Introduction à l'étude du droit
Publié le 15/11/2023
Extrait du document
«
Les fondements du droit constitutionnel
La politique, défini par Aristote comme « l’art de gouverner la cité », a été
encadré progressivement par le droit.il s’agissait de fixer les règles
fondamentales relatives au mode de gouvernement de la société politique, à
l’exercice du pouvoir de commandement et à l’organisation des rapports entre
les gouvernants et gouvernés.
Le droit constitutionnel, précisément, a pour objet l’encadrement juridique de la
création, de l’organisation et de l’expression du pouvoir politique.
La constitution désigne en effet l’ensemble des règles dont un ensemble
d’individus, désireux de former ensemble une société politique et acceptant de
se soumettre à une autorité commune, se dotent pour fonder leur projet politique,
assurer le bien vivre-ensemble et le respect de leurs libertés fondamentales.
Le pouvoir politique est exercé dans le cadre de l’Etat, paradigme classique
proposé pour l’étude du droit constitutionnel et de ses fondements et notions
principales (peuple, souveraineté, constitution, hiérarchie des normes,
démocratie, régime politique, parlement, gouvernement, justice, Etat de droit,
garantie des libertés…).
Cependant, de plus en plus, le pouvoir politique et la garantie des droits
fondamentaux s’exercent également au niveau supranational, dans le cadre
d’organisations internationales et régionales (exemple de l’Union européenne).
C’est pourquoi le droit constitutionnel tend à s’élargir aux règles européennes et
internationales d’essence constitutionnelle et à prendre en charge l’articulation
entre les différents ordres juridiques coexistant.
Enfin, alors que certains s’intéressent aux effets de la mondialisation sur le droit
constitutionnel, lui aussi soumis à un processus de « globalisation » (cf.
Théories
du constitutionnalisme global), d’autres s’interrogent sur la possibilité de penser
le droit constitutionnel sans l’Etat (voir par exemple les réflexions sur la
« constitutionnalisation de l’union européenne » ou sur l’émergence d’un
« ordre constitutionnel mondial ».
Depuis des siècles, l’État est le cadre privilégié de l’exercice du politique.
Il est,
dans la période contemporaine, la forme la plus répandue d’organisation des
sociétés humaines.
La création d’un État indépendant est, en effet, une
revendication prioritaire aux yeux des hommes, qui partageait le territoire, une
histoire ou des valeurs, forment un peuple d » séreux de maitriser son destin.
On
compte ainsi près de deux cents États à travers le monde.
Ce constat suscite quelques interrogations : quand et comment les États sont-ils
apparus ? pourquoi les hommes acceptent-ils de se soumettre à l’État et d’obéir
à ses lois ? quelles sont les caractéristiques permettant de reconnaître l’existence
d’un État ? quelles sont les différentes formes et modalités d’organisation de
l’État ?
Il existe plusieurs thèses permettant d’expliquer la naissance des États (1).
Quoi
qu’il en soit, pour que l’on puisse parler d’État, il faut que soient réunies trois
composantes invariables (2).
On verra ensuite que les États peuvent prendre
plusieurs formes (3).
Cette conception classique doit être aussi relativisée : l’État ne serait plus le
cadre unique d’appréhension et d’encadrement par le droit de l’exercice du
pouvoir politique.
Demeure-t-il la seule forme d’organisation des communautés humaines ? Quand
bien même l’État reste le cadre privilégié de l’exercice du pouvoir publique
encadré par la constitution, on verra que le droit constitutionnel peut désormais
être pensé en dehors de l’État, à la lumière de l’intégration européenne et des
effets de l’internationalisation et de la globalisation du droit (4).
SECTION 1 : LES ORIGINES DE L’ÉTAT
SOUS SECTION 1 : L’approche philosophique
Différentes thèses permettent d’expliquer l’apparition des États, parmi
lesquelles :
-celle, abstraite, qui voit la formation de l’État comme résultant d’une volonté
commune des hommes ;
- celle, plus réaliste, qui voit l’existence de l’État comme la conséquence
inéluctable du développement naturel de la société et des rapports de force qui
s’y exercent.
Dans le premier cas, l’État est choisi, dans le second, il est, en quelque sorte,
subi.
A/ L’État, produit d’un acte de volonté : le pacte social
Selon cette conception, la formation de l’État est le fruit d’un accord de volonté
des hommes, soucieux de mieux défendre leurs intérêts et de garantir les libertés
au sein de la société.
Ils s’associent de façon délibérée par une sorte de contrat
pour vivre ensemble et unir leurs droits.
La volonté est donc à la base du pacte
social, par lequel les hommes renoncent à l’état de nature pour constituer un
État, au sein duquel ils s’organisent en communauté politique et se soumettent à
un gouvernement commun.
L’idée d’un Contrat entre hommes, déjà évoquée par Platon, a été exposée, à
partir du XVIe siècle, par différents juristes et philosophes (Althusius, Grotius,
Spinoza, Pufendorf).
On retient le plus souvent la théorie de rousseau, qui voyait dans le contrat
social « une forme d’association qui défend et protège de toute la forme de la
commune la personne et les biens de chaque associé », et par laquelle « chacun,
s’unissant à tous, n’obéit pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre
auparavant ».
Mais d’autres théoriciens du contrat social l’ont précédé.
On
distingue ainsi la vision pessimiste de Hobbes, et l’approche plus optimiste de
rousseau et de Locke.
Les théories du contrat social
Thomas Hobbes
Le Léviathan (1651)
« L’accord entre les
hommes n’existe qu’en
vertu d’un pacte(…) ; un
pouvoir commun les
maintient dans la crainte
et dirige leur action vers
le bien commun(…) la
seule manière d’ériger
un pouvoir commune est
de transférer tout leur
pouvoir à un seul
John Locke
Essai
sur
gouvernement
civil(1690)
Jean-Jacques Rousseau
le Discours sur l’origine et
les
fondements
de
l’inégalité parmi les
hommes (1756)
Le contrat social (1762)
Extraits
« En
convenant
de
former
un
corps
politique soumis à un
gouvernement, chacun
s’engage, vis-à-vis de
chaque membre de cette
société, à se soumettre à
la décision de la
majorité
(…)
cette
délégation de pouvoir
résulte de la simple
« L’acte d’association
produit un corps moral
et collectif (…) cette
personne publique qui se
forme par l’union de
toutes
Les autres prenaient
autrefois le nom de Cité
et prend maintenant
celui de république ou
de
corps
politique,
homme ou à une
assemblée pour les
représenter(…) cela fait,
la multitude ainsi unie
en une seule personne
est appelée État ».
L’état de nature, c’est la
« guerre de chacun
contre chacun » , c'est-àdire la loi du plus fort,
car l’homme est un loup
pour
l’homme ».L’homme
n’y est donc pas en
sécurité.
L’homme a intérêt à se
soumettre à la contrainte
d’un souverain absolu,
l’État, qui assurera, par
la contrainte, la paix
social, renoncent à leur
liberté
naturelle
en
échange de la sûreté,
garantie par un État qui
les protège les uns des
autres.
Le pacte instaure un état
totalitaire.
Le citoyen est
protégé
contre
ses
voisins, mais au prix de
la contrainte d’un État
convention de former
une société politique,
qui constitue l’unique
contrat nécessaire pour
que
des
individus
entrent dans un État ou
en créent un nouveau ».
Caractéristiques de
l’état de nature
L’état de nature est un
état de parfaite liberté et
d’égalité.
Mais il ne
permet de garantir le
droit de propriété.
La
propriété est définie au
sens large : elle recouvre
la protection de la vie,
des libertés et des biens
des individus.
Objectifs du pacte
social fondateur de
l’État
Pour faire respecter les
droits et la propriété
d’un individu face aux
empiétements de ses
voisins, il faut des lois,
c'est-à-dire un pouvoir
politique, donc un État.
Entrer dans une société
politique et se soumettre
aux lois de l’État est
donc un moyen, pour les
hommes, d’améliorer la
protection
de
leurs
droits.
Type d’État instauré
Le pacte instaure un État
libéral.
Le
pouvoir
politique ne saurait
abuser de ses pouvoirs,
car le peuple a le droit
lequel est appelé par ses
membres État (…) les
associations
prennent
collectivement le nom
de peuple et s’appelle en
particulier
Citoyens
comme participant à
l’autorité souveraine ».
L’état de nature est un
état de liberté et
d’égalité.
C’est
la
société qui pervertit
l’homme, lorsque l’idée
de propriété engendre
l’inégalité.
À la société civile
inégalitaire, l’homme a
intérêt à substituer un
contrat permettant à
chacun d’être citoyen et
de participer à l’exercice
de la souveraineté.
La
société politique ainsi
créée est le fruit d’une
association
consentie
entre des hommes libres
et égaux.
Le pacte instaure un État
démocratique, au sein
duquel le peuple est
souverain,
caractérisé
par
l’égalité
entre
autoritaire, appelé le
« Léviathan », du nom
du
montre
marin
biblique qui, dans la
mythologie, dévore les
âmes.
de se rebeller si l’État,
ne protégeant pas ses
libertés, ne remplit pas
la fonction pour laquelle
il a été créé.
citoyens, le suffrage
universel et le concours
de tous à l’élaboration
de la loi, expression de
la volonté générale.
Ces théories ont en commun de concevoir l’État comme le produit d’une volonté
commune des hommes, qui concluent un pacte et consentent à remettre l’autorité
à un État, auquel ils se soumettront afin de voir garantis leur liberté, leur droit,
ou tout au moins la sécurité de leur personne et de leurs biens.
Abstraites, elles
se fondent sur un contrat imaginaire, que les hommes renouvelleraient
constamment et implicitement en acceptant de faire partie d’une société
politique organisée et d’obéir à ses....
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