IUT

« 1 / 2 5 janvier 1966 Série 8-12 Fiche No 919 IUT 1.

Le nombre croissant de bacheliers (39 000 en 1955, 96 525 en 1965 et probable­ ment 145 000 en 1969) gonfle dangereusement les effectifs de l'enseignement supérieur qui, en France (contrairement à la plupart des autres pays), n'institue aucun barrage à l'entrée des facultés.

Les jeunes gens plus ou moins doués, qui désirent faire des études supérieures, n'avaient jusqu'à ces derniers temps que le choix entre les concours des Grandes Ecoles et l'entrée dans une faculté qui dispense un enseigne­ ment théorique dont l'aboutissement demande deux ou trois ans pour la licence.

2.

La réforme de l'enseignement supérieur en cours de réalisation préconise des possibilités de choix plus variés et des voies plus courtes .que celles de la licence d'enseignement.

Il s'agit d'orienter ainsi, après le baccalauréat, les élèves peu doués pour les études abstraites vers la formation de ces « cadres moyens » que les entre­ prises réclament.

On envisagea donc de créer des instituts de formation profession­ nelle qui sont devenus, il y a q·uelques mois, les Instituts universitaires de technologie (IUT), appellation plus noble.

3.

Cinq IUT ont été ouverts cette année à titre d'essai (Rouen, Nancy, Cachan, Tou­ louse et Saint-Rémy-lès-Chevreuse).

Ce sont des instituts d'Université qui « impliquent une spéèialisation moins poussée que celle de l'ingénieur et une formation générale plus étendue que celle du technicien "· Les étudiants devront justifier d'un bacca­ lauréat ou " satisfaire aux épreuves· d'un examen spécial d'entrée "· La durée des études sera de deux années à temps plein.

Elles seront sanctionnées par " un diplôme universitaire de technologie portant mention de la spécialité correspondante"· Le conseil d'établissement des IUT comprendra un directeur nommé par le ministre de l'Education nationale, des membres appartenant aux autres établissements de l'Uni­ versité, des « représentants des professions et activités auxquelles préparent les études de l'institut" et des " membres du corps enseignant de l'établissement"· 4.

Les «cadres moyens,.

formés dans les IUT assureront ces "fonctions nouvelles d'encadrement technique dont les titulaires sont associés de près au travail des ingénieurs, des chercheurs ou des cadres supérieurs administratifs, financiers ou commerciaux "· Construction mécanique, génie civil, génie chimique, métrologie, électronique, etc., sont les principales branches retenues dans le secteur secon­ daire, et techniques de gestion, administration des collectivités, traitement de l'infor­ mation, etc., dans le secteur tertiaire.

Les IUT devraient accueillir 150 000 étudiants en 1972 selon le ve Plan.

5.

Le projet concernant la création des IUT a été repoussé le 1er décembre par le Conseil supérieur de l'Education nationale.

L'Université, dont les tendances monopoli­ santes sont indéniables, voudrait sans doute intégrer les IUT aux facultés des sciences.

Le Syndicat de l'enseignement technique (FEN) dénonce l'imprécision du projet et l'accuse d'ouvrir " largement la voie à une mainmise du patronat sur ce secteur de l'Université "· Enfin, certains craignent que les IUT (qui devraient détruire le préjugé stérilisant du prestige éminent des études abstraites) ne deviennent des "sous­ facultés " ne recueillant que les étudiants ayant échoué dans une autre voie. 2 / 2. »