Italie (1992-1993): Un régime en dissolution
Publié le 17/09/2020
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Italie 1992-1993: Un régime en dissolution
D'aucuns ont parlé de "révolution italienne", d'autres contesté l'expression,
mais au-delà des polémiques de vocabulaire, une chose a semblé certaine: la
Péninsule a amorcé de manière laborieuse sa transition de la I à la IIe
République.
Le processus, sans précédent, a jeté le pays dans l'angoisse et
attisé les passions.
La "partitocratie" a ainsi été balayée par les innombrables
enquêtes judiciaires qui ont révélé l'ampleur de la corruption endémique du
système.
Les référendums du 18 avril 1993, qui ont appelé les Italiens à se
prononcer sur des sujets aussi différents que la réforme électorale du Sénat, la
suppression de certains ministères ou la dépénalisation de l'usage de la drogue,
ont marqué un tournant: le pays, à une écrasante majorité, a réclamé l'adoption
d'un mode de scrutin majoritaire, indispensable pour mettre un terme à la I
République; la situation économique a exigé de nombreux sacrifices pour réduire
le déficit public et mettre à profit la dévaluation de la lire.
Pour l'Italie a commencé l'expérience d'un phénomène pratiquement inédit en
temps de paix: la dissolution d'un "régime" (terme controversé, lui aussi).
Le
système, né après la guerre - qui a instauré la proportionnelle, fermé la porte
à l'alternance face à une démocratie-chrétienne toute-puissante et exclu,
pareillement, l'opposition (dont le Parti communiste avait l'hégémonie) de la
gestion des affaires - s'est littéralement effondré.
La fin du communisme
soviétique et de la confrontation des deux blocs a miné le système à la base,
affaiblissant alors le pouvoir politique, ce qui a laissé le champ libre aux
magistrats.
L'enquête "mains propres", lancée à Milan le 17 février 1992, qui a
fait tache d'huile dans tout le pays, a donné le coup de grâce à un système
chancelant.
Les juges, avec une détermination impensable quelques années plus
tôt, ont mis au jour la corruption généralisée du système des partis.
Les liens entre pègre et classe politique
Ils ont en effet réussi à prouver la dégénérescence d'un système où la
corruption des hommes politiques reposait sur la complicité d'hommes d'affaires
qui acceptaient de se faire rançonner pour rafler d'appétissants marchés
publics.
L'arrestation de certains des principaux chefs de file de l'industrie
et de la finance - parmi lesquels les présidents des deux grands holdings
d'État, l'ENI (Office national des hydrocarbures) et l'IRI (Institut pour la
reconstruction industrielle), et certains hauts dirigeants du plus puissant
groupe italien, Fiat - a permis aux juges de reconstruire en partie la carte de
la corruption.
Les conséquences en ont parfois été dramatiques: suicide à la fin
du mois de juillet de Gabriele Cagliari (à la tête de l'ENI) et de Raul Gardini,
l'un des hommes symbole des années quatre-vingt.
En l'espace de quelques mois, de nombreux parlementaires italiens (10%) ont été
placés sous enquête judiciaire, parmi lesquels d'éminentes personnalités comme
Bettino Craxi, ancien président du Conseil et ex-secrétaire du Parti socialiste,
seul maître à bord jusqu'en 1992, puis devenu l'incarnation suprême de la
corruption.
En avril 1993, la Chambre des députés a refusé de lever son immunité
parlementaire alors qu'il était sous le coup de chefs d'inculpation des plus
graves.
La décision du Parlement, interprétée comme une auto-absolution, a.
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