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J. L. Bruch, Les Patrimoines culturels et linguistiques français, (Les Amis de Sèvres, juin 1979).

Publié le 02/07/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : J. L. Bruch, Les Patrimoines culturels et linguistiques français, (Les Amis de Sèvres, juin 1979).. Ce document contient 2223 mots soit 4 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Littérature.

« Le réveil du sentiment d'appartenance régionale que l'on constate aujourd'hui se manifeste sur des plans très divers. C'est l'intérêt accru porté à la langue régionale, là où elle existe, porté au dialecte et au patois dans les pays de langue d'oil, dont la langue fut toujours le français. C'est l'intérêt manifesté au patrimoine culturel et naturel local, intérêt de connaissance - et l'on observe à cet égard que jamais les ouvrages d'histoire et de géographie locales ne se sont si bien vendus - intérêt d'action pour sa sauvegarde, qu'il s'agisse de la restauration des monuments ou de la préservation des sites. On remarquera que cette sensibilisation de l'opinion publique atteint pour la première fois toutes les générations, alors que jusqu'à un passé tout proche, la connaissance et la défense du patrimoine local étaient essentiellement le fait d'une population âgée et aisée, de traditions aristocratiques ou bourgeoises, chez qui le goût du passé se confondait avec une sorte de nostalgie pour l'époque de sa j'eunesse, et une attitude de méfiance à l'égard du présent et de l'avenir, attitude d'essence conservatrice ou réactionnaire. Aujourd'hui, toutes les tendances idéologiques participent à la défense du patrimoine local y compris celles que l'on classe communément à gauche ou à l'extrême-gauche. Et les jeunes se montrent souvent plus-véhéments que les anciens. On constate de même que l'attachement au pays natal, qui a toujours été un sentiment puissant et général, mais qui se conciliait, surtout dans les régions pauvres, avec une-acceptation naturelle de l'expatriation, prend aujourd'hui, chez les jeunes gens, une forme passionnée, voire passionnelle. Le mot d'ordre «vivre et travailler au pays» est nouveau et, contrairement à ce qu'on a pu croire, il ne se limite pas aux régions bénies par le soleil. Sans doute cette revendication s'inscrit-elle dans une escalade revendicative caractéristique de notre temps. Sans doute est-elle renforcée par une élévation générale du niveau de vie et par une élévation correspondante du confort individuel dans le monde rural; renforcée aussi par la croissance des << nuisances» des très grandes agglomérations, notamment dans le domaine des transports. C'est ainsi que Paris et sa région ont perdu une grande partie de leur attrait, et qu'on s'y installe de moins en moins par goût, de plus en plus par nécessité ou ambition. Comment explique-t-on communément ce comportement? Par un mot chargé de passion : s'enraciner, retrouver ses racines. Le célèbre débat de Barrès et de Gide au début de ce siècle est bien dépassé, et en quelque sorte inversé. Barrès incarnait le traditionalisme, attaché à la terre et aux morts; Gide, en exaltant le déracinement, exprimait en même temps la révolte contre la pesanteur du passé, des familles, des institutions. Aujourd'hui, ce sont les jeunes, et particulièrement ceux d'entre eux qui s'insurgent le plus contre l'ordre établi, qui revendiquent en même temps le plus véhémentement leur enracinement, empruntant ainsi un vocabulaire et peut-être une idéologie d'essence traditionaliste. Est-ce là une protestation contre nos institutions jacobines, contre notre centralisme parisien? On le dit et on le croit, mais il faut bien observer que les mêmes attitudes se retrouvent dans des pays politiquement et administrativement décentralisés. Et je ne suis pas sûr que les métropoles régionales ne commencent pas à subir la même défaveur que Paris, au moins de la part des aires culturelles excentrées de leur région. L'attachement au petit terroir, au pays natal semble plus fort que l'attachement à la grande région. Une autre explication est communément avancée, et mérite réflexion : le droit à la différence. Entendons par là, évidemment, le droit à la différence collective. Car il ne s'agit plus du tout de la culture de la singularité individuelle, au sens gidien du mot, et qui ne peut être le fait, en tout état de cause, que d'une petite minorité de privilégiés, généralement intellectuels. Cette différence collective, vécue dans une communauté locale ou régionale, faite d'usages, de comportements sociaux, parfois de langues (et l'on sait que les langues régionales sont dialectalisées en petits terroirs), a toujours existé, a toujours été vécue dans l'inconscience des habitudes collectives auxquelles chacun est attaché sans en prendre conscience. Elle devient aujourd'hui consciente parce qu'elle est menacée, et déjà partiellement désagrégée. Menacée par qui? Par la malice centralisatrice des institutions et de l'administration française? Il faudrait beaucoup de naïveté ou de mauvaise foi pour le croire : le même régime, bien plus étroitement centralisateur il y a un siècle ou un demi-siècle, ne portait nul ombrage à ces différences régionales ou locales. Les langues locales, par exemple, étaient bien plus vivaces au début de ce siècle, alors qu'elles étaient rigoureusement bannies de l'école, qu'à l'époque actuelle où elles peuvent être l'objet d'un enseignement. Mais il est aujourd'hui une force qui s'impose à tous, qui dépasse de beaucoup une nation, quelle qu'elle soit, et qui est foncièrement uniformisante : c'est la technique moderne qui, à travers la production et la consommation de masse, a bouleversé l'équilibre ancestral du monde rural et urbain, a modifié l'ensemble du genre de vie et de pensée et tend à uniformiser sur toute la surface de la terre les memes types de travail, de consommation et de loisirs, au moins dans tous les pays qui atteignent un stade d'industrialisation avancée. Cette uniformisation technique n'a pratiquement rien à voir avec la force ou le degré de centralisation politique ou administrative. Elle s'exercerait aussi bien à partir d'un pouvoir régional, à moins que celui-ci renonçât à être compétitif, ce qui n'est pas pensable. C'est pourquoi on peut observer aujourd'hui un sursaut d'attachement aux terroirs — et, le cas échéant, à leurs dialectes — aussi bien dans les États de structure fédérale que dans les pays les plus centralisés. J. L. Bruch, Les Patrimoines culturels et linguistiques français, (Les Amis de Sèvres, juin 1979). Vous ferez d'abord de ce texte, à votre gré, un résumé en suivant le fil du texte) ou une analyse (en reconstituant la structure logique de la pensée, c'est-à-dire en mettant en relief l'idée principale et les rapports qu'entretiennent avec elles les idées secondaires.). Vous indiquerez nettement votre choix au début de la copie. Dans une seconde partie, que vous intitulerez discussion, vous dégagerez du texte un problème qui offre une réelle consistance et qui vous aura intéressé(e). Vous le préciserez et vous exposerez vos propres vues sous la forme d'une argumentation ordonnée étayée sur des faits et menant à une conclusion. ...»

« 1 / 2 Le réveil du sentiment d'appartenance régionale que l'on constate aujourd'hui se manifeste sur des plans très divers.

C'est l'intérêt accru porté à la langue régionale, là où elle existe, porté au dialecte et au patois dans les pays de langue d'oil, dont la langue fut toujours le français.

C'est l'intérêt manifèsté au patrimoine culturel et naturel local, intérêt de con­ naissance -et l'on observe à cet égard que jamais les ouvrages d'histoire et de géographie locales ne se sont si bien vendus -intérêt d'action pour sa sauvegarde, qu'il s'agisse de la restauration des monuments ou de la préservation des sites.

On remarquera que cette sensibilisation de l'opinion publique atteint pour la première fois toutes les générations, alors que jusqu'à un passé tout proche, la connaissance et la défense du patrimoine local étaient essentiellement le fait d'une population âgée et aisée, de traditions aristo­ cratiques ou bourgeoises, chez qui le goût du passé se confondait avec une sorte de nostalgie pour l'époque de sa jeunesse, et une attitude de méfiance à l'égard du présent et de l'avenir, attitude d'essence conserva­ trice ou réactionnaire.

Aujourd'hui, toutes les tendances idé 9logiques par­ ticipent à la défense du patri moine local y compris celles que l'on classe comm unément à gauche ou à l'extrême-gauche.

Et les jeunes se montrent souvent plus·véhéments que les anciens.

On constate de même que l'attachement au pays natal, qui a toujours été un sentiment puissant et général, mais qui se concilia it, surtout dans les régions pauvres, avec une-acceptation naturelle de l'expatriation, prend aujourd'hui, chez les jeunes gens, une forme passionné e, voire passion­ nelle.

Le mot d'ordre «vivre et travailler au pays» est nouveau et, contrai- 2 / 2. »

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