forme la plus pure, au niveau même. »

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