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J. GIONO, Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix,

Publié le 17/06/2021

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : J. GIONO, Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix,. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Littérature.

« Je n'aime pas la guerre.

Je n'aime aucune sorte de guerre.

Ce n'est pas par sentimentalité.

Je suis resté quarante-deux jours devant le fort de Vaux(1) et il est difficile de m'intéresser à un cadavre désormais.

Je ne sais pas si c'est une qualité ou un défaut : c'est un fait.

Je déteste la guerre.

Je refuse de faire la guerre pour la seule raison que la guerre est inutile.

Oui, ce simple petit mot.

Je n'ai pas d'imagination.

Pas horrible : non, inutile simplement.

Ce qui me frappe dans la guerre ce n'est pas son horreur : c'est son inutilité.

Vous me direz que cette inutilité précisément est horrible.

Oui, mais par surcroît. Il est impossible d'expliquer l'horreur de quarante-deux jours d'attaque devant Verdun à des hommes qui, nés après la bataille, sont maintenant dans la faiblesse et dans la force de la jeunesse.

Y réussirait-on qu'il y a pour ces hommes neufs une sorte d'attrait dans l'horreur en raison même de leur force physique et de leur faiblesse.

Je parle de la majorité.

Il y a toujours, évidemment, une minorité qui fait son compte et qu'il est inutile d'instruire.

La majorité est attirée par l'horreur : elle se sent capable d'y vivre et d'y mourir comme les autres : elle n'est pas fâchée qu'on la force à en donner la preuve.

Il n'y a pas d'autre vraie raison à la continuelle acceptation de ce qu'après on appelle le martyre et le sacrifice. Vous ne pouvez pas leur prouver l'horreur.

(...) L'horreur s'efface.

Et j'ajoute que, malgré toute son horreur, si la guerre était utile il serait juste de l'accepter.

Mais la guerre est inutile et son inutilité est évidente.

L'inutilité de toutes les guerres est évidente.

Qu'elles soient défensives, offensives, civiles, pour la paix, le droit pour la liberté, toutes les guerres sont inutiles.

La succession des guerres dans l'histoire prouve bien qu'elles n'ont jamais conclu puisqu'il a toujours fallu recommencer les guerres. La guerre de 1914 a d'abord été pour nous, Français une guerre dite défensive.

Nous sommes-nous défendus ? Non, nous avons vécu depuis des temps pareillement injustes.

Elle devait être la dernière des guerres : elle était la guerre à tuer la guerre.

L'a-t-elle fait ? Non.

On nous prépare de nouvelles guerres ; elle n'a pas tué la guerre ; elle n'a tué que des hommes inutilement.

La guerre civile d'Espagne n'est pas encore finie qu'on aperçoit déjà son évidente inutilité.

Je consens à faire n'importe quel travail utile, même au péril de ma vie. Je refuse tout ce qui est inutile et en premier lieu toutes les guerres car c'est un travail dont l'inutilité pour l'homme est aussi claire que le soleil. J.

GIONO, Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix , parue en 1938 et reprise dans le recueil Ecrits pacifistes publié par les éditions Gallimard Proposition de commentaire rédigé ( 2 pages tapuscrites = 5 pages manuscrites !) La guerre a toujours été condamnée par des hommes voyant avant tout en l’Autre un être à respecter, voyant en la vie une chose absolument capitale dont nul n’a le droit de disposer.

Le texte qui nous concerne, issu de la Lettre aux paysans sur la pauvreté et sur la paix , écrite par Giono en 1938, constitue une nouvelle condamnation de cet étrange phénomène humain qu’est la guerre. Quelle est l’originalité de la stratégie argumentative choisie par Giono ? Nous verrons ainsi en quoi cette condamnation de la guerre est spécifique et originale puis nous montrerons la force indéniable de cet essai pour enfin nous demander quelle vision de l’Homme sous-tend cette lettre ouverte.

Si cette page s’inscrit au nombre de tant d’autres qui condamnent la guerre, celle-ci le fait de façon spécifique.

Giono ne défend finalement dans son texte qu’un seul argument qui prend d’ailleurs le statut de thèse laquelle apparaît aux lignes 3 et 4 : « Je refuse de faire la guerre pour la seule raison que la guerre est inutile.

» A partir de là, les termes « inutile » ou « inutilité » sont récurrents tout au long du texte.

A la ligne 15, on peut lire par exemple : « Mais la guerre est inutile. »

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