Italie (2003-2004): Avertissement électoral au gouvernement
Publié le 17/09/2020
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Italie (2003-2004): Avertissement électoral au gouvernement
Silvio Berlusconi aura réussi un exploit : celui de diriger le gouvernement le
plus durable de l’Italie républicaine.
Ce n’est pas là un résultat négligeable
dans un pays qui a vu se succéder 57 gouvernements en cinquante-huit ans.
Et
pourtant, sa longévité constitue la seule vraie réussite du gouvernement de
centre droit au pouvoir depuis juin 2001 : les promesses du président du Conseil
ne se sont presque jamais concrétisées, l’économie italienne est parmi les moins
performantes d’Europe, les crises des grands groupes (FIAT, Alitalia) et les
scandales financiers (Parmalat) ont miné la confiance du pays.
Cela s’est
traduit, lors des élections européennes du 13 juin 2004, par la première défaite
électorale de S.
Berlusconi depuis 1996.
Avec un taux de participation de 73,1
%, les Italiens ont adressé une sévère mise en garde au pouvoir : Forza Italia,
le parti fondé par le magnat de la télévision commerciale, n’a obtenu que 21 %
des voix contre 25 % aux européennes de 1999 et 29,2 % aux législatives de 2001.
En trois ans, il a perdu 4 millions de voix, que la gauche n’a pas su récupérer.
Les sondages et les politologues avaient pourtant mis en garde le président du
Conseil quant aux promesses non tenues (de la baisse des impôts, toujours
reportée, à la création de 1,5 million d’emplois), et aux trop nombreuses
réformes annoncées et demeurées bloquées au Parlement.
Par ailleurs, les crises
à répétition des grands groupes industriels ont frappé durement le pays et le
moral des habitants : FIAT, malgré ses efforts, n’était pas encore sortie du
marasme et la disparition d’Umberto Agnelli, dernier chef de la dynastie
turinoise emporté par un cancer le 27 mai 2004, suivie par la démission forcée
du directeur général de la société, Giuseppe Morchio, accentuait les craintes
quant à son avenir ; la compagnie aérienne Alitalia, au bord de la faillite, n’a
pu poursuivre son activité que grâce à l’intervention de l’État ; enfin, la
première entreprise agroalimentaire du pays, Parmalat, s’est trouvée au centre
d’un scandale sans précédent, avec la révélation d’un déficit de presque 15
milliards d’euros, tandis que ses dirigeants étaient poursuivis pour avoir
falsifié les bilans depuis des années.
Symbole d’un capitalisme familial capable
de bâtir des multinationales, Parmalat était devenue l’une des marques à
laquelle les Italiens s’identifiaient, parce que son succès était aussi le
succès du pays : de bons produits, une gestion qu’on croyait saine, en somme,
une société modèle.
La découverte des fraudes, l’énormité des chiffres révélée
par l’enquête ont provoqué un véritable choc, une perte de confiance dans les
milieux dirigeants.
Une économie «en panne»
Ces trois crises sont venues se greffer sur un panorama économique déprimé :
stagnation générale, inflation souvent supérieure à la moyenne de la Zone euro,
pouvoir d’achat des ménages en recul, conflits sociaux.
En 2004, la croissance
ne devait pas excéder 0,8 % et les prévisions pour 2005 évoquaient un très
modeste taux de 1,9 %.
Mais les problèmes structurels demeuraient encore bien
plus importants.
Depuis des lustres, le modèle économique italien reposait sur
quatre piliers : un tissu de petites et moyennes entreprises (PME) performantes
et innovantes, une main-d’ œuvre très qualifiée, les dévaluations «compétitives».
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