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Ito Hirobumi

Publié le 16/05/2020

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« Ito Hirobumi Depuis plus d'un an, Choshu, fief situé à l'extrémité ouest de Honshu, bombardait systématiquement les naviresétrangers qui passaient par le détroit de Shimonoseki.

Une flotte composée de bâtiments britanniques, français,américains et hollandais s'apprêtait à se diriger vers ce détroit afin de détruire les forts de Choshu.

Deux jeunesJaponais se présentèrent alors à Yokohama : ils avaient quitté Choshu, leur fief d'origine, un an auparavant, pourfaire des études à Londres ; apprenant qu'une flotte alliée allait attaquer Choshu, ils étaient revenusprécipitamment, dans le but de tenter une dernière négociation, pour épargner ce conflit à leur fief.

L'amiral Cuper,commandant de la flotte alliée, y consentit.

Ils furent donc menés à Choshu, mais ils y furent mal accueillis et ilséchouèrent dans la mission qu'ils s'étaient fixée.

Ils assistèrent, impuissants, à l'anéantissement des forts, du 5 au 7septembre 1864. L'un de ces deux jeunes Japonais s'appelait Inoue Kaoru, l'autre, Ito Hirobumi.

Ils étaient tous deux d'originemodeste.

Ito surtout était issu d'une famille de valets, au plus bas rang des guerriers de son fief.

Il avait néanmoinsfait des études chez Yoshida Shoin qui avait formé la plupart des futurs réformateurs de Choshu.

C'est ainsi qu'ilavait été choisi, avec Inoue et trois autres compagnons, pour aller s'instruire en Grande-Bretagne.

Pendant sonséjour à Londres, il se persuada que le Japon devait s'ouvrir au lieu de tenter immédiatement de résister à lapression étrangère.

De retour dans son fief, il ne put renverser tout de suite l'opinion très largement xénophobeparmi les officiers.

Néanmoins, l'intervention de la flotte alliée à Shimonoseki détermina ceux-ci à consacrer leureffort militaire à lutter contre le pouvoir du shogun plutôt que contre les puissances étrangères.

Ainsi, pendant troisans, Ito participa aux préparatifs de la guerre civile décisive qui devait rendre le pouvoir au gouvernement impérial. Après le coup d'État du 3 janvier 1868, Ito entra dans le collège inférieur du gouvernement.

Après avoir été nommésecrétaire aux deux ministères des Finances et des Affaires du peuple, il fut envoyé aux États-Unis, de 1870 à 1871,pour compléter ses études d'économie politique.

En 1871, il fit accepter par le gouvernement un projet de réformemonétaire : il fut ainsi l'un des créateurs du yen, unité du système monétaire moderne du Japon.

Sa promotion futrapide.

Nommé chef des services des impôts et de la monnaie, puis vice-ministre de l'Industrie, il fut sous-chef dedélégation dans l'ambassade dirigée par Iwakura Tomomi, qui, de novembre 1871 à septembre 1873, allait voyageraux États-Unis et en Europe. Pendant cette longue pérégrination de presque deux ans, Ito fut apprécié par Okubo Toshimichi, lui aussi sous-chefde délégation.

Ils se lièrent d'amitié et leur collaboration dura jusqu'à la mort d'Okubo, en 1878.

Ils rentrèrent auJapon, persuadés tous deux qu'il fallait appliquer à leur pays un régime autoritaire s'inspirant de celui de Bismarck enAllemagne. Après avoir évincé du gouvernement Saigo Takamori, le 25 octobre 1873, Okubo mit à exécution son projet depouvoir centralisé : dès novembre 1873, il fonda le ministère de l'Intérieur, réorganisa la police, établit la censure.Malgré tout, il n'était pas hostile à un régime constitutionnel et parlementaire : il sut parfois écouter Kido Takayoshide Choshu, qui s'employait à assouplir le système gouvernemental.

Ito, devenu ministre de l'Industrie, posait enmême temps les bases de la modernisation économique du Japon. Lorsque pendant et après la guerre de Satsuma, les trois grands réformateurs Saigo, Okubo et Kido disparurent, Itofut tout désigné pour leur succéder : c'était en 1878, Ito n'avait pas encore trente-sept ans. Comme Okubo, il entendait faire respecter l'ordre, mais comme Kido, il préférait à la répression la modernisation desinstitutions.

A ses côtés, il retrouva son vieil ami Inoue Kaoru, qui dut déployer toute son ingéniosité pour luiconcilier Okuma Shigenobu, ministre des Finances.

Celui-ci, en effet, avait pris ombrage du fait que le gouvernementimpérial avait préféré, en 1871, le projet de réforme monétaire d'Ito au sien.

Une collaboration difficile put durer troisans.

Cependant, la brouille survint en 1881 : Okuma ayant remis à la cour impériale un projet de Parlement élu sansen avertir Ito, celui-ci le contraignit à démissionner du gouvernement et obtint par ailleurs de la cour la promessepublique de convoquer un Parlement élu, pour 1890. Désormais, pendant près de dix ans, Ito allait être l'animateur de toute la politique du gouvernement.

Il étaitfoncièrement hostile à la division des milieux politiques par fractions représentant les anciens fiefs.

Pourtant, il avaitété inévitable que chaque homme politique de valeur fût entouré d'une clientèle d'officiers originaires de son fief,dans laquelle il trouvait tout naturellement ses collaborateurs les plus proches.

Okubo avait déjà réagi en recrutantdes fonctionnaires sans distinction de fiefs autant que possible.

Ito fit de même.

Cependant, il ne put empêcher laformation de groupes ou de mouvements se définissant en gros par l'appartenance à tel ou tel ancien fief, quelleque fût leur orientation politique. Au sein du gouvernement, Ito devait compter avec Yamagata Aritomo, son ancien compagnon d'armes, organisateurde l'armée moderne, qui l'avait encadrée en faisant appel à une majorité d'officiers de Choshu.

A côté, on trouvait legroupe de Satsuma, dont le chef de file était Kuroda Kiyotaka, conseiller du gouvernement, qui avait dirigél'exploitation de Hokkaido.

Matsukata Masayoshi, nouveau ministre des Finances, était également de Satsuma.

Horsdu gouvernement, Itagaki Taisuke patronnait un vaste mouvement libéral dont l'organisation était assuréeessentiellement par des ressortissants de Tosa.

Enfin, Okuma Shigenobu, qui demeura l'opposant le plus déterminéd'Ito, était moins attaché à ses origines féodales, mais il favorisait néanmoins les intellectuels venant comme lui de. »

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