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Jacob, Max - écrivain.

Publié le 06/12/2021

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Jacob, Max - écrivain.
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PRÉSENTATION

Jacob, Max (1876-1944), écrivain et peintre français dont l'oeuvre, à la fois humoristique et profondément mystique, est saluée par les surréalistes.

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LA BOHÈME MONTMARTROISE

Né à Quimper où sa famille, juive d'origine allemande, s'est installée en 1806 -- son père Lazare Alexandre choisit, en 1888, de prendre pour patronyme le nom de sa femme, Jacob --, Max Jacob suit des études classiques tout en s'adonnant au
dessin et à la musique et en se passionnant pour la littérature symboliste. Après de brillantes études secondaires, il obtient en 1894 une bourse d'études et entreprend de préparer l'École coloniale à Paris. Il s'en détourne au profit de la critique d'art,
faisant des chroniques sur diverses expositions dans le Moniteur des arts. Il partage alors la vie de bohème, « cette vie de privations et de souffrances «, de l'avant-garde artistique, regroupée autour du Bateau-Lavoir à Montmartre -- c'est lui qui est
à l'origine de ce nom, qu'il choisit en hommage aux bateaux dans lesquels les lavandières lavaient leur linge. Il se lie d'une amitié sincère et fidèle avec la plupart des écrivains et artistes du moment, dont Pablo Picasso, Guillaume Apollinaire, Francis
Carco ou André Salmon, qui se retrouvent au Bateau-Lavoir que Picasso appelle désormais « Au rendez-vous des poètes «. Max Jacob devient ainsi le témoin privilégié de la naissance du cubisme. Esprit anticonformiste, souvent déconcertant, aux
talents éclectiques, il pratique la peinture, s'intéresse au théâtre, à la chiromancie, à l'astrologie et compose des livres pour enfants (Histoire du roi Kaboul Ier et du marmiton Gauvain, 1903 ; le Géant du soleil, 1904).

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L'ÉVIDENCE RELIGIEUSE

Deux apparitions du Christ (la première sur le mur de sa chambre en 1909, la seconde en 1914) marquent sa « naissance spirituelle « et le convainquent d'abandonner la religion juive pour la foi catholique. Il raconte la première apparition dans la
Défense de tartuffe (1919) : « Il y avait sur mon mur un Hôte. Je tombai à genoux. [...] dès que mes yeux eurent rencontré l'Être Ineffable, je me sentis déshabillé de ma chair humaine, et deux mots seulement m'emplissaient : mourir, naître. « « Il
a une robe de soie jaune et des parements bleus. Il se retourne et je vois cette face paisible et rayonnante «. Il se fait baptiser en 1915 sous le nom de Cyprien, avec Pablo Picasso pour parrain. Il relate ses expériences mystiques dans la trilogie
intitulée Saint Matorel (Saint Matorel, mystère chrétien, 1909 ; les OEuvres burlesques et mystiques du frère Matorel, mort au couvent de Barcelone, 1912 ; le Siège de Jérusalem, 1912). Cette foi est contrebalancée par sa vie nocturne agitée,
foisonnante, et il est souvent considéré comme fantaisiste. Lucide, dans l'une de ses lettres à René Rimbert (1936), il dit : « les tentations et même nos chutes acceptées comme des humiliations seront aussi des mérites si nous savons offrir nos
faiblesses à Dieu avec des larmes «. Sa conversion est également, avec son homosexualité, l'un des points de rupture avec André Breton et le surréalisme.

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LE CORNET À POÈMES

En 1917, Max Jacob réunit de courts poèmes en prose dans un recueil célèbre intitulé le Cornet à dés, avec lequel il entend participer à l'esprit de son temps, à ce qu'on a appelé par la suite, en se référant aux expériences de Picasso sur le collage, le
« cubisme littéraire «. L'ouvrage, imaginatif et souvent cocasse, influence durablement les surréalistes. « Tu n'as qu'à chantonner et à mettre des mots dessus. Tu prends un mot, tu le casses, tu le retournes, tu le retournes. Ainsi le Cormoran, le
corps Morand... «, explique-t-il à Yvon Bélaval. Le théoricien dès lors ne cesse de dialoguer avec les poètes les plus novateurs, tels Guillaume Apollinaire ou Pierre Reverdy ( Art poétique, 1922 ; Conseils à un jeune poète, posthume, 1945). Après les
poèmes et les proses autobiographiques paraissent les poèmes lyriques et fantaisistes du Laboratoire central (1921).
Il revient également à ses origines bretonnes en livrant en 1911, sous le pseudonyme de Morven le Gaélique, la Côte, recueil de chants celtiques, qu'il enrichit au fil des années (Poèmes de Morven le Gaélique, posthume, 1953). Parallèlement à son
oeuvre d'écrivain, Max Jacob se consacre à la peinture. Ses gouaches inspirées par des paysages de Bretagne, de Paris, du Val de Loire ou par des scènes de cirque lui assurent les revenus que ne lui procure pas l'écriture. Il expose pour la première
fois en 1926 chez Bernheim. Il enlumine également ses manuscrits.

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LA RETRAITE

Durant la Première Guerre mondiale, Max Jacob fait la connaissance de Amedeo Modigliani, qui réalise son portrait, et de Jean Cocteau. En 1921, il quitte Paris et fait une première retraite à l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, où il compose, dans la
veine de Cinématoma, fragments des Mémoires des autres (1920) et des nouvelles du Roi de Béotie (1921), récit de son séjour pénible à l'hôpital Lariboisière après qu'il a été renversé par une voiture. Il produit également l'essentiel de son oeuvre
romanesque (le Cabinet noir, 1922 ; Filibuth ou la Montre en or, 1923 ; le Terrain Bouchaballe, 1923), qui distille des portraits satiriques de la petite bourgeoisie. Sa poésie se nourrit alors de ferveur religieuse (Visions infernales, 1924 ; les Pénitents
en maillots roses, 1925 ; le Fond de l'eau, 1927).

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TÉMOIN ET MARTYR

Max Jacob renoue un temps à Paris avec le cours d'une vie mondaine et dissolue, écrit pour le théâtre et compose de nouveaux poèmes, avant de reprendre le chemin de l'abbaye. En 1938, paraissent les poèmes de Ballades. Pénitent hanté par le
pressentiment d'une mort tragique, il appréhende la guerre. Les siens sont durement touchés : sa soeur aînée succombe en 1942 puis son frère et sa plus jeune soeur sont déportés. Bien que converti au christianisme, il est contraint de porter l'étoile
jaune. Il est alors arrêté le 24 février 1944, par la Gestapo (« J'ai ta peau «) et est emprisonné à la prison d'Orléans puis déporté au camp de Drancy. Il y meurt le 5 mars 1944 d'une pneumonie. Au lendemain de la guerre paraissent les Derniers
poèmes en vers et en prose (1945), le Miroir d'astrologie (1949) et une abondante correspondance « extraordinaire de jaillissement et de style « (Jean Grenier), notamment avec Marcel Béalu, Yvon Bélaval, Jean Cocteau ou Marcel Jouhandeau.
Raymond Queneau lui a rend un hommage dans « C'était il y a trente ans « (1974) : « Max fut un témoin de la poésie, un témoin aussi de sa religion. On ne le prit pas toujours au sérieux (il s'y prêtait d'ailleurs -- par humilité ? par négligence ?). Il
fut méconnu, méconnu par ses pairs, les poètes eux-mêmes [...] par ses coreligionnaires [...] Seuls le prirent au sérieux des persécuteurs qui [...] lui donnèrent enfin -- et hélas -- la palme qu'il méritait, la palme réelle du martyr et du témoin
véritable «.
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