Jackson Pollock
Publié le 16/05/2020
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Peintre abstrait américain (né en 1912, mort en 1956), pionnier de l'expressionnisme abstrait, qui fut parmi les premiers chefs de file de l'"action painting".Son style se caractérise par des réseaux complexes de tourbillons et de lignes entrelacées, d'une grande délicatesse, donnant l'impression d'un mouvementrythmique subtil.
Au tout début des années 40, le style radicalement expressionniste de l'artiste, influencé par les muralistes mexicains tel Siqueiros et parle surréalisme, se mua en un style semi-abstrait.
Les peintures de Pollock de cette période sont colorées et vigoureuses, pleines de signes et de formes à lafois énigmatiques et mystérieuses.
A partir de 1947, il réalisa des oeuvres abstraits d'une expression violente, plaçant de larges toiles sur le sol de sonatelier pour y répandre de la peinture ou la projeter à l'aide de petites boîtes percées (technique dite du "dripping").
Il fut rapidement considéré comme lechef de file de l'expressionnisme abstrait et continua à développer son style, produisant des toiles toujours plus grandes dans les années 50.
La peinturepermet de découvrir son moi profond.
Tout bon artiste peint ce qu'il est vraiment.
Jackson Pollock
Jackson Pollock Né dans le Wyoming, Pollock passa son enfance en C alifornie.
Il partit à New York en 1929 et étudia à l'Art Student's League auprès de Thomas Hart Benton.
Dans les années 30, il parcourut l'Amérique en train et dans une vieille Ford, en réalisant de nombreux croquis.
Employé de 1935 à1943 à la Works Progress Administration, il quitta son poste pour cause d'alcoolisme.
Il se lia ensuite avec le muraliste mexicain David Siqueiros qui lui fitconnaître de nouvelles techniques, comme la peinture au pistolet.
S'intéressant au rôle de l'inconscient, il poussa le principe surréaliste de l'automatismejusqu'à ses ultimes limites.
En 1947, il inaugura la technique du "dripping" en projetant directement la peinture et des laques industrielles sur des toiles,pour former d'étonnantes configurations.
Il fut reconnu comme le chef de file du mouvement "action painting", ou expressionnisme abstrait, avec desoeuvres comme Full Fathom Five comportant des mégots et des clous enfoncés dans la peinture afin de créer une texture différente.
En 1950, il abandonnala couleur pour n'utiliser que du noir.
La critique fut partagée ; certains ridiculisèrent son oeuvre, d'autres la glorifièrent.
Pollock, lui, considérait qu'ilexprimait ses sentiments, plus qu'il ne les illustrait, poussé par la nécessité d'obéir à ses impulsions spontanées.
Ce grand innovateur, devenu unecélébrité en Amérique et à l'étranger, mourut dans un accident de voiture à New York.
Lorsque quelques années après la fin de la guerre, les premiers"arrosages" de Jackson Pollock furent visibles à Paris, ce fut une double révélation.
En eux-mêmes, d'abord, ils comportaient un extraordinaire pouvoir derupture avec ce que la peinture avait antérieurement produit de plus audacieux.
Par leur technique insolente du "dripping" substituée au toucher du pinceausur la toile, par leur structure afocale enchevêtrant ses entrelacs et ses impacts d'émail ou d'aluminium liquide sans ménager d'un bord à l'autre de lasurface aucun point de repère, par leur outrancière abstraction, leur tension et leur démesure, ces tableaux frénétiques made in USA firent sensation.
Enmême temps il apparaissait, à travers eux, qu'une nouvelle école de peinture était née durant la guerre outre-A tlantique : il faudrait désormais compter avecNew York, où des inconnus nommés de Kooning, Motherwell ou Franz Kline amorçaient autour de Pollock le sabbat de "l'action painting".
Pollock, quant à lui,se souciait sûrement très peu de ce deuxième aspect.
"L'idée d'une peinture américaine isolée, a-t-il confié dans une célèbre déclaration, me paraît toutaussi absurde que celle d'une mathématique ou d'une physique proprement américaine.
Un Américain est un Américain et naturellement sa peinture, qu'il leveuille ou non, s'en ressent.
Mais les problèmes fondamentaux de la peinture contemporaine se posent indépendamment de toute considération denationalité." C'est dire que, d'emblée, Pollock situe son propos bien au-delà de l'américanisme d'un Thomas Benton, son maître à l'Art Students League deNew York de 1929 à 1931.
Ancien pionnier du synchromisme (réplique américaine de l'orphisme) aux côtés de Macdonald Wright, Benton était alors revenuà un réalisme intégral, d'inspiration nationale et même provinciale, qu'il mettait en oeuvre dans d'impétueuses compositions murales.
Indifférent à leurcontenu, Pollock, qui concourra lui-même entre 1938 et 1942 à la décoration d'édifices publics, retiendra cependant leur aspect monumental, et lesdéformations épiques de leur dessin emporté.
Et de même, si les préoccupations sociales des Mexicains Orozco ou Siqueiros, qui retiennent vers la mêmeépoque son attention, ne sont pas son fait, quelque chose de leur violence expressionniste passera dans son propre style.
La démesure et la fougue, cesdeux constantes du travail de Pollock, procèdent déjà pour une part de ces rencontres.
D'autres influences ont joué : celle de Picasso et de Miró ("les deuxartistes que j'admire le plus"), évidente dans les premières années du conflit ; celle peut-être en tout cas moins directe et de moindre portée del'expressionnisme germanique, dont Hans Hofmann diffuse à New York la version abstraite (Lee Krasner, que Pollock épouse en 1944, a été son élève) ;celle, fondamentale, du surréalisme qui, en la personne notamment d'André Breton, de Max Ernst et d'A ndré Masson, émigre en force aux États-Unis audébut de la guerre et dévoile à la jeune avant-garde les potentialités créatrices de l'inconscient.
Les notions d'inconscient et d'automatisme, dans lamentalité américaine, se détachaient jusque-là beaucoup plus sur le cuir maussade du divan du psychanalyste que sur la toile du peintre.
Le surréalisme,comme on sait, a voulu en faire le ressort même de la création artistique.
Pollock, qui s'est fait psychanalyser, qui connaît Jung et lit, à l'occasion, lesphilosophes d'Extrême-Orient, qui est né plus près du Pacifique que de l'Atlantique (il vit le jour dans le Wyoming et fréquenta les ateliers de Los Angeles),était particulièrement prédisposé à l'esthétique de la spontanéité.
Cela se vérifie à ses thèmes, tant qu'il en admet dans ses tableaux.
A partir de 1942-1943, les formes anarchiques de Picasso, déjà mariées aux totems et au bestiaire inquiétant des Indiens, composent avec les allusions semi-organiques etla ligne tourbillonnaire de Masson (The She-Wolf, Guardians of the Secret, Pasiphae).
Cela se vérifie à son refus du format préétabli, à la prolifération de sesmotifs sur une surface indéfinie, déployée à mesure.
Cela se vérifie enfin à la désinvolture de ses techniques, qu'il s'agisse du choix du médium (émailindustriel, aluminium, matériaux extra-picturaux), ou du fameux "dripping".
A partir de 1947, Pollock fait dégoutter sa couleur, ou ce qui lui en tient lieu,d'un pinceau ou d'un bâton secoué comme un goupillon et de boîtes perforées à la manière d'un arrosoir.
Est-ce chez Max Ernst, chez Masson, ou chez leChilien Matta qu'il faut chercher l'origine de ce procédé saugrenu que Pollock amplifiera aux dimensions du cinémascope ? On en a gravement discuté.
Maisil est aussi en honneur, avant la lettre, chez les Indiens Navahos, qui font couler entre leurs doigts des sables colorés pour tracer sur le sol ces images-talismans que Pollock enfant, dans les régions de l'Ouest, a beaucoup regardées.
Car l'art si singulier de Pollock, s'il a subi l'ascendant des émigrés dusurréalisme, n'a pas surgi tout armé de leurs bagages.
Par-delà le programme étriqué de "l'American Scene", par-delà le régionalisme folklorique etdéclamatoire de Benton et de Wood, par-delà les démonstrations politisées du "Social Protest", il renoue avec un courant romantique qui n'appartient qu'auNouveau Continent.
Avec le romantisme d'un Ryder, par exemple, ce maître du XIXe siècle, que Pollock désigne comme "le seul peintre américain quil'intéresse", en raison sans doute de ce qu'il apercevait de rythmique et de simplifié, de si étrangement pré-abstrait dans la composition de ses paysagesde rêve, comme peints dans un état second.
Il y trouvait aussi un certain sentiment de l'espace, un sens de l'immensité qui ne saurait être ressenti enEurope.
Comment, devant Blue Poles (1953), devant Number Thirty Two ou devant le mémorable Number One (1950), trois tableaux dont le plus modestedépasse 4,50 m de long, ne pas évoquer les horizons sans borne de l'A rizona et du Grand Canyon que Pollock dans sa jeunesse arpenta au sein d'uneéquipe de géologues affectée à des relevés de terrain ? Les déterminismes de M.
Taine ont un peu vieilli, et les protagonistes de l'action paintingn'acceptent pas toujours eux-mêmes sans sourciller cette explication par le grandiose décor américain.
Elle paraît pourtant inéluctable, à moins de préférervoir dans la démesure et la véhémence de Pollock et de ses pairs une revanche sur la situation longtemps confinée de l'artiste dans la société américaineou, plus sommairement, les effets d'un usage immodéré de l'alcool… Pour extérieures qu'elles soient, ces indications ont leur prix, sans parlerd'interprétations plus savantes.
Mais Pollock est mort à quarante-quatre ans et sa carrière, qui s'achève tragiquement le 11 août 1956 sur une route de labanlieue new-yorkaise, laisse derrière elle plutôt la trajectoire d'un mythe que les éléments d'une épaisse biographie.
Sur le fond de ces commentaires,d'autant plus abondants que les données de fait sont plus minces, s'enlève un tempérament qui très vite bouscule toutes les traditions.
Les grands formatsn'interviennent qu'en 1942, les toiles radicalement abstraites qu'en 1946, le "dripping" et le "all over" qu'en 1947.
Mais déjà, dans telle petite peinture de1937 intitulée La Flamme, toute la gestualité à venir semble comprimée.
Penché sur sa toile posée au sol, souillé de couleur jusqu'au coude, Pollocks'insérera au coeur même du processus créateur, immergé dans la peinture comme les doigts du calligraphe chinois au travail plongent dans l'épaisseur dupinceau pour transmettre à l'encre et au papier l'énergie inspiratrice du ch'i.
Le tableau devient un événement radical, dans un espace chromatique etmultiplié qui sollicite notre oeil sans répit et nous investit nous aussi de toutes parts.
L'oeuvre de Pollock ne menace pas seulement de faillite l'encadreur,mais aussi un certain artisanat pictural.
Il y a des tableaux même signés de noms illustres qu'on ne peut plus "voir en peinture" après avoir regardéCathedral ou Autumn Rythm.
Pollock transforme tout en pochade..
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