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Iran (1980-1981) Khomeiny, le pilier dans la tourmente

Publié le 16/09/2020

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Nom officiellement pris par la Perse en 1935. Au sens strict du mot, la Perse est le pays où s'installèrent les Perses vers le VIIIe s. av. J.-C., c'est-à-dire l'actuel Fars, qu'on appelait dans l'Antiquité Anshan ou Persis (Perside). Ce pays, situé sur la rive septentrionale du golfe Persique, se trouvait au S.-E. de la Médie et à l'E. de la Susiane. Sa ville la plus ancienne était Pasargades, qui, à partir de Darius Ier, fut supplantée par la nouvelle ville de Parsa (pour les Grecs, Persépolis). Le peuple perse ayant dominé à partir du VIe s. av. J.-C. tout le plateau iranien, l'histoire perse est, dans son acception classique, l'histoire des empires et des États qui se sont succédé en Iran. • La fondation de l'empire des Achéménides • L'empire de Darius • Déclin de l'Empire achéménide • L'époque hellénistique et les Parthes arsacides (330 av./224 apr. J.-C.) • L'empire des Sassanides (224/651) • La Perse sous les Arabes, les Turcs et les Mongols (651/1501) • La Perse séfévide (1501/1736) • De la chute des Séfévides à la révolution nationale (1736/1921) • La naissance de l'Iran moderne (1921/60) • Des années 1960 à la révolution khomeyniste • L'Iran depuis 1989 La fondation de l'empire des Achéménides L'histoire perse commence avec les peuples montagnards établis au S.-O. de l'Iran, dans les chaînes du Zagros, les Élamites (v. ÉLAM), les Goutis et les Kassites. Au cours des IIIe/IIe millénaires, ces peuples furent en lutte avec les diverses puissances qui exercèrent successivement l'hégémonie en Mésopotamie ; ils faisaient peser une menace permanente sur le trafic terrestre entre le Proche-Orient et l'Asie centrale. À la fin du IIe millénaire, de nouveaux peuples, de langue indo-européenne, pénétrèrent en Iran. Ils étaient divisés en plusieurs peuples - les principaux étaient ceux des Mèdes et des Perses -, et ces peuples eux-mêmes étaient composées de multiples clans. D'après Hérodote, l'unification de la Médie (v.) aurait eu lieu au début du VIIe s. av. J.-C., sous la direction de Déjocès ; ce fait se situe plutôt au milieu du même siècle, en relation avec la poussée assyrienne sous le règne d'Assarhaddon (680/69). Sous Phraorte (vers 675/53), les Mèdes s'unirent vainement contre l'Assyrie avec les Cimmériens et les Mannéens. Soumis aux Scythes vers 653, les Mèdes s'émancipèrent sous Cyaxare Ier (vers 625/585), qui unifia sous son autorité les diverses tribus iraniennes et bâtit un empire ; les Perses, installés au VIIIe s. dans la région aujourd'hui appelée Fars, passèrent sous la domination mède. Vers 555, Cyrus, roi d'Anshan, groupa autour de lui les Perses et les souleva contre le roi des Mèdes, Astyage ; vainqueur de ce dernier, il réunit sous son sceptre Perses et Mèdes (550). Reprenant la politique assyrienne d'hégémonie, Cyrus, en moins de vingt ans, mena la conquête de tout l'Orient ancien. En 546, après une campagne de seize jours au cours de laquelle les chameaux firent une apparition foudroyante sur le champ de bataille, la monarchie de Lydie s'effondra : Crésus prisonnier, l'Asie Mineure conquise par les Perses, les cités grecques des rives de l'Égée firent leur soumission à Cyrus. Ce dernier assura ensuite ses frontières en haute Asie et parvint jusqu'à l'Iaxarte (auj. le Syr-Daria). Se retournant alors vers l'ouest, il fit irruption, au printemps 539, dans la plaine de Mésopotamie et s'empara de Babylone presque sans combat. Quand Cyrus mourut, en 530 av. J.-C., il ne subsistait plus, en face de l'Empire perse, qu'un seul des grands États qui avaient dominé depuis deux millénaires l'histoire de l'Orient - c'était l'Égypte. Sa conquête fut réalisée par le fils de Cyrus, Cambyse (530/22) ; la domination perse s'étendit jusqu'en Thébaïde au sud et jusqu'en Cyrénaïque à l'ouest. Les Achéménides - nom de la dynastie de Cyrus - avaient ainsi fondé le plus grand empire que le monde oriental et méditerranéen eût connu jusqu'alors. 000200000C2D00000F4A C27,L'empire de Darius S'il faut en croire Hérodote et les historiens grecs, le fils de Cyrus, Cambyse, était un dangereux dément qui aurait commis en Égypte les pires violences, tourné en dérision la religion égyptienne et blessé à mort le bœuf Apis. À sa mort (522), des troubles éclatèrent. En Perse, les grands de la cour, ainsi que certains religieux, essayèrent de s'emparer du pouvoir ; plusieurs provinces furent en proie à des révoltes anarchiques. Mais Darius Ier (521/486), d'une branche collatérale des Achéménides, rétablit l'ordre dans l'Empire et donna à celui-ci sa plus grande extension territoriale : à l'E., il atteignit l'Indus (vers 512) ; du côté de l'Occident, il mena à partir de 513, sur le Bosphore et sur le Danube inférieur, des campagnes contre les Scythes qui aboutirent à l'annexion de la Thrace et à l'établissement d'un protectorat sur la Macédoine. D'après Hérodote, l'empire de Darius comprenait vingt gouvernements ou satrapies. L'œuvre d'organisation menée par Darius Ier fut considérable. Monarchie centralisée, l'Empire perse, comme tous les empires orientaux qui l'avaient précédé, reposait sur une base religieuse. Le souverain achéménide se réclamait du dieu suprême des Perses, Ahura Mazda, mais il se considérait également comme l'héritier de toutes les grandes traditions religieuses des peuples soumis : Amon-Rê l'avait investi en Égypte comme le dieu Mardouk à Babylone. Son autorité était pénétrée d'un souci ardent de droiture et de justice, lequel tenait à la morale particulièrement exigeante de la religion iranienne épurée par Zoroastre (v.) (VIIe/VIe s.). La morale s'accordait d'ailleurs à l'intérêt politique : pour maintenir une domination durable sur un immense empire multi-ethnique, les monarques achéménides firent preuve de bienveillance à l'égard des peuples vaincus et annexés. L'élément perse, à qui des terres furent distribuées dans tout l'Empire, restait pourtant le ciment de la construction impériale. Dans l'Orient tout entier, la domination perse introduisit une unité administrative nouvelle ; elle répandit l'usage de la monnaie, inventé par les Lydiens ; elle unifia les poids et mesures, en prenant pour base l'étalon babylonien ; elle développa un système de routes dont l'axe principal était la grande route royale qui reliait Suse à Sardes, d'où les marchandises amenées d'Asie se répandaient vers le monde égéen. En fait, presque toutes les royautés sujettes avaient disparu ; mais à la fin du Ve s., les Dix Mille, au cours de leur fameuse retraite à travers l'Arménie et la Cappadoce, virent que la plupart des peuples qu'ils rencontraient jouissaient d'une indépendance de fait au sein de l'Empire. L'administration impériale se contentait de percevoir le tribut, d'exercer la haute justice, elle ne s'immisçait pas dans les affaires locales. Les satrapes provinciaux étaient assistés de leur propre cour, où, à côté de Perses, siégeaient des notables de tous les peuples sujets, Babyloniens, Juifs, Phéniciens, Égyptiens, Grecs. Les traditions religieuses, les institutions locales, les coutumes populaires avaient été respectées. 000200000E7700001B71 E71,Déclin de l'Empire achéménide Le déclenchement de la lutte contre les Grecs fut d'abord le fait des villes grecques d'Ionie, qui se révoltèrent en 499. Darius réprima ce soulèvement en rasant Milet (494), et assura le retour à l'ordre en cessant d'accorder son soutien aux tyrans et en reconnaissant les gouvernements « démocratiques » issus des nouveaux rapports de force internes aux cités. Mais la révolte des Ioniens, ainsi que l'aide que leur avaient accordée Athènes et Érétrie, avait relancé chez les souverains achéménides l'idée d'une grande politique égéenne. Ce fut l'origine des guerres médiques (v.). La paix de Callias (449) rétablissait le statu quo en Asie Mineure, où le principe de l'autonomie des cités ioniennes pouvait être utilisé autant contre l'impérialisme athénien que contre la domination perse. Les satrapes d'Asie Mineure ne se firent pas faute, d'ailleurs, d'intervenir dans les affaires intérieures de ces cités. En revanche, les manœuvres athéniennes n'avaient pu détacher l'Égypte et Chypre de l'Empire. Pendant la guerre du Péloponnèse (v. ATHÈNES), la diplomatie perse, négociant habilement son soutien financier (« l'or du Roi »), exploita les discordes des Grecs pour reconquérir les positions perdues en mer Égée. L'alliance de Darius II Ochos (424/05) avec Sparte contribua à la défaite athénienne de 404. Puis Artaxerxès II (404/359) soutint les adversaires de Sparte : la flotte perse, sous le commandement de l'Athénien Conon, infligea à la flotte spartiate la défaite de Cnide (394), et la Grèce, épuisée par ses luttes intestines, dut signer la paix d'Antalcidas ou « paix du Roi », qui reconnaissait à l'Empire perse la possession des cités d'Asie et faisait du Grand Roi l'arbitre des affaires grecques (386). Les objectifs de Darius Ier et de Xerxès étaient donc atteints. Cependant, dès la mort de Darius Ier (486), de dangereuses révoltes avaient éclaté en Égypte et à Babylone. La monarchie achéménide était héréditaire, mais aucune règle ne régissait la succession ; bien que le roi choisît à son gré son successeur parmi ses fils, les compétitions pour le pouvoir n'en demeuraient pas moins acharnées. Xerxès Ier fut assassiné par son capitaine des gardes (465) ; son petit-fils, Xerxès II, fut tué lui aussi, après quarante-cinq jours de règne (424). À la mort de Darius II (405), s'ouvrit une crise de succession qui ébranla tout l'Empire : Cyrus le Jeune se révolta contre son frère aîné, Artaxerxès II ; il recruta 10 000 mercenaires grecs et affronta son frère à la bataille de Cunaxa qu'il remporta mais où il trouva la mort (401) (v. DIX MILLE, retraite des). Au IVe siècle, les luttes dynastiques ont poussé les gouverneurs de province, les satrapes, à mener une politique personnelle, en utilisant les troupes placées sous leurs ordres et le tribut qu'ils étaient chargés de lever pour le roi. Un ultime redressement de l'autorité impériale eut lieu avec Artaxerxès III (358/38) ; en 341, il mit fin à la sécession de l'Égypte, qui durait depuis près de soixante-dix ans, avant de succomber à son tour dans une révolution de palais, au moment même ou Philippe de Macédoine réalisait l'unité de la Grèce et donnait à celle-ci comme grand dessein extérieur la lutte contre les « Barbares », l'expansion de l'hellénisme en Asie. Le trône des Achéménides, à la veille de cet affrontement décisif, était sous la tutelle de l'eunuque Bagoas, qui, après avoir empoisonné Artaxerxès III et son fils Arsès, installa Darius III Codoman (335/30). Attaqué au printemps 334 par Alexandre, Darius III fut vaincu à Issos (333) et à Arbèles (331), avant de finir tristement, abandonné de ses derniers fidèles et assassiné par un de ses satrapes (330). 0002000011FB000029E2 11F4,L'époque hellénistique et les Parthes arsacides (330 av./224 apr. J.-C.) Alexandre le Grand, qui châtia les meurtriers de Darius III et fit rendre les honneurs funèbres au souverain, se comporta comme l'héritier légitime des Achéménides. Après les divers partages qui intervinrent entre les diadoques (généraux d'Alexandre), l'Iran revint aux Séleucides (v.). À partir de 250 av. J.-C. environ, la domination des Séleucides se trouva battue en brèche, en Iran oriental, sur les rives méridionales de la Caspienne, par l'installation d'une tribu indo-iranienne, celle des Parthes (v. PARTHIE), gouvernée par la dynastie des Arsacides. Après la victoire romaine sur les Séleucides (traité d'Apamée, 188), les Parthes se rendirent complètement indépendants. Au cours du IIe s. av. J.-C., ils s'étendirent progressivement au détriment de l'Empire séleucide, auquel ils arrachèrent non seulement tout l'Iran, mais aussi la Babylonie, installant leur capitale sur le Tigre, en face de Séleucie, à Ctésiphon. Le Séleucide Antiochos VII tenta de reconquérir la Babylonie, mais ses troupes furent écrasées par le roi arsacide Phraate II (129). Ainsi, deux siècles après la chute des Achéménides, un empire s'était reconstitué à partir de la Perse. Moins vaste que celui de Darius, il s'étendait de l'Afghanistan actuel à l'Euphrate et contrôlait toutes les voies commerciales de l'Occident vers les Indes et l'Extrême-Orient. Devenus maîtres du Proche-Orient, les Romains tentèrent vainement de dépasser la frontière de l'Euphrate (défaite de Crassus à Carrhae en 53 av. J.-C.). L'Euphrate resta donc la limite entre le monde occidental et l'Orient. En 224, la dynastie arsacide fut renversée par une autre dynastie iranienne originaire de la Perse propre (Fars), comme les Achéménides, celle des Sassanides. L'empire des Sassanides (224/651) La dynastie des Sassanides, qui avait pour ancêtre éponyme le prêtre Sassan, fut fondée par Ardachir Ier (vers 224/41). Devenu maître du Fars, Ardachir vainquit et tua le dernier roi arsacide, Artaban IV, à la bataille d'Ormizdaghan, en Susiane (224). À la différence des Arsacides philhellènes, les Sassanides combattirent l'influence culturelle hellénistique en restaurant les traditions de l'Empire achéménide. Leur monarchie centralisée trouva son unité religieuse dans le mazdéisme, dont les livres sacrés, l'Avesta, furent la base du droit et de la vie sociale. Cette réaction se manifesta jusque dans l'art sassanide, qui reprit les thèmes et le style de l'ancien art achéménide. Le roi, investi par le dieu suprême, Ahura Mazda, s'appuyait sur un clergé d'État qui jouissait de nombreux privilèges (exemption d'impôt foncier et de service militaire). Le mazdéisme, sans toutefois exercer de prosélytisme hors des frontières, devint la religion exclusive de l'Empire. Les autres tendances (manichéisme, (v.), mazdakisme) furent sévèrement réprimées. Les chrétiens (notamment les Arméniens) subirent aussi des persécutions, mais les rois sassanides encouragèrent la secte monophysite des nestoriens, pour faire pièce à Byzance. Les Sassanides bénéficièrent initialement de l'affaiblissement des Empires romain et chinois. Quand il abandonna le pouvoir (241), Ardachir, le fondateur de la dynastie, laissait un empire qui s'étendait de l'Euphrate aux abords de l'Indus. Pour s'assurer la maîtrise complète des routes commerciales entre la Méditerranée et l'Asie intérieure (Indes et Chine), les Sassanides menèrent une double lutte, à l'O. contre Rome puis Byzance, à l'E. contre les Kouchans puis contre les nomades de l'Asie centrale, Huns et Turcs. Sapor (ou Shapour) Ier (241/72) se fit reconnaître par l'empereur romain Philippe l'Arabe la possession de la Mésopotamie et de l'Arménie ; il prit le titre de « roi des rois de l'Iran et de l'Iran extérieur ». En 260, près d'Édesse, il écrasa les armées romaines et fit prisonnier l'empereur Valérien. À l'E., l'empire des Kouchans s'émietta rapidement sous la pression des Sassanides. La conversion de Constantin donna une vigueur accrue à la lutte de Rome contre la Perse, où les chrétiens étaient persécutés (à partir de 337). Sapor/Shapour II (310/79), rouvrit d'ailleurs les hostilités contre Rome, et Julien l'Apostat trouva la mort au cours d'une campagne contre les Perses (363). Cette première phase de la lutte se termina sans décision : les Sassanides restaient maîtres de la Mésopotamie sans avoir atteint les rivages méditerranéens ; l'Arménie, clef du trafic de la mer Noire vers l'Asie, fut partagée à la fin du IVe s., sous Théodose le Grand, en deux zones d'influence, romaine et perse. 000200000CDF00003BD6 CD9,Au cours du Ve s., l'Empire sassanide traversa une série de crises intérieures, souvent aggravées par l'intransigeance de la politique religieuse. Yazdgard Ier (399/421), comme ses prédécesseurs Sapor/Shapour III et Vahram IV, se montra très tolérant à l'égard des chrétiens et des Juifs. Mais il fut assassiné, et son successeur, Vahram V (421/38), revint à la politique des persécutions. L'Empire romain d'Orient, victorieux dans une nouvelle guerre, lui imposa, en 422, d'accorder la liberté de culte aux chrétiens. Cependant, Yazdgard II (438/57) déporta en Iran les chefs des grandes familles arméniennes qu'il n'avait pu convertir. Sur le plan extérieur, les campagnes menées par Péroz (459/84) aux frontières orientales contre les Huns Hephthalites se terminèrent par un désastre. Sous Kavadh Ier (488/531), le roi se trouva aux prises avec la rébellion des grandes familles ; pour briser la noblesse, Kavadh encouragea le mouvement social des mazdakistes, mais il fut renversé et ne put reconquérir son trône qu'avec l'aide des Huns Hephthalites (vers 498/99). Il procéda alors à un massacre général des mazdakistes (vers 529). Le redressement du pouvoir royal se poursuivit sous Chosroès Ier (531/79) (v.) qui fut presque exactement le contemporain de l'empereur byzantin Justinien. Chosroès acquit une réputation de souverain éclairé en accueillant les derniers philosophes grecs chassés d'Athènes. Les Perses mirent Antioche à sac et déportèrent la population de la ville à Ctésiphon, mais la puissance byzantine les empêcha une fois de plus de se maintenir sur la Méditerranée. Les Sassanides avaient le désavantage de devoir lutter sur deux fronts ; avec l'aide des Turcs, Chosroès remporta sur les Huns Hephthalites des victoires décisives et réannexa la Bactriane. Les Sassanides voulaient s'assurer également le contrôle des routes maritimes vers les Indes. Leur influence s'exerça jusqu'en mer Rouge : en 575, ils chassèrent les Éthiopiens du Yémen, qui resta une satrapie perse pendant plus de cinquante ans. Sous Chosroès II (590/628), l'Empire atteignit son apogée, suivi d'un rapide déclin. Profitant de l'assassinat de l'empereur byzantin Maurice (602), Chosroès rouvrit les hostilités à l'O. Les armées perses occupèrent la totalité de l'Arménie, Édesse, Césarée de Cappadoce et atteignirent le Bosphore (610) ; arrêté par la mer, Chosroès se retourna vers la Syrie, conquit Antioche (611), Damas (613), puis entra dans Jérusalem (614). La ville fut pillée pendant trois jours, des milliers de chrétiens furent massacrés et les Perses emmenèrent à Ctésiphon les reliques de la Croix. En 619, l'Égypte était occupée à son tour. Cette fois, l'empire de Darius était rétabli dans son intégrité, mais Byzance se ressaisit, sous la conduite d'Héraclius. Dès 628, les Byzantins avaient reconquis toutes les provinces perdues, Ctésiphon était assiégée par les armées chrétiennes et Chosroès, en fuite, assassiné par son fils. L'Empire sassanide, épuisé, réduit en tutelle par Byzance, fut incapable de résister à l'invasion arabe. Celle-ci commença en 634, et le destin des Sassanides fut scellé en 637 par la défaite de Kadisiya, près de l'Euphrate. Séleucie et Ctésiphon tombèrent aux mains des Arabes. Les troupes perses furent définitivement vaincues à Néhavend (642). 000200000CFE000048AF CF8,La Perse sous les Arabes, les Turcs et les Mongols (651/1501) La conquête de la Perse par les Arabes entraîna sa conversion à l'islam. Le mazdéisme zoroastrien, qui, à la fin de l'époque sassanide, végétait dans le confort de la protection officielle et la rigidité d'un ritualisme de plus en plus vide et tracassier, fut complètement éliminé en trois siècles et ne conserva, en dehors des parsis émigrés en Inde, que quelques milliers de fidèles, réduits à une condition misérable, les guèbres. Les Arabes - comme dans presque toutes leurs conquêtes - se montrèrent tolérants à l'égard des coutumes locales et des institutions persanes. Les traditions légendaires ne furent pas anéanties mais transposées dans l'esprit musulman. Contre le paiement d'un tribut, la noblesse conserva ses terres et ses privilèges. L'esprit national persan, qui se maintint surtout dans la province orientale du Khorassan, trouva le moyen d'affirmer son individualité au sein de l'islam en se ralliant à la doctrine dissidente des chiites. Le Khorassan fut un foyer d'opposition au califat omeyyade. Soulevée par un remarquable agitateur, Abou-Mouslim, cette province joua un rôle déterminant dans le renversement des Omeyyades par les Abbassides (750). Les Persans exercèrent une influence considérable dans toute l'histoire de cette dynastie califale. La capitale fut transférée de Damas à Bagdad, construite près de l'antique Ctésiphon. Le califat abbasside reprit non seulement les traditions administratives de la monarchie sassanide, mais aussi l'étiquette de cour et même les costumes persans. Ce qui n'était encore qu'une civilisation arabe devint, grâce aux Persans, une civilisation musulmane universelle. L'héritage antique et les apports de l'islam se conjuguèrent, à partir du Xe s., dans une admirable renaissance de la langue et de la poésie persanes. Mais cette unité de civilisation irano-arabe recouvrait un grand émiettement politique. Au cours du IXe s., après la mort de Haroun el-Rachid, la faiblesse du califat abbasside permit la création en Iran de dynasties pratiquement indépendantes : dans le Khorassan, les Tahirides, qui détenaient en outre le commandement de la garde des califes à Bagdad, réussirent à se maintenir de 821 à 873 ; dans le Séistan, l'agitation des extrémistes kharidjites et les terribles désordres qui l'accompagnèrent favorisèrent l'avènement des Saffarides, qui éliminèrent les Tahirides du Khorassan (873), avant d'être supplantés à leur tour par les Samanides (900), qui constituèrent la plus importante des dynasties persanes des IXe/Xe s. (vers 875/1000). Elle fut fondée par un noble de vieille famille persane qui, en 875, fut reconnu par le calife el-Moutamid comme gouverneur de la Transoxiane. Les Samanides annexèrent encore le Khorassan et le Mazandéran. Au Xe s., ils firent de leurs cités de Boukhara et de Samarkand des centres commerciaux très actifs, mais aussi des foyers d'art et de culture littéraire. Mais les Samanides, comme la plupart des princes musulmans de cette époque, firent entrer en nombre croissant dans leur armée des Turcs, qui, peu à peu, s'assurèrent des positions politiques clés. Un ancien officier des Samanides fonda en Afghanistan la maison des Ghaznévides, qui, avec Mahmoud de Ghazni (998/1030), devint la puissance dominante de l'Iran oriental. 000200000FE8000055A7 FE2,D'autres Turcs, les Seldjoukides, s'étaient installés à la fin du Xe s. en Transoxiane, dans les anciens États des Samanides. Le Seldjoukide Toghroul Beg (1038/63) fit la conquête de tout l'Iran, renversa à Bagdad la dynastie des maires du palais persans bouyides (1055) et s'installa à côté du calife abbasside comme son vicaire temporel. Ses successeurs Alp Arslan (1063/72) et Malik Chah (1072/92), reconstituèrent géographiquement l'ancien Empire perse en étendant leur domination sur la Syrie, l'Arménie et la plus grande partie de l'Asie Mineure. Constantinople se trouvait menacée, comme au temps de Chosroès II. Mais, après la mort de Malik chah, cet empire fut rapidement dissocié par les rivalités des princes seldjoukides et par les activités de la secte chiite des Assassins (v.). L'arrivée des Seldjoukides s'accompagna d'une forte immigration de tribus turkmènes nomades, et la belle civilisation fondée par les Sassanides acheva de décliner. Le coup de grâce lui fut porté par Gengis Khan et ses Mongols, qui, en 1221/22, saccagèrent Boukhara, Samarkand et les cités de l'Iran oriental. La domination mongole sur la Perse fut solidement établie par Houlègou, qui détruisit la puissance des Assassins (prise d'Alamout, 1256) et renversa le califat abbasside à Bagdad (1258). Les Ilkhans (dynastie de khans mongols établis en Perse) se maintinrent jusqu'en 1335 (v. MONGOLS). Après la mort du dernier descendant d'Houlègou, diverses dynasties provinciales se partagèrent la Perse. C'est alors que survint l'invasion de Tamerlan, plus effroyable encore que celle de Gengis Khan (1381/87). Les Timourides, descendants de Tamerlan, réussirent à se maintenir jusqu'au début du XVIe s. dans le Khorassan et en Transoxiane : alors que Tamerlan n'avait été qu'un destructeur, ils se laissèrent séduire par la civilisation persane, et leur capitale, Hérat, fut, durant tout le XVe s., le foyer d'une brillante renaissance (v. TIMOURIDES). En revanche, la Perse occidentale, dévastée et dépeuplée, était la proie des hordes turcomanes du Mouton-Noir et du Mouton-Blanc. Le salut vint d'une dynastie d'origine arabe, les Séfévides (v.). L'ascension de cette maison a été comparée à celle des Abbassides : les Séfévides avaient en effet constitué un ordre de soufis (d'où le nom de « grands sofis » de Perse que leur donnèrent plus tard les Européens), et ils menaient une active propagande religieuse en Perse et en Asie Mineure. Après la mort de son père, tué en 1488 en luttant contre les sunnites, le chef des Séfévides, Ismaïl, rassembla sous son commandement plusieurs tribus turques qui refusaient la domination ottomane. Il battit les dernières hordes du Mouton-Blanc, prit le titre de chah (1501) et, en peu de temps, se rendit maître de la plus grande partie de la Perse. La Perse séfévide (1501/1736) Chah Ismaïl unifia les tribus turkmènes et perses autour de la doctrine chiite, qui devint dès lors la religion et la seule forme officielle de l'islam persan. Les premiers Séfévides surent créer un véritable mysticisme politique qui entraîna leurs troupes contre les tenants du sunnisme. En 1510, Ismaïl enleva le Khorassan aux Ouzbeks, qui furent rejetés dans le Turkestan. Mais l'ennemi principal était l'Ottoman sunnite, qu'une guerre de religion allait opposer, pendant un siècle et demi, au Séfévide chiite. À la sanglante journée de Tchaldiran (1514), l'artillerie turque faucha la cavalerie persane, mais le sultan ottoman Sélim Ier n'exploita pas son avantage et la Perse put se relever. Cette guerre contre les Ottomans attira vers la Perse l'intérêt des puissances européennes. Sous Tahmasp Ier (1524/76), alors que Soliman le Magnifique, allié du roi de France, assiégeait Vienne, l'ambassadeur d'Autriche à Constantinople, Augier de Busbecq, pouvait écrire à son gouvernement : « La Perse seule nous sépare de la ruine ; ses guerres avec la Turquie nous donnent du répit. » Il en coûta à Tahmasp l'Irak et Bagdad, dont les Ottomans s'emparèrent en 1534, et la capitale persane, Tabriz, fut momentanément occupée par les troupes du sultan. 00020000101200006589 100B,La dynastie séfévide atteignit son apogée avec Chah Abbas Ier (1587/1629). Il imposa son autorité aux tribus turkmènes, qui constituaient jusqu'alors l'essentiel de l'armée, puis il procéda à une grande réorganisation militaire, formant un puissant corps de cavalerie (les Koullars ou Slaves, recrutés en fait parmi les populations caucasiennes), un corps de mousquetaires et une artillerie. Les Anglais, qui avaient cherché à nouer des relations commerciales avec les Séfévides dès 1561, envoyèrent à Abbas Ier, en 1599, deux conseillers remarquables, les frères Sherley, qui aidèrent le roi dans sa modernisation de l'armée. Il établit sa capitale à Ispahan, loin des menaces ottomanes, rejeta les Ouzbeks au-delà de l'Amou-Daria et reprit la guerre contre le sultan auquel il arracha momentanément la Mésopotamie (1623/38). Abbas donna une grande impulsion au commerce, accueillit les Arméniens chassés de Turquie ; il reprit Ormuz aux Portugais, mais accorda des privilèges aux compagnies anglaise et néerlandaise. Chah Abbas n'eut que des successeurs médiocres, Séfi (1629/42) et Abbas II (1642/67). Malgré leur déclin, les « grands sofis » de Perse firent belle figure aux yeux de l'étranger, durant les XVIIe/XVIIIe s. L'influence persane était toute-puissante à la cour des Grands Mogols de l'Inde ; des voyageurs français (Thévenot, Tavernier, Chardin) se rendirent en Perse et en ramenèrent des descriptions séduisantes. Un ambassadeur du chah visita la cour de Louis XIV, et le lointain royaume suscita en Europe de la curiosité et une mode dont les Lettres persanes (1721) de Montesquieu ont laissé un écho. Mais la monarchie séfévide vivait déjà ses dernières heures, attaquée à la fois par les sunnites turcs et afghans. En 1722, ces derniers s'avancèrent jusqu'à Ispahan. Un usurpateur afghan, l'émir Mir Mahmoud, monta sur le trône séfévide. Mais, en 1730, l'héritier légitime des Séfévides obtint le concours d'un chef de bande du Khorassan, Nadir, qui plaça sur le trône Tahmasp II. En fait, les derniers Séfévides ne furent que des fantoches entre les mains de Nadir. Au printemps 1736, Nadir succéda au Séfévide Abbas III et prit le nom de Nadir Chah. De la chute des Séfévides à la révolution nationale (1736/1921) Aventurier de génie, Nadir Chah (1736/47) rétablit un moment la grandeur persane par ses foudroyantes campagnes contre les Afghans (1738), en Inde (prise de Delhi, 1739) et contre Boukhara et Khiva (1740). Mais il se fit détester en Perse en se montrant tolérant pour le sunnisme et en gouvernant despotiquement. Il fut assassiné en 1747 et son empire ne lui survécut pas. L'Afghanistan recouvra son indépendance et la Perse sombra dans l'anarchie. En 1794, un chef de tribu des Turcs Kadjars, Aga Mohammed, réussit à s'imposer et fonda la dynastie des Kadjars, laquelle régna sur la Perse jusqu'en 1925. Dans les dernières années du XIXe s., la pénétration russe dans le Caucase commença à menacer la Perse. Aga Mohammed dut faire une campagne en Géorgie (1795) mais il fut assassiné par deux de ses serviteurs (1797). Sous le règne de son successeur, Fath Ali Chah (1797/1834), la Perse devint pour la première fois un enjeu de la rivalité des grandes puissances européennes. Au temps de l'alliance entre Bonaparte et le tsar Paul Ier, le passage d'une expédition franco-russe à travers la Perse, pour atteindre l'Inde anglaise, fut envisagé, et ce projet alarma fort le gouverneur général de l'Inde, Wellesley. L'assassinat de Paul Ier (1801) mit fin à l'éphémère coopération franco-russe, mais dès 1801, les Russes annexèrent la Géorgie, puis ils déclenchèrent les hostilités contre la Perse en 1804. N'ayant pu obtenir l'aide de l'Angleterre, Fath Ali se tourna vers Napoléon, qui envoya le colonel Fabvier réorganiser l'armée persane. Mais la France ne pouvait pas apporter beaucoup d'aide à son alliée trop lointaine. À la paix de Goulistan (1813), la Perse dut abandonner à la Russie la Géorgie, le Daghestan et Bakou. Après une nouvelle guerre (1826/28), les Russes arrachèrent encore à Fath Ali l'Arménie caucasienne, avec Érevan (traité de Turkmanchaï, 1828). 000200000C4B00007594 C45,La Perse essaya de trouver une compensation à ces pertes en se retournant contre l'Afghanistan, encouragée par la diplomatie du tsar, qui espérait s'assurer ainsi des positions commerciales et politiques aux portes mêmes de l'Inde anglaise. Aussitôt l'Angleterre signifia au faible Mohammed Chah (1834/48) qu'elle était résolue à préserver l'indépendance de l'Afghanistan et qu'elle regarderait toute expansion persane dans cette région comme un acte d'hostilité à son égard. À deux reprises, en 1837 et en 1857, les Persans, sous la pression britannique, durent renoncer à la prise d'Hérat. Mais Nasir ed-Din Chah (1848/96), la personnalité la plus marquante de la dynastie des Kadjars, avait entrepris la modernisation de son État. Son grand vizir Taghi Khan (qu'il fit exécuter mais dont il continua la politique) avait lutté énergiquement contre la corruption administrative et contre l'indiscipline de l'armée. Des écoles furent fondées et le chah envoya les jeunes Persans des meilleures familles faire leurs études en France. Des routes furent ouvertes, le télégraphe et le système postal firent leur apparition en Perse. Mais le règne du chah fut troublé par l'agitation religieuse et sociale du babisme (v.). L'opinion publique commençait à s'éveiller : en 1890, quand le chah, qui se trouvait en difficultés financières, voulut céder à une société anglaise le monopole des tabacs, un grand mouvement populaire persan, animé par les religieux, obligea le souverain à reculer. Après l'assassinat de Nasir ed-Din, ce mouvement s'amplifia encore sous Mouzaffar ed-Din (1896/1907). En 1905, en contrecoup de la révolution russe, deux grandes manifestations, l'une dans la ville sainte de Qom, au S. de Téhéran, l'autre dans les jardins de la légation britannique, obligèrent le chah à promulguer une Constitution : à la fin de 1906, le premier Parlement persan (majlis) entra en fonctions. Alors que le chah s'appuyait sur l'autocratie russe (il disposait d'une « brigade de Cosaques », principale force militaire du pays, encadrée par des officiers russes), c'est vers l'Angleterre que se tournaient les espoirs des libéraux. Aussi l'accord anglo-russe d'août 1907 fut-il une grosse déception pour les partisans de la Constitution : Anglais et Russes s'étaient partagé la Perse en zones d'influence et accordaient leur appui au chah. Celui-ci en profita aussitôt pour essayer de dissoudre le Parlement (déc. 1907). À cette menace répondit une révolution à la fois nationale et libérale, qui amena la déposition du chah et son remplacement par le jeune Ahmed Mirza, encore mineur (juill. 1909). Au lendemain de la Première Guerre mondiale (durant laquelle la Perse conserva sa neutralité), les Anglais, profitant de l'effacement de la Russie, essayèrent d'imposer au gouvernement persan un véritable traité de protectorat (accord du 9 août 1919, qui ne fut pas ratifié). Le pays se trouvait dans un état presque désespéré lorsque le chef de la brigade cosaque, Réza Khan, ardent nationaliste, s'allia avec le jeune politicien réformiste Ziya ed-Din Tabatabaï et, avec ses troupes, marcha sur la capitale, qu'il occupa le 21 févr. 1921. 000200000D26000081D9 D20,La naissance de l'Iran moderne (1921/60) Au bout de quelques mois, Réza Khan resta seul maître du pouvoir. Il renonça à instituer la république devant l'hostilité du clergé chiite. Déposant le dernier des Kadjars, il monta sur le trône à sa place (déc. 1925). Réza - désormais appelé Réza Chah (il adopta plus tard le nom dynastique de Pahlévi, qui rappelait l'ancienne grandeur perse) - fut le véritable fondateur de l'Iran moderne, et il joua dans son pays un rôle comparable à celui de Moustafa Kémal en Turquie. Il réorganisa l'armée et la justice, limita les privilèges du clergé, posa les bases d'une industrie nationale et commença, avec l'aide de techniciens américains et allemands, à donner à l'Iran un équipement moderne (chemin de fer transiranien, routes...). Sa politique extérieure, fondée sur la neutralité armée, fut inspirée par le seul dessein d'écarter les menaces d'intervention étrangère qui pesaient sur la Perse depuis le début du XIXe s. En 1928, il dénonça tous les traités d'exterritorialité ; en 1932, il révoqua unilatéralement la concession accordée à l'Anglo-Persian, et, l'année suivante, une nouvelle concession assura à la Perse d'importants avantages financiers. Cette modernisation s'accompagna d'un retour à l'esprit traditionnel de l'Iran (en 1935, la Perse reprit symboliquement le nom d'Iran). Poussé par le souci de l'intérêt de son pays et par ses sympathies personnelles, qui inclinaient vers l'Allemagne et vers les dictatures, il repoussa la demande faite en 1941 par l'Angleterre et l'URSS d'acheminer du matériel de guerre à travers l'Iran. Les troupes britanniques et soviétiques envahirent alors l'Iran (25 août 1941), et Réza Chah, après avoir abdiqué en faveur de son fils, Mohammed Réza Pahlévi, fut déporté en Afrique du Sud, où il mourut en 1944. Le nouveau souverain dut faire face à de nombreuses difficultés. L'URSS chercha à établir son hégémonie dans les provinces septentrionales et suscita, en 1945, un gouvernement sécessionniste en Azerbaïdjan. Sous la pression de l'ONU, les troupes soviétiques furent cependant évacuées (mai 1946), et la sécession définitivement brisée par le gouvernement de Téhéran. La concession pétrolière que Moscou avait arrachée au Premier ministre Ghavam es-Saltaneh souleva une telle opposition dans le pays que le Parlement refusa de la ratifier (oct. 1947). En mai 1951, le gouvernement Mossadegh décida la nationalisation de l'industrie pétrolière. La production pétrolière iranienne était passée de 83 000 t en 1913 (première année d'exploitation) à 7,2 millions de tonnes en 1933, puis à 27,2 millions de tonnes en 1949. Cette augmentation très rapide encourageait les illusions de Mossadegh, qui, refusant l'offre de l'Anglo-Iranian de partager désormais par moitié les profits pétroliers, alla jusqu'à rompre les relations diplomatiques avec Londres (oct. 1952). Mais l'Iran ne possédait ni les techniciens capables de remplacer le personnel britannique de l'Anglo-Iranian ni les pétroliers nécessaires pour servir ses clients éventuels, découragés d'ailleurs par le risque de voir la marchandise confisquée par l'Angleterre. Abandonné par le chah Mohammed Réza Pahlévi, Mossadegh fut renversé par le coup d'État du général Zahedi (19 août 1953). La crise pétrolière fut résolue par l'accord du 19 sept. 1954 entre l'État iranien et un consortium international. 000200000CA400008EF9 C9E,Des années 1960 à la révolution khomeyniste Grâce aux revenus du pétrole, le chah engagea son pays dans une profonde transformation politique, économique et sociale. La distribution des terres appartenant à la Couronne et à l'État fut ordonnée en 1958. L'Iran était devenu le deuxième exportateur mondial de pétrole, juste derrière l'Arabie Saoudite. Le 24 mai 1973, par un nouvel accord avec le consortium pétrolier, l'Iran obtenait la maîtrise totale de la production du pétrole sur son territoire. Au début des années 1970, cette expansion économique se faisait dans le cadre d'un système politique autoritaire qui semblait avoir l'appui de la majorité de la population mais rencontrait une contestation violente dans certains milieux étudiants, intellectuels et religieux. Le gouvernement du chah soumettait les opposants à une répression sévère et, en mars 1975, décida la dissolution de tous les partis politiques et la création d'un parti unique, le Renouveau de l'Iran. La politique extérieure iranienne s'appuyait sur des forces armées considérables dotées de l'armement le plus moderne, acheté surtout aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Le chah et sa politique d'occidentalisation brutale furent très tôt contestés par les partisans d'un chiisme (v. ISLAM) bientôt incarné par l'ayatollah Khomeyni exilé en Irak depuis 1969. S'associant à une opposition politique de gauche, cette opposition religieuse cristallisa le rejet, par la société iranienne, d'un modèle social et politique répressif. Khomeyni organisa un véritable gouvernement révolutionnaire en exil. En 1978, de grandes émeutes secouèrent Tabriz, Qom et Téhéran. En déc., alors que les troubles avaient gagné les universités, des vagues de grèves paralysèrent les secteurs vitaux de l'économie. Le chah fit alors appel au modéré Chapour Bakhtiar pour tenter de contenir le processus révolutionnaire. Mais le retour de Khomeyni, le 1er févr. 1979, eut raison de cette ultime tentative : le 12 févr., Reza Chah Pahlévi s'exilait en Égypte. Le gouvernement révolutionnaire de Mehdi Bazargan fut lui-même très vite débordé par les « comités islamiques » et leurs tribunaux expéditifs. En nov., des étudiants extrémistes précipitèrent le cours des événements par une prise d'otages à l'encontre des diplomates américains de l'ambassade de Téhéran, qui dura un an et influa directement sur la victoire électorale de R. Reagan sur J. Carter, aux États-Unis. Entre-temps, un Conseil révolutionnaire islamique avait supplanté le gouvernement de M. Bazargan et organisé des élections (janv. 1980), qui firent de Bani Sadr, représentant de la gauche, le premier président de la République. En sept., l'armée irakienne attaquait l'Iran et provoquait une nouvelle radicalisation et la levée en masse de volontaires. Bani Sadr fut destitué par Khomeyni et, en oct., un nouveau président, Ali Khamenei, était élu. Une violente répression frappa dès lors les mouvements non exclusivement islamistes : Moudjahidins du peuple (extrême gauche), puis opposition modérée, communistes prosoviétiques et Kurdes (v.) rebelles. En 1984, l'élection d'une Assemblée législative consacrait l'arrêt du processus révolutionnaire et la victoire de la tendance conservatrice du clergé. 0002000009F400009B97 9EE,Il fallut attendre 1988 et les premières grandes défaites de l'armée iranienne, qui n'avait plus de soldats à opposer aux Irakiens surarmés, pour que les Iraniens les plus pauvres, victimes de la guerre, fissent entendre leur voix : aux élections législatives d'avr./mai 1988, le clergé conservateur et les jusqu'au-boutistes de la guerre refluaient. L'Iran accepta le cessez-le-feu (19 juill.) proposé par l'ONU et l'ouverture de négociations. En févr. 1989, le chiisme, vaincu militairement, montrait l'étendue de son influence morale dans le monde islamique en lançant un anathème meurtrier, suivi d'importantes manifestations dans le monde entier, contre l'écrivain Salman Rushdie, auteur d'un livre jugé blasphématoire pour Mahomet, ce qui suscita une crise diplomatique majeure avec l'Europe occidentale. L'Iran depuis 1989 En juin 1989, la mort de l'imam Khomeyni ouvrit une lutte pour le pouvoir entre les fondamentalistes et les « pragmatiques ». Les plus modérés remportèrent une première victoire, en juill. 1989, avec l'élection à la présidence de la République de A. Rafsandjani, confirmé dans ses fonctions au scrutin de juin 1993. En 1997, le modéré Mohamad Khatami lui succéda. Quelques pas furent faits vers le pluralisme et la tolérance. Cependant, les entraves aux libertés fondamentales demeurent nombreuses, et l'arsenal répressif puissant. Alors qu'une partie de l'opinion publique, par la voix de vastes manifestations étudiantes (juill. 1999, juin 2003), continue de réclamer une libéralisation du régime, l'influence politique des conservateurs, sortis vainqueurs des élections municipales de févr. 2003, reste importante. Sur le plan extérieur, au début des années 1990, l'Iran, impliqué dans les affaires touchant à la dissémination nucléaire et condamné par l'ONU pour violation des droits de l'homme (1992), conservait une image défavorable. Ayant bénéficié de la signature d'une paix avantageuse avec l'Irak (août 1990), le régime de Téhéran resta neutre dans la seconde guerre du Golfe (v.). En 1998, les relations diplomatiques furent partiellement rétablies avec l'Occident quand les autorités iraniennes se désolidarisèrent officiellement des menaces de mort lancées contre l'écrivain britannique S. Rushdie. En 2003, l'Iran ne s'est pas non plus impliqué dans la guerre en Irak. La République islamique semble donc être parvenue à un relatif modus vivendi avec l'Occident, les États-Unis continuant toutefois d'afficher une extrême vigilance pour empêcher le pays de se doter d'armes de destruction massive.

« Iran 1980-1981 Khomeiny, le pilier dans la tourmente La victoire de l'insurrection de février 1979 a marqué l'effondrement d'un régime dictatorial, ainsi que l'échec d'un projet de transformation des moeurs, de la culture et de l'arrimage du pays aux économies occidentales.

C'est de la culture, donc de l'islam, qu'est venue la résistance.

Tout ce qui paraît s'opposer à l'islam est balayé comme antinational et antipopulaire, mais au-delà de cette revendication culturelle, il n'existe aucun projet cohérent de société, ni aucune force organisée capable de le porter. Produit et agent du soulèvement, devenu symbole de la victoire populaire sur le dictateur et sur l'étranger, Khomeiny est la seule référence politique stable de l'après-insurrection.

En apparence au moins, car la volonté d'établir durablement la république islamique exige de concilier des objectifs politiquement contradictoires. Il faut tout d'abord éviter l'éclatement du clergé, qui fournit l'encadrement politique du pays, et maintenir l'adhésion des couches défavorisées, qui ont été le fer de lance de la révolution.

L'islamisation des moeurs et des institutions, la mobilisation populaire contre l'Occident répondent à ce souci.

L'impulsion en vient du Parti de la république islamique de l'ayatollah Béhechti, en "coopération" avec le haut clergé, le gouvernement et avec l'appui des formations prosoviétiques.

Il est par ailleurs essentiel d'enrayer le processus d'affaiblissement national et, pour cela, de remettre l'économie sur pied, de relancer la production (le PNB a baissé de 24% en deux ans), de donner du travail à trois ou quatre millions de chômeurs.

Il faut aussi reconstituer une défense nationale fiable et, tout particulièrement, une armée qui, après avoir été décapitée par des épurations successives, a montré sa fragilité face à la résistance des autonomistes kurdes et face à l'attaque des divisions irakiennes. Or, le Bazar et l'armée font plutôt confiance au président de la République, Abol Hassan Banisadr, qui bénéficie également du soutien d'une bonne partie de la moyenne bourgeoisie marchande et intellectuelle. L'élan révolutionnaire s'éteint peu à peu, la crise est de plus en plus grave, et l'étranger tente de profiter de l'instabilité du pays.

En juin 1981, Banisadr est destitué et passe dans la clandestinité.

Quelques jours après, une bombe détruit le siège du PRI et tue la plupart des dirigeants de ce parti, dont l'ayatollah Béhechti.

L'Iran est au bord de la guerre civile.. »

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